XII
SAINT BONA VENTURE
ET
s
l'évidence de l'existence de Dieu*>
La raison philosophique vient d'ailleurs et elle va ailleurs ; encore doit-ellp, en tant que raison, conquérir certaines vérités dont le système formera le contenu même de la philosophie. La première, la plus urgente, est l'existence de Dieu ; et c'est peut-être aussi de beaucoup la plus facile à saisir, car elle est de soi très évidente ; mais elle ne l'est qu'à la condition de s'offrir à nous sous un aspect tel que rien ne nous empêche de l'apercevoir.
Trois erreurs peuvent en effet se produire qui nous masquent l'évidence de cette vérité : erreur de conception, erreur de raisonnement, erreur de conclusion. Il se peut d'abord que nous ne comprenions pas pleinement et correctement le sens du mot Dieu ; c'est ce qui se produisait lorsque les païens pensant sous ce terme un attribut de Dieu au lieu de Dieu lui-même, désignaient par là tout être supérieur a l'homme et capable de prévoir l'avenir ; ils se trouvaient autorisés en effet par leur définition incomplète à adorer les idoles et à les prendre pour des dieux sous pré-
*) Les pages qui suivent forment le chap. Ill d'un ouvrage intitulé : La philosophie de saint Bonaventare, et qui doit être publié en octobre 1923 comme tome IV de la collection : Etudes de philosophie médiévale. Paris, Librairie philosophique J. Vrin, éditeur. — Les textes latins auxquels renvoient les notes ont été supprimés dans cet article,
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