Revue des sciences religieuses 79 n° 1 (2005), p. 97-116.

LA FEMME, LA FAMILLE

ET LA COMMUNAUTÉ DANS LA SOURCE DES LOGIA

L'étude des toutes premières communautés chrétiennes est très largement conditionnée par la prise en compte des données littéraires du Nouveau Testament1. Dans cette perspective, une recherche sur « le livre et sa communauté» s'apparente à une enquête qui tente de reconstituer des réalités humaines et communautaires à partir des traces écrites qu'elles ont laissées ou suscitées. Il va sans dire que pour l'ensemble du Nouveau Testament le dossier est vaste et complexe : il s'étend tout d'abord dans le temps, sur un bon demi-siècle, et dans l'espace, de Jérusalem à Rome ; ensuite il demande une attention au moindre détail, puisque les données sur la vie des premières communautés ne sont pas forcément décrites de manière explicite.

Au sein de cette vaste entreprise, nous aimerions attirer l'attention sur une modeste mais remarquable coïncidence entre d'une part, les structures élémentaires de toute forme de société telles que les a définies C. Lévi-Strauss, d'autre part, les huit textes évoquant des femmes dans la source des logia, plus connue sous le nom de source Q (nous dirons aussi la Source). Nous tenterons ensuite d'exploiter cette coïncidence, pour en déduire finalement quelques hypothèses sur une forme de vie communautaire à l'origine de l'une des plus anciennes strates du Nouveau Testament; étant entendu que nous nous réclamons de la théorie dite des deux sources.