La "politisation" de la

métaphysique idéaliste :

le cas de Gentile

Pour A.-G.

Dans un article récent (*), nous avons défini le rôle de la politique au sein du système fichtéen. Cette discipline prétendument « subordonnée» nous est apparue comme le nerf véritable du fichtéanisme et cela en contradiction avec les intentions explicites du philosophe. Fichte nous annonçait un moralisme et une métaphysique scientifique ; en fait, la politique occupe plus de place dans le système que la philosophie première et la morale réunies. Fichte nous annonçait une politique générale fondée sur la métaphysique; en fait, la politique évolue indépendamment de ses fondements métaphysiques supposés. Fichte nous annonçait une politique garantie par sa déductibilité a priori; en fait, ce sont l'évolution et le contenu des thèses politiques qui retentissent au plan métaphysique. La conclusion s'impose dès lors à l'évidence : la démarche fondatrice réelle ne correspond pas — et de loin ! — à la déduction rigoureuse qu'on nous promettait. La source d'inspiration du fichtéanisme est politique.

Cette recherche historique était le premier pas que nous accomplissions pour vérifier une hypothèse systématique. Car la question fondamentale est celle-ci : quels sont les rapports entre l'idéalisme (comme attitude et comme doctrine) et la théorie de l'action ? Tout idéalisme ne serait-il pas intrinsèquement lié à, et ne trouverait-il pas sa signification ultime dans, une doctrine de la praxis ? Les exemples de Platon, de Spinoza et de Kant pourraient le laisser supposer.