Idée de Dieu et existence de Dieu

Réponse à une question

Dans le numéro cle février 1956 de cette revue (1> Monsieur le Professeur F. Grégoire a fait de notre ouvrage intitulé La preuve réelle de Dieu, Etude critique (2) un compte rendu développé et élogieux. Jugeant le sujet traité important, il a complété son exposé par une discussion serrée de certaines articulations de la preuve. Depuis des années son intérêt personnel se porte sur la manière dont la preuve de Dieu passe précisément à Y existence de l'Etre infini ; c'est donc sur ce passage qu'il interroge notre livre. Il estime la réponse intéressante et originale, mais, au total, insuffisante. Nous n'aurions finalement pas réussi, pour notre part, à prouver que Dieu existe, ou du moins — car c'était notre unique ambition — à justifier les démarches inhérentes à la preuve classique.

Dans cet article nous nous proposons de revenir à ses questions. Nous espérons avec lui que nos réponses permettront une meilleure intelligence de oe que nous avons voulu dire et surtout de Ja preuve de Dieu elle-même. Disons tout de suite que ces réponses sont sensiblement différentes de celles que M. Grégoire a cru discerner dans notre texte et, nous osons le présumer, plus satisfaisantes.

Les divergences, on s'en rendra compte, proviennent de ce que M. Grégoire voit la preuve de Dieu dans une tout autre perspective que nous, et c'est finalement d'une question de méthode qu'il s'agit. Nous croyons d'ailleurs que M. Grégoire le savait fort bien et que, s'il nous a imposé un point de vue qui n'était pas le nôtre, c'était pour nous obliger en quelque sorte à expliciter notre méthode et à faire saillir les articulations de la preuve. Cela ne pouvait, pensait-il à bon droit, que faire progresser ce débat capital sur l'existence de Dieu.