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L'ambiguïté du sens esthétique transcendantal. Notes sur la troisième Critique

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Suzanne Foisy
Affiliation:
Université du Québec à Trois-Rivières

Extract

Peut-on s'entendre en matière d'esthétique? Y a-t-il une objectivité possible des jugements dans ce domaine marginal de la philosophie? La question du sens commun dans la Critique de la faculté de juger, semble, aux dires de certains, mener directement à cette problématique contemporaine. Nous ne reprendrons pas ici les multiples articles et ouvrages sur le sensus communis parus dans la dernière décennie à la suite de l'impact conceptuel du thème de la rationalité communicationnelle. Notre intention est plutôt, au-delà de la “dérive” du célèbre paragraphe 40 vers une idée plus actuelle (et aussi plus banale) de “consensus”, de repérer les tensions entre le versant transcendantal et le versant empirique du sens commun qui surgissent significativement à l'occasion de cette dérive. Avant d'aborder le sens esthétique défini dans la troisième Critique et de le confronter aux interprétations qui nous semblent plus déterminantes comme celles de L. Ferry de J.-F. Lyotard ou de J. Habermas nous voudrions d'abord examiner l'usage général de cette notion dans l'histoire de la philosophie précritique pour vérifier ensuite la spécificitÉ qu'elle acquiert chez Kant.

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Articles
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Copyright © Canadian Philosophical Association 1993

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References

Notes

1 Kant, E., Critique de la faculté de juger (CFJ). Les traductions françaises sont de A. Philonenko (Paris, Vrin, 1968)Google Scholar et de Ladmiral, J.-R., de Launay, M. B. et Vaysse, J.-M. (Œuvres philosophiques, t. 2, Paris, Pléiade, 1985)Google Scholar. Le texte allemand consultéest tiré du KantsWerke Akademie Textausgabe (Ak.): Kritik der Urtheilskraft (Ak. V), Berlin, Walter de Gruyter, 1968. L'insertion des références dans le texte se fera en indiquant seulement les paragraphes.

2 Mentionnons, entre autres: M. Canivet, «Kant et le sens commun», dans G. Florival, dir., Études d'anthropologie philosophique (Bibliothèque philosophique de Louvain, vol. 30), Louvain-la-Neuve, Éd. de l'lnstitut Supérieur de Philosophie, vol. 2, 1984, p. 100–115; «Le sensible: transformation du sens commun d'Aristote à Reid», Revue de Métaphysique et de Morale, 96e année, no 4 (oct.-déc. 1991); Ferry, L., Homo Æstheticus. L'invention du goût à l'âge démocratique (Collège de philosophie), Paris, Grasset, 1990Google Scholar; Livet, P., «Sens commun et politique», Esprit, no 140–141 (juill.-août 1988), p. 5055Google Scholar; D. Lories, «Des sensibles communs dans le «De anima» d'Aristote», Revue philosophique de Louvain, t. 89, no 83 (août 1991), p. 401–419; et «Autour d'une lecture «politique» de la troisième Critique», Revue philosophique de Louvain, t. 86, no 70 (mai 1988), p. 150–160; J.-F. Lyotard, «Argumentation et présentation: la crise des fondements», dans Encyclopédie philosophique universelle. Vol. 1 : L'univers philosophique, Paris, PUF, 1989, p. 738–750; et «Sensus communis», Cahiers du Collège International de Philosophie, vol. 3 (1987), p. 67–87; Proust, F., Kant: le ton de l'histoire, Paris, Payot, 1991Google Scholar; É. Tassin, «Sens commun et communauté: la lecture arendtienne de Kant», dans Les Cahiers de Philosophie, vol. 4, Lille, Hannah Arendt Confrontations, 1987, p. 81–112.

3 L. Ferry, Homo Æstheticus…

4 J.-F. Lyotard, «Sensus communis».

5 Jürgen Habermas, entre autres, «Vorbereitende Bemerkungen zu einer Theorie der Kommunikativen Kompetenz», dans J. Habermas et N. Luhmann, dir., Theorie der Gesellschaft oder Sozialtechnologie - Was leistet die Systemforschung?, Francfort, Suhrkamp Verlag, 1971, p. 101–141, et en trad, franç, dans Logique des sciences socials et autres essais (1967–1973), Paris, PUF, 1987.

