L'imagination productrice
dans la Logique transcendantale
de Fichte
Depuis longtemps, un rêve hantait l'imagination métaphysique de Fichte : expliquer, par une méthode rigoureusement scientifique, l'activité théorique du moi. La « philosophie spéculative générale » (1> est la réalisation de ce rêve. On peut y voir une analyse presque géométrique de la représentation. Donner à la masse informe des spéculations contemporaines une ossature, principe de stabilité, de clarté et surtout de vérité, était une tâche qui méritait d'être entreprise et menée à bout. Dans la seconde partie de la Wissenschafts- lehre, Fichte se flatte, non sans raison, d'avoir réalisé ce dessein en enserrant problèmes et solutions dans un cadre à la fois rigide et organique.
Un premier coup d'œil est indispensable pour saisir l'allure générale de l'édifice dialectique. Se conformant à un procédé dont il est avec Kant le génial initiateur et dont l'histoire philosophique va enregistrer, chez des idéalistes comme Hegel, Renouvier et Hamelin, une immense fortune, Fichte s'efforce de donner à sa spéculation un développement en forme cyclique. S'appuyant sur la donnée fondamentale de la réflexion, la représentation, il revient à celle-ci, en passant par un fait originel, situé à mi-chemin entre le point de départ et le point d'arrivée, lesquels se confondent (2).
Deux dialectiques, dès lors, se partagent la philosophie spéculative. La première, que nous qualifierons d'abstraite, vise à dé-
W Grundlage des ge». W.-L., Zvieiter Teil, § 4, I, p. 155 [Nos citations se réfèrent à l'édition des œuvres complètes de Fichte, qui fut publiée par les soins de son fils, Immanuel Hermann Fichte (1834-1846)].
« I, pp. 219 à 227.