RÉVOLUTION ET CHRISTIANISME, SELON LE CLERGÉ ASSERMENTÉ

Dans un récent article publié dans notre Revue, nous avons donné un exemple type de jugement sévère porté sur les prêtres jureurs sous la Révolution (1)- Aux yeux de leurs adversaires, aux yeux de l'Eglise officielle aussi, c'étaient des schismatiques et des hérétiques. Nous voudrions aujourd'hui entendre le point de vue opposé et voir à travers quelques cas précis, comment les prêtres assermentés ont justifié leur attitude. Ils se considéraient eux comme étant fidèles à l'Evangile et trouvaient que non seulement la Révolution en général, mais aussi la Constitution civile du clergé en particulier, étaient tout à fait dans l'esprit du christianisme et dans la tradition de l'Eglise.

I - L'évangile : du côté de la liberté

Un des thèmes qui revient le plus souvent dans les discours et les sermons des prêtres constitutionnels est que la liberté est conforme à l'Evangile, que le christianisme est la religion de la liberté, qu'il s'oppose à toute tyrannie, que Dieu est l'auteur de la Révolution, que la Révolution, en renversant la tyrannie, se situe du côté de la religion, de l'Evangile et du christianisme.

L'abbé Claude Fauchet, prédicateur du roi, futur évêque constitutionnel du Calvados, au cours d'une solennité consacrée à la mémoire des citoyens qui sont morts lors de la prise de la Bastille, s'écrie: «Notre vocation à la Liberté, mes Frères, est ordonnée dans la Nature, dans la Religion et dans les plans de la Providence. Cette Liberté est donc acquise conformément à tous les principes de la justice et ses fondateurs méritent tous nos hommages» (2). Et encore: