LE GRAND APPAREIL DANS LES ÉGLISES DES IXe-XIIe SIÈCLES DE LA GRÈCE DU SUD
Une des caractéristiques de l'architecture de la Grèce du Sud aux ixe-xne s. est l'utilisation d'appareils où les blocs1 ont une place prépondérante. Dès le début du siècle, G. Millet a prêté attention au phénomène2. Un peu plus tard, A. H. S. Megaw3 remarque que, pour établir la chronologie des églises de cette période, il est nécessaire d'en analyser, non pas les plans comme l'avait fait G. Millet, mais les structures. Il ne consacre pourtant que quelques lignes au grand appareil, s'attarde un peu plus sur le parement cloisonné et traite principalement du décor céramoplastique. Si ce dernier a une grande importance pour l'établissement de la chronologie des églises des ixe-xne s. en Grèce, il n'en reste pas moins que l'étude des parements de blocs est tout aussi importante et qu'elle reste à faire.
Dans mon article sur l'église d'Haghia Sotira d'Aniphi4, j'avais proposé une description sommaire de ces appareils sous forme de tableau chronologique. Le présent article se propose d'établir une typologie fixée par une terminologie précise5 s'appuyant sur des critères morphologiques.
Il faut noter ici que la distinction entre l'appareil cloisonné et certains types de grand appareil reste difficile lorsque la brique se mêle aux pierres : il en est ainsi du grand appareil rectangulaire cloisonné ou de l'appareil mixte. Si ces derniers ont été étudiés ici,
(1) Le terme «bloc» est pris ici dans le sens de «pierre de dimensions telles qu'il ne peut être porté par un seul homme», d'après la définition de R. Ginouvès et R. Martin, Dictionnaire méthodique de l'architecture grecque et romaine I (1985) — désormais Dictionnaire — , p. 48. (2) Cf. G. Millet, L'école grecque dans l'architecture byzantine (1916), p. 222-225. Notons cependant que, dans l'esprit de G. Millet, le phénomène n'est important que par rapport à l'utilisation préférentielle de la brique à Constantinople et qu'il traite dans la même démonstration, sans en relever le caractère distinct, du «parement cloisonné». Il est vrai, comme le fait justement remarquer A. H. S. Megaw dans «The Chronology of some Middle-byzantine Churches», BSA 32 (1930-1931) — désormais «Chronology» — , p. 98, que le point de départ de l'étude de G. Millet est Mistra où le parement cloisonné est le seul employé. (3) A. H. S. Megaw, «Chronology», p. 100-101. (4) Cf. G. Hadji-Minaglou, «Hagia Sotira d'Aniphi en Argolide», BCH 108 (1984) — désormais «Hagia Sotira»—, p. 599-614. (5) En l'absence d'ouvrage récent consacré aux techniques de l'architecture byzantine, les termes ont été empruntés, sauf exception, à R. Ginouvès et R. Martin, Dictionnaire.
