BIBLIOGRAPHIE-BIBLIOGRAFIE

D'Hincmar à Michel Sot: jeu de miroirs autour de l'histoire de l'Église de Reims (*)

Michèle Gaillard

Par le choix de l'exergue, une citation de Bernard Guenée, Michel Sot avertit le lecteur de son propos: il s'agit d'examiner quelle histoire construisit, pour son Église, l'historien Flodoard, au Xe siècle; dans l'ensemble de l'ouvrage, l'auteur écrit toujours l'église de Reims sans majuscule, réservant la majuscule à P«Église universelle». Cette infraction à un usage bien établi n'est pas fortuite, et s'explique sans doute par la démarche que l'auteur décrit dans son introduction. De même que Flodoard recherchait dans l'histoire de son Église des réponses aux questions qu'il se posait, M. Sot écrit: «Le concile Vatican II a remis l'accent sur le 'mystère de l'Église' comme 'peuple de Dieu' et sur le rôle des évêques 'successeurs des apôtres'. Notre interrogation sur l'évêque avant la réforme grégorienne n'est pas étrangère à cette évolution» (p. 10).

C'est donc au travers d'une double grille de lecture qu'il faut considérer cet ouvrage: le propos de l'auteur n'est pas de récrire l'histoire de l'Église de Reims grâce à une critique serrée du texte de Flodoard, mais d'examiner la façon dont Flodoard a utilisé son talent, son abondante documentation, pour écrire l'histoire de son «église», sans perdre de vue qu'elle appartient à l'«Église universelle». Comme son objet d'étude, M. Sot fait non seulement œuvre d'historien, mais œuvre de chrétien et il faut le remercier d'avoir le courage et l'honnêteté de nous en informer.

De toute évidence, de par une longue fréquentation, l'auteur a beaucoup de sympathie pour l'historien du Xe siècle, sympathie que l'on ne peut réprouver, car sans elle un tel travail serait bien fastidieux. Par cet exemple, M. Sot a au moins le mérite de nous rappeler que l'historien est un être humain, avec ses convictions et ses sympathies qui ne le quittent pas quand il travaille, et que les objets de ses recherches sont aussi des êtres humains dont les motivations sont loin d'être objectives. Cela