Les origines du célibat ecclésiastique d'après un ouvrage récent
Méthode
Je ne dirai pas que l'ouvrage de M. Gryson 1 se lit comme un roman policier; ce serait désobligeant pour un ouvrage d'une aussi haute tenue scientifique. Mais j'ose affirmer qu'entre sa méthode et celle du célèbre commissaire Maigret, il y a de singulières analogies. L'enquête est faite d'une analyse serrée, systématique, de tous les indices. L'auteur se méfie des hypothèses de travail ou des grandes théories, mais chaque témoin, chaque texte, chaque fait est analysé de telle sorte qu'une conclusion émerge du dossier, tout spontanément, sans la moindre sollicitation. Mon collègue a parfois des réflexes de professeur 2, voire de censeur 3, quand il s'agit de juger des interprétations ; mais dans la lente montée vers les conclusions de son livre, il s'efface devant le lecteur et lui demande de juger par lui-même sur pièces. Faisant le point des travaux publiés autrefois 4 et aujourd'hui sur ce problème, M. Gryson déclare (p. X) : « J'ai voulu, pour ma part, traiter pour elle-même la question des origines du célibat ecclésiastique, d'un point de vue strictement historique. La lecture de beaucoup de travaux, parmi ceux que je viens de mentionner, montre qu'on fausse à peu près inévitablement les perspectives quand on cherche par le biais d'une enquête historique un jugement sur la législation actuelle.
1 Roger Gryson, Les origines du célibat ecclésiastique (Coll. Recherches et Synthèses, Histoire, 2), Gembloux, Duculot, 1970. 240 p. 24 x 16. 300 FB.
2 On voit très bien tin professeur terminer un long exposé sur les infortunes conjugales d'un diacre par ces mots que les étudiants vont noter par manière de résumé : « Le diacre en question était donc marié » (op. cit., p. 4). Mais à la lecture, comme à la ville, il n'est pas besoin de préciser. On a tout de suite compris.
3 « Un pareil argument ne signifie rien du tout », lit-on p. 41. C'est très vrai d'ailleurs, mais on pouvait le dire avec Vunderstatement anglais.
4 M. Gryson rappelle comment Mgr A. de Roskovany termina en 1888 une bibliographie très complète sur le sujet. Il recensait déjà alors près de 7000 titres. De nos jours, il faudra sans doute recourir aux ordinateurs pour classer les publications consacrées au célibat. M. Gryson, qui, en ce domaine comme en d'autres, sait ce qu'il veut et le sait bien, a eu le mérite de choisir minutieusement la bibliographie qu'il donne à la fin du volume (p. 222-224).
