XIX

« COGNOSCENS QUODAMMODO FIT VEL EST ALIUD A SE »

La Revue Néo-Scolastique en août 1923 publiait sur cette question un article, où M. Balthasar se déclarait d'accord avec nous quant à la doctrine, mais non quant à la formule. IL nous reprochait de proposer comme expression de la pensée thomiste une formule nouvelle : « cognoscens fit aliud in quantum aliud », qui ne serait pas même en substance chez saint Thomas, ni chez ceux de ses commentateurs que nous avons cités, Cajetan et Jean de Saint- Thomas {art. cit., p. 306-310). Cette formule, ajoutait-il, ne s'appliquerait pas du reste à la connaissance divine, puisqu'il n'y a pas de fieri en Dieu, ni à la connaissance que nous avons de nous-mêmes.

Enfin, paraît-il, elle « prête le flanc à l'agnosticisme métaphysique » , car « Vautre que la connaissance atteint, est autre en tant que tel être, il n'est pas autre absolument, autre en tant que être » (art. cit., p. 296 et 301).

Pour répondre à ces difficultés, il suffit de remettre dans son contexte la formule critiquée, que nous avons employée pour résoudre une objection bien connue des subjectivistes ou idéalistes, relative, non pas à la connaissance divine, mais à la connaissance humaine des objets extérieurs ou extramentaux.

Cette objection idéaliste nous dit : « un dehors, un au delà de la pensée est par définition chose absolument impensable ». On ne pourrait d'ailleurs, ajoute-t-on, jamais vérifier la valeur de la représentation en la comparant avec une chose en soi, extramentale, qui ne peut être atteinte immédiatement.

Nous avons répondu (Dieu, son existence et sa nature, 3d éd. 1920, p. 136) que dans l'acte de connaissance directe la représentation