PAUL FAURE 493
CULTES DE SOMMETS ET CULTES DE CAVERNES
EN CRÈTE
Les historiens des religions Cretoises rapprochent si communément dans leurs exposés (1) les sanctuaires de hauts lieux des sanctuaires souterrains qu'on se demande s'il existe vraiment des rapports (de ressemblance, de contiguïté, d'opposition) entre les uns et les autres dans un pays où ils sont si nombreux, d'autant plus que, selon une des lois de la spéléologie (2), les gouffres tectoniques, résultant de l'élargissement de diaclases ou de joints de stratification, se forment de préférence sur les sommets des anticlinaux et que l'on peut citer ailleurs qu'en Crète des cultes de hauteurs liés à des cultes de cavernes (3). Nous avons vu aussi les mytho- graphes antiques mentionner confusément la naissance du Zeus crétois sur le mont Diktè et dans l'antre du Diktè (4) et les modernes localiser cette montagne tantôt dans la région des monts de Sitia, tantôt au Sud du plateau du Lasithi (5), en faisant parfois valoir l'existence d'un toponyme tel qu' Έντίχτης. Pour apporter des éléments nouveaux au problème, j'ai consacré une grande partie de l'été 1962
( 1 ) Pour ne citer que 4 exemples en 4 pays différents : Evans, The Palace of Minos at Knossos. Londres, 1921, I, 151-163 (cf. JHS, 21, 1901, 100-101 : Cretan caves and hgpaelhral sanctuaries) ; M. P. Nilsson, The Minoan-Mycenaean Religion, Lund, 1927, ch. 1, 49-69 (2e éd. 1950, p. 53-74) ; Ch. Picard, Les religions préhelléniques (Crète et Mycènes), Paris, 1948, 57-61 ; 130-131 ; N. Platon, Το ιερόν Μαζδ(Καλοϋ Χωριοΰ Πεδιάδος) και τά μινωικά ιερά κορυφής, Κρητικά Χρονικά, Ε', 1951, 114, 156. (2) Β. Gèze, La genèse des gouffres, Premier Congrès international de Spéléologie, Paris, 1953, II, 11-15 ; F. Trombe, Traité de Spéléologie, Paris, 1952, 60-71 ; La spéléologie, Paris, 1956, 10-12 ; 20-21. (3) Par exemple, sur le sommet du mont Pelion la caverne du Centaure Chiron, ills de Kronos (Ps. Dicéarque, II, 8 = FHG, II, 262, fr. 60) et le sanctuaire de Zeus Akraios (Arvanitopoulos, Πρακτικά, 1911, 305-312) ; sur un des sommets du Lycée, Haï Ilias du Diaphorti, le sanctuaire de Zeus Lykaios (Kourouniotis, 'Αρχ. Έφ., 1904, 153-214) et, έν μοίρα τινί τοϋ Λυκαίου, la caverne où Rhea accouche de Zeus (Pausanias, 8, 36, 2) ; l'antre du mont Cyllène où Maia met au monde Hermès {Hymne à Hermès, 5-14 ; 227-234) et le symbole monumental du culte de ce dieu sur la montagne (Artémidore, I, 45 ; Philostrate, Vie d'Apollonios, VI, 20). (4) BCH, 1960, 189-196 : Zeus Diklaios et les cités de la région de Sitia. (5) C'est ainsi, ό Δείκτης ou Δίκτης, qu'est appelé depuis 1901 le plus haut sommet du massif (2.148 mètres). Stavrakis, Στατιστική του πληθυσμού της Κρήτης, Athènes, 1891, 37,1e nommait comme les paysans Κακό Κεφάλι.
