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Du modèle cartésien au modèle spinoziste de l’être vivant

Published online by Cambridge University Press:  01 January 2020

François Duchesneau*
Affiliation:
Université d'Ottawa

Extract

Les considérations physiologiques sont étrangères, en tant que telles, au projet de l'Ethique, et sans doute, à l'ensemble des préoccupations philosophiques de Spinoza. Au début de Ia seconde partie de l'Ethique, Spinoza précise clairement: “j'expliquerai seulement ce qui peut nous conduire comme par la main à la connaissance de l’ Arne humaine et de sa béatitude suprême”. Pourtant, le livre ne laisse pas de contenir une révision intéressante du modèle mécaniste que Descartes appliquait à l'explication du corps humain; il contient surtout une hypothèse sur Ia structure organique, qui, nous le croyons, a joué un rôle de modèle pour un certain type de théorie de l'être vivant. Ce type de conception se trouve d'abord dans l'iatromécanisme de Boerhaave et de ses disciples au XVIIIe siècle, mais les séquelles en sont identifiables jusque dans Ia philosophie biologique contemporaine.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © The Authors 1974

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References

1 Ethique, II, début. Nos références renvoient à Ia traduction par Appuhn, C. des Oeuvres de Spinoza, Paris, Garnier-Fiammarion c[1965], 4Google Scholar volumes.

2 Principes de Ia Philosophie, III, art. 1 édition Adam et Tannery, Tome IX-2, p. 103.

3 Principes, III, art. 4, A.T. IX-2, pp. 104–105.

4 Principes, IV, art. 205, A.T. IX-2, pp. 323–324.

5 Principes, IV, art. 206, A.T. IX-2, pp. 324–325.

6 A.T. XI, pp. 120–121.

7 Canguilhem, G. La formation du concept de reflexe aux XVIIe et XVIIIe siecles, Paris, P.U.F., 1955, p. 30.Google Scholar

8 Il n'est pas inutile de rappeler l’affirmation de Descartes que l'on trouve dans la lettre à Buitendijck de 1643 et qui se présente comme l'axiome de base de sa théorie de l'être vivant: “Caeterum non admitto varia motuum genera, sed solum localem, qui corporum omnium, tum animatorum, tum inanimatorum, communis est” cf. A.T., IV, p. 65, cite par Canguilhem, Ibid., p. 30 n. 3.

9 Description du corps humain, A.T. XI, p. 224.

10 Ibid., A.T. XI, pp. 224–225.

11 Ibid., A.T. XI, p. 226.

12 Descartes, Oeuvres et Lettres, textes présentés par A. Bridoux, Paris, Gallimard, c[1953], p. 1318.

13 Ibid., p. 1318. (passage souligné par nous).

14 Ibid., p. 1319.

15 Ibid., p. 1319.

16 “Je dirai icy que c'est Ia chaleur qu'elle [Ia machine) a dans le coeur, qui est comme le grand ressort, et le principe de tous les mouvements qui sont en elle” (Description du corps humain, A.T. XI, p. 226).

17 Cf. G. Canguilhem, La formation du concept de réflexe aux XVI/e et XVIIIe siècles, chap. II, pp. 27–56.

18 A.T. VI, pp. 55–56.

19 A.T. VI, pp. 57, 59.

20 Cf. A.T., XI, pp. 130–131.

21 M.D. Grmek, “A Survey of the Mechanical Interpretations of Life”, in: Biology, History, and Natural Philosophy, Ed. by Allen D. Breck and Wolfgang Yourgrau, New York, Plenum Press, 1972, p. 187: “If a human or animal organism is interpreted in a Cartesian way, as an automaton, one cannot escape the logical necessity to suppose divine intervention by the First Engineer. A complicated machine must be built by some superior intelligence. Then two possibilities can be envisaged. Let me express these in modern language: an animal-machine is either an automaton with cybernetic regulations and something like a program-tape inserted in it by the First Engineer; or it is a kind of car, or better a very complex factory, which cannot operate without permanent intelligent conduction and supervision. Descartes chose the first logical possibility, which was certainly very audacious on his part, for in his time nothing was known of feedback circuits and program records. We can now easily understand why he was not able to express clearly all the meaning of his beast-machine analogy: he was in search for a still nonexisting mechanical model”.

