REMARQUES SUR LA COMPOSITION DU CONSEIL AMPHICT1ONIQUE (i)
La dernière étude d'ensemble sur l'Amphictionie pyléo-delphique remonte à 1877 (2). Depuis un demi-siècle ont été publiés, surtout en France, nombre d'ouvrages et d'articles qui couvrent les diverses parties de ce vaste sujet. Mais l'historien ne dispose pas d'un exposé complet qui tienne compte des découvertes nouvelles. Un volume auquel je travaille depuis plusieurs années tentera de combler cette lacune ; c'est une œuvre de longue haleine, qui n'a de sens que si elle se fonde sur des textes bien établis (3). Je détache ici quelques faits. Dans un domaine où l'érudition la plus menue (et elle seule, ou presque) alimente l'histoire, le lecteur risque de relâcher son attention ; rien n'est plus facile alors, au nom d'un bon sens superficiel et en négligeant une partie des données, que de lui arracher un consentement hâtif. Qu'on veuille bien nous pardonner des longueurs apparentes : seules elles permettent de déblayer le terrain, et peut-être de marquer un pas en avant sur un chemin hérissé de pièges (4). Nous avons
()) Le présent article reprend l'essentiel d'une communication faite à l'Association pour l'encouragement aux études grecques, à Paris, le 5 novembre 1956. Dans une introduction que je ne reproduis pas ici j'ai insisté, à l'aide de quelques exemples précis, sur l'importance des contacts et des échanges entre disciplines parfois spécialisées jusqu'à l'extrême ; en revanche il arrive trop souvent que, butinant au hasard dans des domaines qui lui sont étrangers, le chercheur croie trouver une indication ou une preuve là où il n'y a qu'une exception ou une anomalie. Seul l'ensemble des données littéraires, épigraphiques, archéologiques permet l'examen pondéré des problèmes historiques ; un recours sporadique à l'épigraphie est peut-être plus dangereux qu'une ignorance parfaite, car il dissimule l'erreur et l'arbitraire sous une apparence d'érudition. (2) II s'agit du livre de Heinrich Biirgel. Je suis dispensé de donner ici une bibliographie, même sommaire, par la publication prochaine d'une série de six conférences où l'on trouvera en appendice un choix bibliographique (Sather Classical Lectures, L'Amphictionie delphique, University of California Press, Berkeley and Los Angeles). (3) Voir, dans cet ordre d'idées, ci-après, p. 107, n. 3 et 4; 108, n. 2 ; 111, n. 1 ; 112, n. 1. (4) En veut-on un exemple ? Fritz R. Wust a consacré la meilleure part d'un article récent (Amphiklyonie, Eidgenossenschafl, Symmachie, dans Hisioria III, 1954/5, p. 129-153) au « développement de l'Amphictionie pyléo-delphique » (p. 129-143). Il y a là bien des hypothèses (et bien des fautes d'impression ; le barbarisme περιφορέες, pour περφερέες, choque