6 Ce qui ne veut pas dire que le sensible commun aristotélicien soit sans rapport aucun avec la notion que nous analysons ici: voir Aristote, De anima III, 425a27 et De memoria, 450a 10–11, et le numero cite ci-dessus de la Revue de Métaphysique et de Morale. Au sujet des origines de la notion chez Aristote, Thomas d'Aquin et Vico: H.-G. Gadamer, Wahrheit und Methode. Grundzuge einer philosophischen Hermeneutik, Tübingen, J. C. B. Mohr, 1960, (3e éd. revue et augmentée, 1972), Introd. Lre partie, (η) Sensus communis, p. 16–27.

7 Pour des références générates sur Descartes, Reid, Buffier et les philosophies du sens commun, voir Gusdorf, G., Naissance de la conscience romantique au siècle des Lumières, Paris, Payot, 1976.Google Scholar

8 D. Hume, Essais esthétiques (1747 et 1757) (qui comprennent «Of the Standard of Taste»), trad, franç. R. Bouveresse, Paris, Vrin, t. 2, p. 9, 79–80 et 83–84: la norme veut d'abord dire une «moyenne déterminable statistiquement». C'est par ricochet qu'elle est une «valeur».

9 H.-G. Gadamer, (γ). Urtheilskraft, dans Wahrheit…, p. 27–31) fait remarquer à ce propos que l'élément moral est expulsé du concept de sens commun dés qu'on délaisse l'interprétation anglaise ou latine du bon sens pour l'interprétation allemande du gemeiner Verstand ou du gesunder Menschenverstand.

10 E. Kant, Prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme science (1783) (Ak. IV, p. 259 et 369–373), dans Œuvres philosophiques, t. 2, p. 22 et 156–161. A ce sujet, voir J. Habermas, L'espace public. Archeologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise (Strukturwandel der Öffentlichkeit, Neuwied, Hermann Luchterhand Verlag, 1962), trad, franç. M. B. de Launay, Paris, Payot, 1978, p. 99–138; M. Canivet («Kant et le sens commun») qui precise la primauté' sur la philosophie d'un sens commun «réhabilité»; Marcil-Lacoste, L., «Les enjeux égalitaires du consensus rationnel. Habermas et ses sources», Laval théologique et philosophique, vol. 46, no3 (oct. 1990), p. 317335.CrossRefGoogle Scholar

11 CFJ, §40. Les Prolégomènes définissaient le sens commun vulgaire comme «faculté de la connaissance et de l'emploi des règles in concreto, à la différence de l'entendement spéculatif, qui est une faculté de la connaissance des règles in abstracto» (AK. IV, p. 369, trad, franç., p. 156–157). Une note du §40 de la CFJ précise toutefois que le goût est le sensus communis œstheticus tandis que l'entendement commun le sensus communis logicus.

12 Voir aussi §21. Nous n'élaborerons pas davantage sur le sens commun spécifique des deux premières critiques. Voir à ce propos M. Canivet, «Kant…».

13 On avait commencé à s'intéresser au goût de façon métaphorique a la fin du XVIIe siècle. H.-G. Gadamer (Wahrheit…) et L. Ferry (Homo Æstheticus…) accordent à Balthasar Gracián, jesuite espagnol, l'initiative de ce nouvel usage. Voir aussi Borinski, K., Balthasar Gracién und die Hofliteratur in Deutschland, Berlin, 1894Google Scholar et en français: B. Gracián, Le Héros, trad. Franç. J. de Courbeville (1725), Paris, Éd. Lebovici, G., 1989, et L'Homme universel, trad, franç. J. de Courbeville (1723), Paris, Éd. Champ libre, 1980.Google Scholar

14 Kant, E., Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée? (1786), Paris, Vrin, 1978, p. 86Google Scholar (Ak. VIII, p. 144). Ces passages sont à l'origine de la lecture politique (que nous n'aborderons pas ici) qu'a faite Hannah Arendt de la troisième Critique. Voir Arendt, H., Lectures on Kant's Political Philosophy, Chicago, University of Chicago Press, 1982Google Scholar, et trad, franç.: Juger. Sur la philosophie politique de Kant (Libre examen), Paris, Seuil, 1991.Google Scholar

15 E. Kant, Anthropologie, (AK. VII, p. 128), Paris, Vrin, p. 18; Critique de la raison pure, trad, franç. Tremesaygues et Pacaud, Paris, PUF, 1971, p. 551–552 (AK. IV 1, éd. 1781).

