La preuve transcendante de Dieu

La preuve de l'existence de Dieu n'est pas une preuve comme une autre.

Toute autre preuve induit à partir de l'expérience ou déduit à partir de certains postulats, analyse des données ou construit avec les éléments simples qu'elle en a abstraits. La preuve de Dieu ne peut rien faire de ce genre, sinon à titre subsidiaire ; chaque fois qu'elle a voulu le faire quand même, elle s'est vue frappée d'impuissance. Toute autre science admet sans arrière-pensée la valeur représentative des concepts dont elle use, ces concepts fussent-ils aussi abstraits que ceux dont se servent les mathématiques. La preuve de Dieu ne peut se fier à aucune représentation, son plus grand souci est de nier de son objet tout élément représentable.

Mais aussi: toute autre preuve se contente d'établir une science de l'immanent, de systématiser notre savoir des êtres tels qu'ils se montrent et tels qu'ils nous apparaissent. La métaphysique, au contraire, la théodicée en particulier, prétend dépasser l'apparition des choses et pénétrer jusqu'en leur réalité propre et indépendante, jusqu'en leur en soi. Dieu transcende ce monde dont il est l'auteur: nous ne pouvons accéder à lui de plain-pied par les avenues mêmes qui s'ouvrent à nous vers le monde.

Qu'est-ce alors au juste qui caractérise en positif la preuve de l'existence de Dieu (1) ?

Notre réponse tient en un mot: c'est la transcendance.

Par opposition à immanent, nous appelons transcendant ce qui dépasse l'expérience (i'Erfahrung) entendue au sens kantien et positiviste du mot, l'expérience « empirique » et « expérimentale ».