22 Sur toute cette question de Ia théorie de Ia génération et de l'embryologie cartésienne, cf. Jacques Roger, Les sciences de Ia vie dans Ia pensée francaise de XVIIIe siècle. La gémération des animaux de Descartes à l'Encyclopédie, 2e ed., Paris, Armand Colin, 1971, pp. 140–154, et passim.

23 Principes de Ia philosophie, III. 45, A.T. IX-2, p. 124.

24 Discours Ia Methode, V, A.T. VI, pp. 45–46.

25 A.T. XI, p. 277.

26 Cf. Grmek, M.D.La notion de fibre vivante chez les medecins de l'école iatrophysique”, Clio Medica, V (1970), pp. 297–318.Google Scholar

27 Canguilhem, G.Machine et organisme”, La Connaissance de Ia Vie, 2e ed., Paris, Vrin, 1967, p. 112.Google Scholar

28 Ibid., p. 113.

29 Cf. le jugement de Niels Stensen, peu après Ia publication du Tratl! de l'Homme (1664): “Pour ce qui est de monsieur Descartes, il connaissaiHrop bien les dHauts de l'histoire que nous avons de l'homme, pour entreprendre d'en expliquer Ia v∼ritable composition. Aussi n'entreprend-il pas de Ia faire dans son Traité de l'Homme, mais de nous expliquer une machine qui fasse toutes les actions dont les hommes sont capables. Quelques-uns de ses amis s'expliquent ici autrement que lui; on voit pourtant au commencement de son ouvrage qu'il l'entendait de Ia sorte; et dans ce sens on peut dire avec raison, que monsieur Descartes a surpassé les autres philosophes dans ce traite dont je viens de parler. Personne que lui n'a expliqué mécaniquement toutes les actions de l'homme, et principalement celles du cerveau; les autres nous décrivent l'homme même; monsieur Descartes ne nous parle que d'une machine qui pourtant nous fait voir l'insuffisance de ce que les autres nous enseignent, et nous apprend une méthode de chercher les usages des autres parties du corps humain, avec Ia meme evidence qu'il nous démontre les parties de Ia machine de son homme, ce que personne n'a fait avant lui … ” Extrait du Discours sur l'Anatomie du Cerveau (1665) trad. par G. Canguilhem, La Connaissance de la Vie, pp. 188–189.

30 Les principes de Ia philosophie de Descartes, 3e partie, éd. Appuhn, Tome I, pp. 329–330.

31 Traité de la réforme de l'entendement, art. 36, n. 1.

32 Ethique, II, déf. 2.

33 Ethique, II, déf. 7.

34 Cf. Eth., II, prop. 37 et 38.

36 Cf. Eth., II, prop. 40, sc. 2; V, prop. 36.

37 Eth., I, appendice, ed. Appuhn, Tome Ill, p. 65.

38 Eth. I, prop. 36, démonstration.

39 Cf. Eth. I, prop. 29, scolie.

40 Eth. I, prop. 29 .

41 Eth. Ill, Prop. 7, démonstration.

42 Eth. V, prop. 39, scolie.

43 Note de Appuhn, C. in Oeuvres de Spinoza, tome III, Paris, Garnier, Flammarion, 1965, p. 355Google Scholar, en regard des Axiomes, Lemmes, Définitions et Posutlats venant ll la suite de Ia Proposition 13 [2e partie de l'Ethique].

44 journal of the History of Philosophy, III (1965), pp. 43–57.

45 Ibid., p. 47.

46 II y aurait lieu, par exemple, de chercher l'origine de notion de molécule organique dans l'atomisme de Gassendi, qui lui-même semble devoir beaucoup aux traveaux de cristallographie entrepis par un chimiste comme Etienne de Clave. Cf. Olivier-René Bloch, La philosophie de Gassendi, La Haye, Martinus Nijhoff, 1971, en particulier, chap. VIII.

47 H. Jonas, Ibid., p. 48.

48 Eth. II, Axiome 1 après le Iemme 3 qui suit Ia prop. 13, éd. Appuhn, tome Ill, p. 87.

49 Eth. II, définition après l'axiome 2, même reference, éd. Appuhn, tome Ill, p. 88.

50 Eth. II, lemmes 4,5, 6 et 7, même référence, éd. Appuhn, tome Ill, pp. 88–90.

51 Eth. II, Postulats 7, 2, 3, 4, 5 et 6, même référence, éd. Appuhn, tome Ill, p. 91.

52 Eth. II, Scolie, même référence, éd. Appuhn, Tome Ill, p. 90.