Marxisme et intégrisme

Introduction : les termes du problème

Les réactions très vives et contradictoires que soulève dans le monde marxiste et le monde chrétien l'idée même d'un dialogue entre nous, sont très significatives. Elles témoignent, bien sûr, de l'actualité du problème. Mais elles manifestent surtout le pressentiment diffus que l'attitude de dialogue n'est pas quelque chose de superficiel, mais implique une vision de l'existence, de la pensée, de la communauté humaine ; que l'acceptation ou le refus du dialogue est une décision historique ; que si cette acceptation avait lieu, des deux côtés, avec tout ce qu'elle comporte, nous serions à un tournant de l'histoire. La disponibilité au dialogue n'est pas, en effet, une simple décision, qui n'engagerait que la volonté ; c'est une ouverture structurelle, qui engage un système de pensée et une méthode d'action.

Ceux qui estiment que le dialogue doctrinal entre marxistes et chrétiens est impossible, font souvent valoir un argument qui ne manque certainement pas de force. Le marxisme comme le christianisme, disent-ils, sont des systèmes de pensée très organiques. Chacune des affirmations ne peut y être comprise qu'en fonction de l'ensemble. Il est donc exclu que le marxiste et le chrétien puissent arriver à parler le même langage : même quand ils emploieront les mêmes termes, ce ne sera pas pour dire les mêmes choses.

Que faut-il en penser ? Nous croyons pour notre part que cette difficulté est très sérieuse : si la solution en est possible, elle n'est certainement pas simple. Et comme il s'agit d'une difficulté radi-