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AccueilNuméros141.1Études d’épigraphie thasienne, V

Études d’épigraphie thasienne, V

Théores et archontes thasiens de l’époque hellénistique et impériale : du simple au double
Patrice Hamon
p. 265-286

Résumés

Des documents nouveaux permettent de progresser dans la connaissance des sections tardives des listes de magistrats thasiens, jusqu’ici mal connues. À la basse époque hellénistique, on observe, chez les théores, un phénomène intéressant de duplication : plusieurs collèges figurent à la fois dans la Grande Liste des théores et dans des inscriptions indépendantes, à caractère commémoratif. Trois nouvelles inscriptions de ce type sont ici publiées. Elles permettent de formuler une hypothèse sur la structure de la colonne 14 de la Grande Liste, qui correspond au dernier tiers du iie s. av. J.‑C. Un phénomène analogue de duplication s’observe dans la Grande Liste des archontes au ier s. apr. J.‑C. : à cette époque, les archontes portent, pour la plupart, le titre de « philokaisar kai philopatris », qui doit avoir un lien avec le culte impérial.

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Notes de l’auteur

Mes chaleureux remerciements s’adressent à D. Malamidou, directrice du Musée de Thasos, et aux trois responsables de la fouille du terrain Valma, Fr. Blondé, A. Muller et tout particulièrement D. Mulliez. J’exprime toute ma reconnaissance à Ph. Collet (EFA), à qui sont dues les photographies (sauf indication contraire), à M. Wurch‑Koželj (EFA) pour la fig. 10, et à P. Nigdelis (univ. Aristote, Thessalonique), qui m’a aimablement permis de reproduire la photographie de la fig. 14.

Texte intégral

  • 1 C. Fredrich, IG XII 8 (1909), p. 89‑125, nos 272‑348 ; Pouilloux, Recherches I, p. 238‑262 ; Fr. S (...)
  • 2 J. Fournier, P. Hamon, N. Trippé, « Cent ans d’épigraphie à Thasos (1911‑2011) », REG 124 (2011), (...)

1Les listes monumentales de magistrats de Thasos – archontes et théores – offrent un matériau inépuisable pour l’histoire sociale de la cité. Les fragments de ces catalogues inscrits sont connus depuis longtemps : ils ont été publiés ou republiés par C. Fredrich dans les IG XII 8 (1909) et par J. Pouilloux dans ses Recherches (1954 et 1958) ; ils ont fait par la suite l’objet de nouvelles études, en particulier de la part de Fr. Salviat1 ; mais ils sont encore loin d’être complètement ordonnés et exploitables. Une republication d’ensemble est nécessaire et c’est l’un des objectifs que se fixent les responsables du nouveau Corpus des inscriptions thasiennes, actuellement en chantier2.

  • 3 P. Hamon, « Études d’épigraphie thasienne, IV. Les magistrats thasiens du ive s. av. J.‑C. et le r (...)

2Dans un précédent article, j’ai essayé de faire le point des connaissances sur l’histoire des quatre listes conservées et leur chronologie relative3. La liste des archontes et la liste des théores furent gravées chacune une première fois au ive s., probablement dans les années 360 av. J.‑C. J’ai proposé de les appeler respectivement « Petite Liste des archontes » et « Petite Liste des théores ». Une quarantaine d’années plus tard, elles furent toutes deux interrompues et regravées sur l’agora ou dans ses parages : la première dans le secteur de l’Édifice à paraskènia (GTh 12) ; la seconde sur le mur occidental du Passage dit « des théores » (GTh 46). J’ai proposé de désigner ces versions nouvelles sous le nom de « Grande Liste des archontes » et de « Grande Liste des théores » respectivement. À partir de leur regravure, qui doit se situer vers 330‑320 av. J.‑C., les deux grandes listes restèrent vivantes, si l’on peut dire, pendant plus de cinq siècles, de nouveaux collèges venant s’ajouter à la partie ancienne pendant tout le cours de l’époque hellénistique et les deux premiers siècles, au moins, de l’Empire. Ces parties additionnelles sont mal connues, car les fragments conservés sont difficiles à remettre en ordre. Je voudrais apporter ci‑après une contribution à l’étude de ces sections tardives, en présentant des documents nouveaux (1‑3) et en réexaminant des documents déjà publiés (4‑7).