16 Pour de plus amples développements à propos de cette période et surtout sur A. G. Baumgarten, voir Dumouchel, D., «A. G. Baumgarten et la naissance du discourse esthétique», Dialogue, vol. 30, no4 (1991), p. 473501.CrossRefGoogle Scholar

17 Comme ce sera le cas pour le sens commun, la discipline de l'esthétique conquiert sa spécificité entre les deux courants. Cette position est soutenue par A. Philonenko dans Le transcendantal et la pensée moderne (Épiméthée), Paris, PUF, 1990, et reprise par L. Ferry dans Homo Æstheticus….

18 Nous reprenons expressément l'expression plus contemporaine d'«argumentation» pour distinguer la discussion de la disputatio (démonstration ou preuve) en vue d'extrapolations que nous ferons à la fin du texte avec K.-O Apel, J. Habermas, J.-F. Lyotard et L. Ferry. Pour ce qui est du texte kantien, il faut comprendre que les principes qui fondent chaque jugement sont aussi ses caracteristiques: il s'agit d'un jugement qui prétend à l'universalité sans faire intervenir de concept. De plus, comme nous le ver- rons plus loin, le mot «concept» acquiert ici une double signification: lorsqu'il s'agit d'un concept de l'entendement, il est théoriquement «déterminé»; lorsqu'il s'agit d'un concept de la raison, il est «indéterminé». Selon Philonenko, cette opposition est la transposition de la situation de l'esthétique. Voir «Kant: Critique de la faculté dejuger. Streiten und disputieren: L'antinomie du jugement du goût» (1962), repris dans Le transcendantal…, p. 212–235.

19 Voir aussi §§6, 9, 22, 40 et le §17 pour la mention de l'«Idée normale» (Normalidee) comme mesure-type du jugement (qui rend possible ses règles) et qu'on comparera à l'idée d'un sens commun. Gadamer (Wahrheit 2. γ). Die Lehre vom Ideal der Schönheit, p. 44–46) attire l'attention sur le fait que l'idée normative se rapporte à la beauté naturelle (il s'agit de «correctitude» du genre et non de «beauté»), tandis que l'idéal de la beauté (l'idée rationnelle) prépare le traitement de la nature de l'art.

20 CFJ, §40.

21 Les deux autres définitions du sens commun sont «l'effet résultant du libre jeu des facultés» (§§20 et 40) et «la faculté de juger» (§40). Guyer note la confusion dans l'usage de ces diverses significations chez Kant lui-même. Voir Guyer, P., Kant and the Claims of Taste, Cambridge, Harvard University Press, 1979, p. 280281Google Scholar. S'y ajoute, comme nous aurons l'occasion de l'analyser, celle de l'«Idée» (§40), l'Idée d'un sens commun, qui n'est identique ni à la faculté dejuger ni à son résultat.

22 CFJ, §22.

23 CFJ, §40.

24 Comme c'est le cas pour le jugement logique, ce jugement veut l'universalité, mais sans être contraint à la connaissance (§35). La faculté de juger s'accorde alors par une ràgle analogique, avec la forme de la réflexion (§§10, 15, 59). Si la forme de l'objet représenté est jugée comme étant la cause du plaisir (des «facultés»…), la déclaration peut être faite.

25 CFJ, §8.

26 CFJ, §9. Voir aussi §6. L'éventuelle objectivité du beau n'a évidemment pas trait à l''existence d'une chose belle, mais à sa beauté comme valable nécessairement et universellement pour le jugement. Sur le jugement comme premier objet d'une esthétique critique, voir Rousset, B., La doctrine kantienne de l'objectivité (Bibliothèque d'histoire de la philosophie), Paris, Vrin, 1967, p. 432433.Google Scholar

27 Voir J. Habermas, L'espace public…, p. 99–138.

28 CFJ, §41, voir §83.

29 CFJ, §22. Les italiques signalent que c'est le titre du paragraphe.

30 Voir, entre autres, Anthony Earl of Shaftesbury, Characteristics of Men, Manners, Opinions, Times (1711), éd. Robertson, J. M., vol. 1 et 2, New York, Bobbs-Merrill, 1964, entre autres, vol. 1, p. 4399 et 252.Google Scholar

