Martine de Gaudemar, Leibniz. De la puissance au sujet (Bibliothèque de philosophie). Un vol. 21x13 de 294 pp. Paris, Vrin, 1994. Prix: 210 FF.

Martine de Gaudemar nous livre une étude remarquable sur la puissance comme pouvoir d'agir dans le discours leibnizien. Nous saluons avec enthousiasme tant l'élégance et la précision de son expression que l'étendue de sa connaissance de l'œuvre de Leibniz.

En étudiant la notion de puissance chez Leibniz, l'A. montre que sa philosophie a pu sauver l'intelligibilité du schéma aristotélicien — le passage de la puissance à l'acte — tout en produisant un nouveau concept adapté à l'univers théorique des modernes.

La conception mécaniste marque l'abandon du recours à toute profondeur métaphysique ou potentialité que l'on pourrait considérer comme une qualité occulte. L'univers mécaniste est pleinement en acte, il peut être expliqué par le biais d'une description des positions et des vitesses relatives des corps. Tout recours à la notion de puissance est à exclure car elle revient à introduire l'idée d'une fin visée inconsciemment par le phénomène, l'idée d'une destination commune aux êtres en mouvement: leur accomplissement.

Dans un premier temps, l'A. tend à démarquer Leibniz d'Aristote «dont les notions ne conviennent pas bien à sa philosophie» (p. 43). Selon l'A., la notion de substance possible ne renoue pas avec la puissance passive d'Aristote. En leur capacité d'exister, ces substances possibles sont corrélatives d'une création possible. C'est eu égard à l'acte