Théores du iie et du ier s. av. J. C. : documents nouveaux

Les abords Nord-Est de l’agora de Thasos, I. 24

  • 4 Sur cette série de publications, voir Fr. Blondé et al., BCH 112 (1988), p. 247. La sous‑série I c (...)

3La partie initiale de la Grande Liste des théores occupe sept colonnes complètes, qui couvrent chacune une trentaine d’années. Il s’agit de la section la mieux conservée de la liste et, relativement, la mieux connue, allant de l’époque archaïque (viie ou vie s.) à ca 326 av. J.‑C. La partie additionnelle commence au sommet de la colonne 8 et s’étend ensuite sur un nombre indéterminé de colonnes : huit, neuf ou peut‑être dix (autrement dit jusqu’à la colonne 15, 16 ou peut‑être 17). Grosso modo, la colonne 8 couvre le dernier quart du ive s. av. J.‑C., les colonnes 9 à 11 le iiie s., les colonnes 12 à 14 le iie s. (voir tabl. 1) ; la chronologie devient plus incertaine à partir de la colonne 15 (voir infra).

Tableau 1 – Structure d’ensemble et chronologie approximative des colonnes 8 à 14 de la Grande Liste des théores.

Tableau 1 – Structure d’ensemble et chronologie approximative des colonnes 8 à 14 de la Grande Liste des théores.
  • 5 Respectivement IG XII 8, 288 A‑B, 313, 301, 337, 342. Tous ces blocs sont perdus, mais on peut jug (...)
  • 6 IG XII 8 (1909), en particulier le tableau p. 92.
  • 7 Projet ANR « E‑pigramme » (2013‑2015), dirigé par M. Brunet (univ. Lumière Lyon 2), avec la collab (...)

4Reconstituer cette partie additionnelle est une tâche ardue, car plusieurs difficultés se conjuguent. À partir du iiie s., les noms de magistrats sont le plus souvent gravés année après année, si bien que le style d’écriture change sans cesse. La largeur des colonnes tend à s’accroître et leur emprise sur le mur devient irrégulière. En outre, l’état de la documentation est très insatisfaisant. Un grand nombre de blocs furent en effet exhumés et copiés sur place par E. Miller au moment de la fouille, en 1864, mais ils connurent ensuite des destins variés. Miller emporta la plupart des fragments de style « très‑ancien » ou « ancien », appartenant aux colonnes initiales et aux premières colonnes hellénistiques : ils se trouvent aujourd’hui au Louvre. En revanche, il ne préleva que quelques échantillons des blocs d’écriture plus récente et abandonna sur place tous les autres, qui ont depuis lors disparu. Or, s’il copia hâtivement les textes, Miller ne prit aucune mesure, ni ne confectionna aucun estampage. Il se contenta, dans ses notes, de qualifier l’écriture de façon approximative : « lettres du temps d’Alexandre », « belles lettres assez anciennes », « lettres moins belles et moins anciennes que les autres », « à peu près de la même époque », « inscription de l’époque gréco-romaine », etc.5. Pour la plupart des blocs tardo-hellénistiques, ces indications fort imprécises sont la seule information disponible, si bien qu’il est particulièrement difficile de reconstituer la section de la Grande Liste commençant à la colonne 13 (qui correspond au second tiers du iie s. av. J.‑C. environ). C. Fredrich est le seul, dans sa réédition des inscriptions thasiennes dans les IG, à avoir tenté un classement indicatif de tous les blocs de la liste, qu’ils soient conservés ou perdus6, mais son classement est, par la force des choses, encore très imparfait. L’étude architecturale du mur, actuellement conduite par M. Brunet, permettra certainement des progrès7. La moindre information nouvelle peut également se révéler importante pour la compréhension des parties hellénistique et impériale de la liste.

