1072 _ TRAVAUX DE L'ÉCOLE FRANÇAISE D'ATHÈNES EN 2003-2004
Programme d'analyses physico-chimiques de la céramique amathousienne archaïque
par Le programme d'analyses physico-chimiques de la céramique marque une nouvelle
Floréal Daniel étape dans la caractérisation de l'artisanat archaïque d'Amathonte, après l'étude typo¬ Sabine Fourrier chronologique de ses productions42. A l'époque archaïque, la céramique amathou-sienne se distingue par un certain nombre de traits, morphologiques et stylistiques, ainsi que par l'emploi de techniques décoratives qui lui sont propres et la rendent aisément identifiable43.
L'aspect matériel des vases offre, en revanche, une grande diversité. Toutes les qualités sont représentées, depuis des céramiques fines, sans presque de dégraissant visible à l'œil nu, jusqu'à des pâtes très grossières44 (fig. 65-66). Dans les mêmes séries typologiques, la couleur de la pâte est aussi bien à dominante verdâtre que rougeâtre.
Les travaux menés en 2003 et 2004 ont porté sur la caractérisation des pâtes, non pas tant pour éprouver l'origine locale des argiles que pour étudier les rapports entre matières premières, techniques de fabrication et séries céramiques et, partant, mieux appréhender l'organisation de l'artisanat amathousien. Cette problématique a suscité la définition d'un protocole analytique privilégiant l'usage croisé de plusieurs techniques plutôt que l'analyse globale d'un grand nombre d'objets. L'étape, fondamentale, de l'échantillonnage, a été motivée successivement par deux critères : le choix de tessons pertinents (du ressort de l'archéologue) et celui des zones représentatives à analyser pour chacun des tessons sélectionnés (du ressort du physicien-chimiste). De fait, l'étude des aspects techniques de la production céramique invite à recourir à une analyse détaillée du tesson, qui distingue soigneusement entre engobe et terre cuite, dégraissant et
42. BCH 127 (2003), p. 543-544. Les travaux sont menés dans le cadre d'une convention conclue entre l'École française d'Athènes et l'UMR 5060 du CNRS (CRPAA, Bordeaux). Un programme pluridisci¬ plinaire portant sur la céramique et le verre avait été lancé dès les premières années de fouilles de l'École française à Amathonte, sans doute trop prématurément. La méthode suivie par L. Courtois et Br.Velde est toutefois exemplaire et les résultats obtenus très intéressants : BCH 102 (1978), p. 969-971 ; 103 (1979), p. 750-755 ; 104 (1980), p. 818-822.
43. Pour un bilan sommaire, voir S. FOURRIER, «Vases archaïques d'Amathonte au musée du Louvre »,
CCEC 35 (2005), p. 55-76.
44. L'aspect grossier, «rustique », des pâtes amathousiennes, souligné depuis E. Gjerstad («Pottery Types, Cypro-Geometric to Cypro-Classical », OAth 3 [1960], p. 106), a conduit certains auteurs à supposer une origine étrangère pour des séries céramiques qui sont assurément locales, tant en raison de leur importance proportionnelle au sein des dépôts archaïques qu'à cause de leurs caractéristiques typolo¬ giques et stylistiques (ainsi pour les bols à paroi fine : I. Aghion, «Un dépôt de céramique archaïque chypriote dans le sanctuaire d'Aphrodite à Amathonte », BCH 108 [1984], p. 657).
BCH 128-129 (2004-2005)
