1994] delphes 423
DELPHES
Parallèlement aux fouilles dont il est rendu compte ci-dessous, de nombreux chercheurs ont poursuivi leurs travaux à Delphes : Pierre Amandry (temple d'Apollon), Jean-François Bommelaer (bases du secteur Sud du sanctuaire d'Apollon), Anne Jacquemin (piliers), François Lefèvre (textes amphictioniques), Jean-Luc Martinez (colonne des danseuses) Dominique Mulliez (affranchissements), Jacques Oulhen (épigraphie), Agnès Bolley, topographe, et Didier Laroche, architecte (région à l'Ouest du sanctuaire d'Apollon).
1. — Agora romaine et Villa Sud-Est
par Vincent Déroche et Platon Pétridis
La fouille a duré cinq semaines, avec huit ouvriers, encadrés par le contremaître D. Koritos et comme assistants L. Delattre, I. Gaulis, A. Géorgiou, F. Médard et M. Poux ; les relevés ont été assurés par A. Badie et C. Allios.
À l'Agora romaine, des sondages pratiqués d'une part entre le stylobate et le dallage, d'autre part au Nord du stylobate, ont fait apparaître :
a) entre le stylobate et le dallage vers l'angle Nord-Est, un fragment de mur arasé, lié au mortier blanc, oblique par rapport à la façade actuelle des boutiques de l'Agora, et qui semble appartenir au même système que le «mur oblique» déjà dégagé dans l'angle Nord-Est de l'Agora (BCH 115 [1991], p. 701-702; BCH 116 [1992], p. 709); il disparaît sous le stylobate sans prolongement au Nord de ce dernier;
b) un autre mur arasé, lié au mortier rosâtre et accolé à celui-ci, a une direction légèrement différente, plus proche de l'état actuel, d'où un dispositif «en éventail» analogue à celui repéré à l'Est (BCH 116 [1992], p. 709); il disparaît lui aussi sous le stylobate, mais on note le départ d'un mur de retour vers le Sud qui pourrait expliquer le tronçon mystérieux repéré dans la partie Sud de l'Agora (BCH 92 [1968], p. 1047-1050);
c) au Nord du stylobate, un mur arasé, analogue au précédent, mais sans lui être exactement perpendiculaire, longe le côté Est de l'hydragogue souterrain qui évacue les eaux de la terrasse supérieure ; une canalisation cylindrique en terre cuite longeant le côté Nord du stylobate, analogue à celle repérée l'an dernier à l'Est de l'Agora (BCH 117 [1993], p. 641), passe par-dessus ce mur arasé et a été elle-même coupée par l'hydragogue;
d) entre le stylobate et le caniveau du dallage, tous les espaces laissés vides par ces structures arasées ont été comblés par un cailloutis compact mêlé de mortier, sur lequel est venu s'installer le caniveau posé sur une couche de mortier jaunâtre.
Tout confirme les résultats précédents : un état primitif de l'Agora, lié au mortier blanc et presque sans briques, dont il nous reste le mur de fond des boutiques, a été rasé pour réaliser un second état lié au mortier rosâtre, lui-même suivi d'un dernier état lié au même mortier, qui a donné à l'Agora son aspect actuel et le tracé du stylobate. Le tracé de l'hydragogue souterrain dépend sans doute du mur arasé contre lequel il est venu s'appuyer. Malheureusement, l'enchevêtrement des structures empêche de dégager ces murs sur assez de hauteur pour juger de leur appareil et recueillir du matériel datant. Un sondage à l'Ouest de l'hydragogue n'a rencontré que des remblais modernes, ainsi qu'un autre vers l'angle Nord-Est du stylobate.
À la Villa Sud-Est, la fouille s'est répartie entre la partie balnéaire (fig. 4, A) et le secteur de l'abside hypogée reconnue l'an dernier.
L'enfilade de pièces chaudes à l'Est a été reconnue :
a) le praefurnium au Sud, très ruiné, dont seule l'ouverture sur l'hypocauste est encore reconnaisse ble par les traces d'argile rubéfiée ;
b) une petite pièce dallée de pierre, qui est en fait la baignoire chaude, juste au-dessus de l'entrée d'air chaud, avec un écoulement d'eau vers la pièce à l'Ouest, soutenue par quatre pilettes dont il ne reste que l'empreinte d'une d'elles sur une dalle au-dessus d'un sol en argile crue ;