  • 8 Grandjean 2012‑2013, nos 2‑3.
  • 9 Grandjean 2012‑2013, p. 235.
  • 10 Grandjean 2012‑2013, no 4. Voir également infra, nos 3 et 4.
  • 11 Fr. Croissant, Fr. Salviat, « Aphrodite gardienne des magistrats », BCH 90 (1966), p. 461‑463, no  (...)
  • 12 Le bloc Grandjean 2012‑2013, no 2, pourrait présenter une exception. Les collèges A et C figurent (...)
  • 13 Si l’initiative de la gravure était toujours liée à l’octroi de couronnes, elle devait se situer j (...)

5Y. Grandjean a récemment apporté du nouveau en publiant deux blocs inscrits d’époque hellénistique, trouvés en remploi à quelque distance du Passage des théores, dans la forteresse médiévale du port (GTh 5b)8. Ces blocs n’appartiennent pas à la Grande Liste proprement dite, mais ils portent des triades de noms que l’on retrouve à l’identique dans la liste : il s’agit, sans aucun doute possible, de collèges de théores. Ce redoublement épigraphique est énigmatique : « on ne peut préciser les raisons qui ont incité à regrouper sur un même bloc ces noms de théores (…), alors que ceux‑ci figuraient déjà dans le catalogue général »9. Une explication est peut‑être fournie par un bloc également publié par Y. Grandjean et qui comporte, au‑dessous d’un collège, trois couronnes d’olivier alignées en relief10. Il me semble que ces couronnes ont un rapport direct avec l’exercice de la charge de théore. Ce peuvent être les couronnes que ces timouchoi portaient ordinairement dans l’espace public, par exemple lors des fêtes. Mais il paraît préférable d’y voir des couronnes honorifiques, décernées par l’Assemblée aux magistrats méritants, à l’occasion de leur sortie de charge. Un collège thasien de gynéconomes consacra ainsi un groupe statuaire à Aphrodite dans la seconde moitié du ive s. et fit inscrire sur la base une courte dédicace, qui donne leurs trois noms en précisant : στεφανωθέντες ὑπὸ δήμου11. La formule est isolée à Thasos parmi les nombreuses dédicaces de magistrats, mais elle illustre une pratique sans doute banale. Vers la fin de l’année, l’Assemblée examinait la façon dont les magistratures avaient été gérées pendant les douze mois écoulés, récompensait les plus dévoués et alimentait ainsi la compétition politique, avant de procéder à l’élection des nouveaux magistrats. Les inscriptions qui nous intéressent donnent les noms des trois membres d’un collège de théores, en principe dans le même ordre que dans la Grande Liste12, et les mettent en exergue par un cartouche ou une zone retaillée sur la face d’un bloc. Elles ne comportent aucun nom de divinité à laquelle les couronnes auraient été formellement consacrées, si bien qu’elles ne peuvent pas être qualifiées d’inscriptions votives à proprement parler, mais elles avaient vraisemblablement pour fonction de perpétuer le souvenir d’un succès. On pourrait parler, me semble‑t‑il, d’inscriptions à caractère commémoratif13.

  • 14 Le premier cas est GLTh. 14/III ?/(10 ?) : Recherches I, 38, l. 6‑8, dont la copie est Grandjean 2 (...)
  • 15 Voir la démonstration détaillée de Grandjean 2012‑2013, p. 232‑235. L’auteur est resté prudent sur (...)

