Une « psychologie reflexive » 269

UNE « PSYCHOLOGIE REFLEXIVE »

Le titre « Psychologie reflexive » de l'important ouvrage que vient de publier le R. P. André Marc (1), recouvre une matière beaucoup plus vaste que celle que contiennent habituellement les traités philosophiques de psychologie. L'avant-propos nous en avertit : « Si ce n'était pas ridicule après Kant, cet ouvrage s'intitulerait bien : Critique de la Raison Pure, car il veut être une critique de la connaissance, mais telle que grâce à elle il puisse être ce que n'est pas celui de Kant : une théorie positive de la volonté, de la liberté, puis du composé humain, une légitimation de la métaphysique » (p. 12). L'auteur s'est donc proposé de traiter largement les problèmes généraux d'épistémologie et de critique, tout en étudiant la faculté de connaître dans sa structure ontologique, la volonté dans sa propriété essentielle, la liberté, la nature humaine dans les principes réels qui la constituent. Au cours de trois livres (dont le premier remplit le tome I, les deux autres le t. II de l'ouvrage), l'on traite successivement de la connaissance, de la volonté et de l'esprit.

L'auteur applique ce qu'il appelle la « méthode reflexive ». Elle consiste à décrire un fait spécifiquement humain tel qu'il apparaît et à en rechercher les conditions de possibilité : « ce passage du fait au droit... est la tâche propre de toute déduction philosophique » (p. 260, cfr pp. 17-18, 166-167).

C'est le langage qui est choisi comme point de départ de cette « psychologie reflexive » : il est l'« acte typiquement humain, qui répond à toutes les exigences (de l'étude philosophique de l'homme) » (p. 19). Le chapitre unique de l'Introduction y est consacré. On n'y fait pas une étude complète du langage ; mais, en vue de déceler le rôle du « signe » dans « le progrès de notre conscience », on s'attache à mettre en lumière certains aspects d'un cas assez exceptionnel, celui des « âmes en prison », sourdes-muettes-aveugles