« Par la science, pour la patrie »,

l'Association française

pour l'avancement des sciences (afas),

1872-1914:

Un projet d'histoire des sciences et de leur diffusion

Hélène Gispert (*)

« Par la science, pour la patrie », tel est le mot d'ordre que s'est donné à sa création, en 1872, l'Association française pour l'avancement des sciences, qui fait l'objet d'une étude poursuivie depuis plusieurs années par un groupe d'historiens, historiens des sciences dites dures, comme des sciences humaines, de philosophes, dans le cadre du groupe d'histoire et de diffusion des sciences d'Orsay (1). Ce mot d'ordre résume, sinon caricature, les intentions de cette association : « Notre but commun c'est l'avancement et la diffusion des sciences ; ou mieux encore, la rénovation de notre pays par les études et l'esprit scientifique. [...] En attendant l'avenir, c'est là qu'il faut d'abord aller chercher la victoire », déclare Armand de Quatrefages, membre de l'Académie des sciences, président du premier congrès qui se tient à Bordeaux en 1872.

Cette première déclaration campe bien le paysage dans lequel va se développer cette initiative de promotion des sciences à l'échelle nationale. Nous sommes aux lendemains de la défaite française de 1870 devant la Prusse et il s'agit de revanche ; c'est un groupe de « Français d'Alsace », comme ils se nomment eux-mêmes, qui est à l'origine de I'afas. L'ambition affichée est la rénovation du pays, et cette tâche mobilise tout à la fois le monde académique et le monde industriel,