6Ces doublets ont un grand intérêt pour l’étude des théores de la basse époque hellénistique. Quand un collège apparaît à la fois dans la Grande Liste et sur une inscription commémorative, il est possible de comparer le style de gravure des deux inscriptions, en principe contemporaines. C’est le cas pour un collège situé au sommet de la colonne 14 (vers 130‑125 av. J.‑C.) et pour deux collèges situés au pied des colonnes 14 et 15 (vers 110‑100 av. J.‑C. ?) : on constate que l’écriture est exactement la même d’une version à l’autre14. Quand l’inscription « originale » dans la Grande Liste a entièrement disparu, l’inscription commémorative est le seul témoin et permet, par la paléographie, de conjecturer la date du collège. Quand l’original dans la Grande Liste a été copié par Miller, puis s’est perdu, le collège concerné reste souvent « flottant », mais une inscription-doublet peut conduire à préciser sa place dans telle ou telle colonne de la liste. L’une de ces inscriptions (Grandjean 2012‑2013, no 2) a ainsi permis à Y. Grandjean de resituer dans la Grande Liste trois collèges de théores qui n’étaient connus que par une transcription médiocre de Miller et même de reconstituer une séquence de six collèges dans la partie supérieure d’une colonne. Dans l’état actuel des connaissances et sous réserve de nouveaux progrès dans le classement des blocs, je pense qu’il s’agit de la colonne 14, qui couvre grosso modo le dernier tiers du iie s.15.

  • 16 On trouvera une mise au point récente sur les résultats de la fouille chez A. Muller et al., « Mut (...)

7Ci‑après sont présentées trois inscriptions inédites (1‑3), de type commémoratif, qui viennent s’ajouter à celles publiées par Y. Grandjean. Elles apportent elles aussi des informations utiles sur les colonnes de théores de la basse époque hellénistique. Les blocs en question ont été découverts dans les années 1980, lors de la fouille du terrain Valma, qui est situé au Nord-Est de l’agora, à proximité immédiate du Passage des théores. Depuis lors, la fouille s’est étendue au terrain Kokkinos adjacent, situé au Nord de l’Artémision (THANAR), et a révélé l’existence à cet endroit d’une grande villa protobyzantine (DOM5), avec ses dépendances (voir GTh 51). Le bâtiment remployait dans ses murs un grand nombre de pierres provenant des édifices antiques qui se trouvaient aux alentours, que ce soit le Passage des théores lui‑même, la place dite « des Charites » (PLA11) ou les monuments de l’Artémision et de l’agora. D. Mulliez, qui est avec Fr. Blondé et A. Muller l’inventeur de ces inscriptions, m’en a généreusement confié la publication, ce dont je le remercie16.

  • 17 Fr. Blondé et al., BCH 108 (1984), p. 878. Voir le plan procuré par Fr. Blondé et al., BCH 132 (20 (...)
1 – Musée de Thasos, inv. 3700.
Bloc d’assise de marbre à gros grains. Le lit d’attente, taillé en biais, est plus étroit que le lit de pose ; il comporte un trou de levier à 23 cm du bord gauche. Bandeau d’anathyrose de 3‑4 cm sur les faces de joint gauche et droite (à l’avant et en bas). La face arrière est épannelée. Découvert en août 1983, en remploi dans le mur E’ [= MUR72] qui limitait la cour de service [ESP33] de la villa protobyzantine DOM5 (GTh 51)17 .
H. : 30,5 ; l. : 63 ; prof. : 13/35. Α : h. l. : 2 ; int. : 1,5. Β : h. l. : 1,5 ; int. : 1. Phot. : fig. 1‑3. Un estampage à l’EFA (6553). Collation. Inédit ; repris dans CITh III, 86.
A Ὀλυμπιόδωρος Θρασίππου, (ca milieu du iie s. av. J.‑C. ?)
Διοσκουρίδης Ἀρισταγόρου,
Ἡγῆς Ἀθηνάδου.
B 4 Δημοφῶν Κτησιφῶντος, (ca fin du iie s. av. J.‑C. ?)
Διογένης Δημητρίου,
Ἀθηνάδης Ἡγέω.

8Par sa hauteur (30,5 cm), le bloc pourrait appartenir aux assises supérieures d’un des murs du Passage des théores, mais le lit d’attente est singulièrement étroit : l’attribution à cet édifice demeure donc incertaine. La face antérieure était, à l’origine, traitée en bossage. Elle a été retravaillée, en deux moments successifs, pour accueillir des inscriptions réparties sur deux registres. Sur le registre supérieur, haut de 16 cm, on a sommairement dressé la surface pour graver l’inscription A. Ultérieurement, on a dégagé un second registre, en retaillant la surface sur une hauteur de 14,5 cm et une profondeur de 1,4 cm. L’inscription B y est gravée à l’intérieur d’un cartouche décoré d’anses aux deux extrémités (l. : 56,5 ; h. : 9,5).

