Revue théologique de Louvain, 13, 1982, 387-424 Paul De Clerck

Célébrer la pénitence, ou la réconciliation?

Essai de discernement théologique à propos du nouveau Rituel

II y a souvent plus de richesse dans la conjonction des éléments que dans l'exclusion de l'un d'eux. On se souvient par exemple, pour rester dans le domaine des sacrements, du merveilleux titre donné à leurs études par trois professeurs louvanistes: L'Eucharistie, symbole et réalité1. Alors que depuis un millénaire ces deux substantifs étaient spontanément opposés, le choix de la conjonction et manifestait une rupture et une féconde nouveauté; elle permettait de surmonter de vieilles querelles et de dépasser des problèmes devenus faux.

Est-ce donc une raison de se réjouir à la lecture du nouvel Ordo Paenitentiae dont l'adaptation francophone s'intitule Célébrer la pénitence et la réconciliation2! La théologie de la pénitence s'y trouve-t-elle enrichie par l'apport d'un terme d'origine biblique dont les résonances sont fortes dans la culture contemporaine? Je ne le pense pas. Dans le cas, il me paraît que la conjonction des deux termes est fallacieuse, parce que superficielle. Loin d'être une synthèse riche, elle se présente comme la juxtaposition de deux visions non harmonisées, dont la première triomphe finalement de la seconde.

C'est à mettre en lumière ces incohérences - qui sont des inconséquences - que sont consacrées les pages suivantes. Elles commenceront par situer le nouveau Rituel dans la conjoncture présente, pour analyser ensuite plus précisément les difficultés et proposer un dépassement. Elles se veulent une contribution, humble mais décidée, à la recherche actuelle concernant un sacrement qui en a bien besoin.