31 CFJ, §8. Voir aussi §§22, 39 et le § 4 0 : « [ … ] et lorsqu'on se met à la place de tout autre être humain en se bornant à faire abstraction des limites qui, de maniàre contingente, affectent notre propre jugement; ce qui à son tour se produit lorsqu'on écarte autant que possible ce qui dans l'état représentatif est matiere, c'est-à-dire sensation, pour ne prendre en compte que les caractéristiques formelles de notre représentation ou de notre état représentatif».

32 Cette citation a fait dire faussement ou à tout le moins ironiquement que Kant admettait le désaccord mais pas la «dispute»…

33 Guyer developpe amplement cet aspect à partir de l'interrogation du paragraphe 22 de la CFJ, Kant and the Claims of Taste, p. 297–307.

34 C'est à partir de ce texte qu'a surgi la «métaphore» d'un accord intersubjectif entre les facultés chez J.-F. Lyotard («Sensus communis») et L. Ferry (Homo Æstheticus…). Nous y reviendrons.

35 CFJ, §8.

36 Il convient de supposer, même s'il n'en est pas question explicitement, qu'il n'existerait pas un sens commun transcendantal pour le laid.

37 Voir CFJ, §§22 et 37.

38 CFJ, §57.

40 Voir CFJ, §§42 et 76.

41 C'est, entre autres, la lecture de L. Goldmann, Introduction à la philosophic critique de Kant (Idées, no 146), Paris, Gallimard, 1967. Sur la «société civile» et le «tout cosmopolites voir CFJ, §83. Ferry (Homo Æstheticus…) pourrait s'inscrire dans cette lecture.

42 C'est ce que soutient Ferry (ibid., p. 45) mais aussi Lyotard («Sensus communis», entre autres, p. 77 et 83).

43 A. Philonenko a été l'un des premiers à défendre à raison ce thème dans son introduction à la traduction française de la CFJ chez Vrin, en 1968.

44 L. Ferry, Homo Æstheticus…, p. 126–127.

45 Ibid., p. 135. Voir aussi l'hypothèse de Lories, «Autour d'une lecture «politique» de la troisième Critique», p. 153, et celle de Gadamer, Wahrheit…, p. 40–41.

46 J. Habermas, Morale et communication (1981–1985), trad. Franç. Paris, Cerf, 1987, chap. 1, p. 38–39; Philosophisch-politische Profile (nouv. éd. all. élargie), Francfort, Suhrkamp, 1981, p. 12–13; «La modernité: un projet inachevé», Critique, no 413 (oct. 1981), p. 950–967. Voir aussi C. Piché, «Art and Democracy in Habermas», dans Silverman, H. J., dir., Writing the Politics of Difference (Selected Studies in Phenomenology and Existential Philosophy, vol. 14), Albany, NY, State University of New York Press, 1991, p. 265275.Google Scholar

47 «Digression sur le nivellement de la difference générique entre la philosophie et la littérature», dans Le discours philosophique de la modernité, Paris, Gallimard, 1987, p. 234.Google Scholar

48 Ibid., p. 244.

49 Apel, K.-O., Transformation der Philosophie (19671973), Francfort, Suhrkamp, 1973Google Scholar. Voir aussi pour la situation du débat: Penser avec Habermas contre Habermas, Paris, L'Éclat, 1990, et «L'éthique de la discussion: sa portée, ses limites», dans Encyclopédie philosophique universelle, vol. 1, Paris, PUF, 1989, p. 154–165. Voir en outre, J. Habermas, préface à l'édition française de la Théorie. de l'agir communicationnel (1981), trad. Franç. J.-M. Ferry, Paris, Fayard, 1987, vol. 1, p. 11.

50 Ce critère a été thématisé par Toulmin, S. dans The Uses of Argument, Cambridge, Cambridge University Press, 1964Google Scholar. Voir Habermas, «Théories de la vérité», dans Logique des sciences sociales et autres essais (19671973), Paris, PUF, 1987Google Scholar. Transposé dans ce contexte, comprendre que cet objet est de l'art pourrait vouloir dire chez Kant qu'un sens commun public le rend a priori acceptable et certain pour le critique transcendantaliste.

