Un vol. 24 x 16 de vn-284 pp. Princeton (N.J), Princeton University Press, 1990. Prix: 29.95 $.

Voici un livre qui, sauf erreur de notre part, a toutes les chances de devenir rapidement un «classique» de la littérature scientifique traitant de la philosophie première d'Aristote, et plus particulièrement de sa théorie de la substance. Le problème qu'il explore est en effet crucial dans la métaphysique du Stagirite, puisqu'il ne s'agit de rien de moins que de savoir comment des entités comme les organismes vivants, qui sont des composés issus de l'imposition d'une forme à une matière préexistante, ont l'unité conceptuelle que requièrent, selon Aristote lui- même, les substances premières pour être effectivement premières. Si l'unité de ces substances composées fait problème, c'est bien parce que tous les êtres engendrés autres que les quatre éléments comportent une matière d'où ils sont précisément issus et qui demeure en eux à titre de composante fondamentale. Cette matière joue un rôle décisif dans l'explication aristotélicienne du devenir, puisque c'est elle qui assure la continuité dans le changement substantiel en survivant à la génération et à la corruption des substances composées, ce qui permet à Aristote d'échapper aux objections éléatiques contre l'émergence de l'être à partir du non-être. Cette continuité de la matière à travers les changements substantiels, l'auteur l'appelle «unité horizontale» {horizontal unity), puisqu'elle répond à l'exigence de la présence d'un élément un et continu (le continuum matériel) tout au long du processus de changement. Le «paradoxe de l'unité» (qui sert de sous-titre à notre ouvrage)