Roselyne Rey (1951-1995),
historienne des sciences
du Siècle des lumières
Jean-Louis Fischer (*)
« Les êtres que nous aimons forment autour de nous, comme un parapet qui nous défend du vertige : qu'un d'entre eux disparaisse, il y a dès lors une direction où nous ne pouvons plus regarder sans que la tête nous tourne. »
Jean Rostand, Deux angoisses, la mort l'amour (Paris : Bibliothèque- Charpentier et Eugène Fasquelle éditeur, 1924), 63.
Parmi ses multiples attachements intellectuels, Roselyne Rey vouait une passion particulière au xvnr* siècle. Aussi s'est-elle naturellement associée au groupe d'histoire des sciences de la vie qu'animait Jacques Roger, l'un des grands spécialistes des lumières, à l'université de Paris I, dans les locaux de la rue Malher. Dans Y Encyclopédie de Diderot et d'Alembert elle découvre le ferment qui devait alimenter l'intérêt qu'elle portait à l'étude de l'histoire de la médecine et de la « biologie » « dix-huitiémistes ». Diderot, Ménuret de Chambaud, Bordeu, le vitalisme, la classification, la folie, la génération, la douleur : quelques hommes et quelques thèmes préférentiels de ses recherches constituant en partie le fonds de ses publications consacrées à cette période.
La biologie du Siècle des lumières marque dans l'histoire générale des sciences de la vie une particularité dans les idées exprimées
(*) Jean-Louis Fischer, Centre Alexandre Koyré, Muséum national d'histoire naturelle, Pavillon Chevreul, 57, rue Cuvier, 75231 Paris Cedex 05. Rev. Hist. Sa., 1995, XLVIII/3, 233-239