51 J. Habermas, Morale et communication, p. 97 et 119.

52 Le texte en question de K.-O. Apel est l'avant-propos de la trad, franc, d'une partie de Transformation der Philosophie, dans Sur le problème d'une fondation rationnelle de l'éthique à l'âge de la science, Villeneuve d'Ascq, Université de Lille, 1987, p. 10–11: «Bref, il nous faut partir d'un sensus communis, compris comme un “arrière-plan” constitué par le monde vécu, impossible à contourner en situation, et qui fait fond à ce doute «réel» que Peirce opposa au doute hypothétique généralisé de Descartes».

53 Ibid., p. 74. Pour une référence directe à l'idée transcendantale chez Habermas: «Vorbereitende Bemerkungen», p. 140–141. Voir aussi E. Kant, Critique de la raison pratique, dans Euvres Philosophiques, t. 2 (AK. IV, V, p. 127, note).

54 CFJ, §§42, 67 et 75.

55 J.-F. Lyotard, «Argumentation et présentation: la crise des fondements», p. 742.

56 Ibid., p. 742–744.

57 Il est opportun de préciser que Habermas a éprouvé des difflcultés à thématiser les consensus esthétiques et même à insérer l'agir communicationnel dans les figures esthétiques. La situation a changé depuis 1984 où, sous l'influence de H. R. Jauss et de A. Wellmer, il aurait admis pour Pesthetique des preventions emises dans le cadre d'une discussion critique en tenant compte «d'une prétention de validité inhérente aux œuvres d'art» (et done d'un «potentiel de vérité») (et non plus d'une simple prétention d'authenticité propre a l'âme artiste…) voir: «Questions et contre-questions», Critique, no 493–494 (juin-juill. 1988), p. 485, et aussi C. Piché, dans «Art and Democracy…».

58 J.-F. Lyotard, «Argumentation et présentation: la crise des fondements», p. 745: «Quand le jugement réflexif réfléchit sur ses propres conditions de possibilité [… ] dans le sentiment esthétique, il découvre ce plasma ou cette «mère», et non pas une scène argumentative et cognitive». Voir aussi, p. 746, et «Sensus communis», p. 77 et 87.

59 J.-F. Lyotard, «Sensus communis», p. 77: le sensus sentimental est une «auto-affection encore plus pure que le sens interne du temps». Voir aussi, p. 84; Kant, E., Anthropologie du point de vue pragmatique, Paris, Vrin, p. 42Google Scholar (AK. VII, p. 161) : «Le sens interne [… ] est [… ] une conscience de ce qu'il [l'homme] éprouve dans la mesure où il est affecté par le jeu de sa propre pensée». Voir aussi E. Kant, «Du sens interne» (inédit), éd. bilingue all./franç., trad, et comment. R. Brandt et al., Cahiers de la revue de théologie et de philosophic vol. 13, Genève, Lausanne, Neuchâtel, 1988. Ce retour au sens interne chez Lyotard nous est reconfirmé par son usage détourné de son sens schellingien de la «tautégorie de la réflexion» à propos du jugement esthétique kantien: «La récurrence de la sensation avec chaque occurrence de la pensée (consciente) a pour effet que la pensée «sait» (sans le connaître […]) l'etat dans lequel elle se trouve en l'occurrence». (Lemons sur l'analytique du sublime, Paris, Galilée, 1991, p. 26, et «La réflexion dans l'esthétique kantienne», Revue Internationale de philosophie, vol. 44, no 175 [1990], p. 507–551). Voir aussi le De anima d'Aristote (418a17–20; 418a20–4; 425a14–b3; 426b8–29), et Æsthetica (§1) de A. G. Baumgarten (Francfort, Oder, 1750–1758; réédition, Hildesheim, 1961), trad. Franç. Paris, L'Herne, 1988. Lyotard lui-même se référe à Merleau-Ponty (Le visible et l'invisible), dans «Argumentations…», p. 745.

60 J.-F. Lyotard, «Sensus communis», p. 71, 76, 79, 82, 86.

61 Voir E. Kant, Critique de la raison pratique, et J.-F. Lyotard, «Sensus communis», p. 82.

62 Ibid., p. 81–82.