VIII.

L'ÉTHIQUE ET LA PÉDAGOGIE MORALE DE FR. W. FOERSTER.

(Suite *).

Kant a écrit la « critique de la raison pure ». Pour réprimer les prétentions de l'individualisme en matière éthico-religieuse, notre époque, dit FÔrster, devrait écrire la « critique de la raison individuelle » 1).

Qu'est-ce à dire ?

Dans les sciences naturelles et dans les sciences historiques nous avons aujourd'hui des règles de la méthode fixant les moyens d'investigation et les sources d'erreur. On n'admet pas qu'un auteur qui, dans ces domaines du savoir, veut être pris au sérieux, s'abstienne d'étudier à fond son sujet ou néglige les travaux de ses prédécesseurs. Mais le domaine des questions morales et religieuses est, lui seul, livré à toutes les fantaisies. Chacun se croit autorisé, sans étude et sans expérience même, à édifier une théorie morale ou religieuse, comme s'il n'y était besoin que des facultés naturelles tout court, sans culture spéciale, sans apprentissage déterminé, sans aptitudes propres. Une réaction s'impose si l'on ne veut voir les problèmes essentiels de la vie devenir la proie du dilettantisme absolu. Cette réaction est fatale. Notre siècle de positivisme, d'expérimentation, d'induction devra bien reconnaître que les expériences fragmentaires et les lueurs indécises qui sont le lot de beaucoup, surtout dans l'agitation fiévreuse de notre temps, sont insuffisantes à fournir la solution de ces grands problèmes qui dominent toute notre vie.

Jl y a donc une question de compétence qui, d'après Fôrster, doit faire l'objet des prolégomènes de l'éthique. C'est ce qu'il appelle le problème critique de la morale. Il s'agit de savoir quelles sont les