1994] GROTTE DE KALAMAKIA 535

GROTTE DE KALAMAKIA (ARÉOPOLIS, PÉLOPONNÈSE)

par Henry de Lumley * et Andréas Darlas **

avec la collaboration de

Roger Anglada, Jean Cataliotti-Valdina, Emmanuel Desclaux, Michel Dubar,

Christophe Falguères, Bertrand Keraudren, Bertrand Lecervoisier, Brahim Mestour,

Josette Renault-Miskovsky, Katerina Trantalidou, Jean-Louis Vernet

La grotte de Kalamakia * est située au Sud du Péloponnèse, département de Laconie, province de Mani, sur le territoire de la commune d'Aréopolis, à 2 km au Nord-Ouest de la ville, sur le bord de la mer (fig. 1). Elle s'ouvre, à 2,30 m au-dessus du niveau de la mer, en contrebas du plateau d'Aréopolis, au pied d'une falaise rocheuse de 40 m de hauteur située au Sud de la baie de Liméni (Limenion) ou de Itylo (Itylon) (flg. 4-5), à l'entrée même de la baie, sur la côte occidentale du Mani, l'une des trois pointes méridionales du Péloponnèse, au Nord-Est du golfe de Messénie. Creusée dans les calcaires marmoréens, à globigérines, gris et gris-blanc, d'âge Crétacé supérieur-Éocène inférieur, elle fait partie d'un vaste réseau karstique qui s'ouvre, par une multitude de grottes et de galeries creusées selon plusieurs axes de diaclase, sur la falaise située en contrebas du plateau d'Aréopolis entre la baie de Liméni au Nord et la baie de Diros au Sud. La grotte d'Apidima, qui a livré à Th. Pitsios deux crânes d'hominidés fossiles (Pitsios 1979, 1983, 1985a et b, 1987 ; Coutselinis et al. 1991), est elle-même située, plus au Sud, au fond d'une crique, à environ 2200 m de la grotte de Kalamakia.

Pour accéder à la grotte de Kalamakia, il faut emprunter, à partir de la ville d'Aréopolis, la route de Kalamata, à forte pente, qui descend du plateau en se dirigeant vers le petit hameau de Liméni, installé dans la baie, au bord de la mer, et arrêter sa voiture à côté d'un petit cimetière et à proximité d'un phare. Le chemin se poursuit ensuite à pied, en longeant la côte, sur 800 m environ, en empruntant une surface d'abrasion pliocène reprise au Quaternaire, taillée par la mer, très accidentée, perforée de lithodomes, parfois recouverte par une plage de gros galets et surmontée en allant vers la falaise par des éboulis à gros cailloux emballés dans une matrice argileuse rouge.

1. — Historique des recherches

Cette grotte était fréquentée depuis très longtemps puisqu'elle servait de halte aux pêcheurs des villages voisins. Andréas Andreikos, un habitant d'Aréopolis, pressentit l'intérêt archéologique du site et invita, en mai 1981, l'un de nous, Andréas Darlas, qui y reconnut un remplissage continental quaternaire, superposé à une plage marine fossile. Il recueillit alors, dans les dépôts quaternaires, quelques pièces lithiques moustériennes et de la faune.

Ce site présentait un intérêt particulier par divers aspects : stratigraphie des formations quaternaires et étude des variations du niveau de la mer, présence d'une industrie moustérienne en place associée à de la faune pléistocène. Il fut alors décidé de monter un programme de recherches franco-grec pour effectuer des fouilles dans cette caverne. Le premier chantier de fouilles fut organisé du 28 juin au 3 août 1993, sous la direction-de H. de Lumley et A. Darlas, sous le patronage du Département d'Archéologie et d'Histoire de l'Art de l'Univer-