Claude Bertrand, Dialogue avec «Le sophiste» de Platon. Un vol. 21 x 14 de 148 pp. Longueuil, Presses philosophiques, 2001.

Chose étrange que ce livre ! Étrange et fascinante, excitante même, quelquefois aussi irritante, dérangeante... Mais de quoi s'agit-il au fait? Comme l'indique le titre, il s'agit bien d'un dialogue, mais entre deux personnages on ne peut plus anonymes, puisqu'ils sont appelés simplement l'un et Vautre, comme si c'était en fait un dialogue intérieur de l'âme avec elle-même. Le point de départ de la discussion entre cet un et cet autre est le sentiment, exprimé par l'autre, qu'il y a quelque chose qu'il ne comprend pas, mais qui est difficile à dire, «parce que ce n'est pas telle ou telle chose, tel ou tel événement», mais que «c'est toujours plus que ça, [. . .] plus que ce que j'ai devant moi [...], comme s'il y avait toujours Autre chose qui m'échappe et qui va au-delà de ce que je me représente» (p. 11). Ce sentiment, qu'éprouve aussi l'un et qui advient lorsque l'on converse précisément avec son âme, est bien le sentiment «qu'il y a comme un Ailleurs aux choses, aux êtres, au monde. On s'en va vers quelque part, mais on ne sait pas où, ni comment, ni pourquoi. Un jour, on va être dépouillé de tout, on va tout perdre; même ce corps-là que l'on a, on va le perdre aussi... Or je voudrais qu'il reste quelque chose de moi, de plus essentiel que ce qui est là» (p. 15). Dès lors, poursuit l'un,