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THEODICEE ET ANTHROPOLOGIE

APRÈS AUSCHWITZ : LE DÉFI DE L'INHUMAIN EN THÉOLOGIE *

Depuis la fin du cauchemar concentrationnaire, la théologie s'est largement emparée de la thématique de la théodicée. Brusquement placée devant la shoah, elle n'a pu que prendre acte du fait que la question de Job est la principale question de la théologie d'après-guerre. Dieu, après Auschwitz est-il encore pensable ? Tout discours sur Dieu à Auschwitz n'est-il pas, d'emblée, blasphématoire ? Au contraire, le déchaînement de la monstruosité dans les camps d'extermination n'est-il pas la preuve que l'humanité sans Dieu est plongée dans la misère ? Devant la mort de millions de juifs, faut-il donner raison au mot de Stendhal : que la seule excuse de Dieu est de ne pas exister ? Qu'on ne s'y trompe pas : le malaise à parler de Dieu traduit le malaise à dire l'homme. Dans les camps ce ne sont pas seulement des hommes qui sont morts, mais une certaine idée de l'homme y a succombé. Reste un amas de ruines. Dans cette Trummerliteratur philosophique et théologique, il ne peut plus y avoir, désormais, que des lueurs, des bribes, comme si toute tentative de penser globalement l'homme à frais nouveaux réveillait le spectre du totalitarisme. Mais, inversement, devant les cendres de millions d'innocents, la problématique sort des conditions habituelles de l'élaboration philosophique ou théologique. La question de l'homme prend chair, et la question de Dieu aussi. Mais si le silence seul sied aux portes des camps de la mort, le théologien,