Fig. 1 – Inscription 1.

Fig. 1 – Inscription 1.

Cl. Ph. Collet (EFA).

9Chaque registre est occupé par un collège de théores, que l’on peut situer approximativement dans le temps, grâce à des indices prosopographiques et paléographiques ténus, mais concordants.

  • 18 GLTh. 12/VII ?/(26 ?) : IG XII 8, 292 C, l. 25. L’emplacement exact de ce bloc est encore sujet à (...)
  • 19 Le bloc IG XII 8, 299 B, qui est vraisemblablement un des rares fragments connus de la colonne 13, (...)

10Dans l’inscription A, Olympiodôros f. de Thrasippos (l. 1) est certainement apparenté à un certain Thrasippos f. d’Olympiodôros, qui figure dans la colonne 12 de la Grande Liste et fut théore dans le premier tiers du iie s. environ, peut‑être vers 175 av. J.‑C.18. Le style de gravure de la présente inscription, maladroit et irrégulier (fig. 2), laisse penser qu’elle est postérieure à cette date : alpha à barre brisée ; sigma à barres tantôt divergentes, tantôt parallèles ; lettres rondes un peu plus petites que les autres. Par conséquent, notre Olympiodôros est possiblement le fils du théore Thrasippos et se situe en principe une vingtaine ou une trentaine d’années après lui. Autrement dit, dans la Grande Liste, le collège A devait se trouver quelque part dans la colonne 13, qui correspond au second tiers du iie s. Cette colonne est très mal connue19, mais je relève, dans un bloc exhumé par Miller et aujourd’hui perdu (IG XII 8, 300 A, l. 4‑6), les fins de patronymes suivantes, juste après un joint vertical :

[- - - - - - - - - - - - - - - -]|που
[- - - - - - - - - - - - - - - -]|όρου
[- - - - - - - - - - - - - - - -]|

Fig. 2 – Inscription 1 A, détail.

Fig. 2 – Inscription 1 A, détail.

Cl. Ph. Collet (EFA).

  • 20 Le bloc contenait onze lignes gravées, ce qui convient de préférence à une assise de 31 cm (assise (...)
  • 21 Un Aristagoras f. d’Aristodèmos est théore trois ans après Thrasippos f. d’Olympiodôros, soit vers (...)

11Les finales ‑που et ‑όρου sont banales. Elles peuvent cependant convenir à [Ὀλυμπιόδωρος Θρασίπ]που, [Διοσκουρίδης Ἀρισταγ]όρου, [Ἡγῆς Ἀθηνάδου] (le dernier nom, plus court, ne dépassant pas le joint). Je formulerai avec prudence l’hypothèse que le bloc de la Grande Liste IG XII 8, 300 A se situait dans la colonne 1320 et que, partant, l’inscription commémorative A date du deuxième quart ou du milieu du iie s. environ. Si l’hypothèse est juste, l’écart entre le père et le fils semble plus resserré que d’ordinaire. Les deux autres théores de l’inscription A, Dioskouridès f. d’Aristagoras et Hègès f. d’Athènadès, ne sont pas autrement attestés21.

  • 22 GLTh. 14 ?/V à VIII/(?) à (?) : IG XII 8, 302, l. 13‑15.

12Dans l’inscription B, les trois membres du collège sont déjà connus par la Grande Liste des théores. Ils apparaissent, exactement dans le même ordre, sur un bloc copié par Miller : IG XII 8, 30222. Aux l. 13‑15, Fredrich avait édité le texte suivant, d’après la transcription de Miller :

[Δημ]οφῶν Κτησιφ[ῶντος],
[...]ΟΠΕΙΝΗΣΔΙΠ[...],
[...]ΟΠΝΑΔΗΣ[...].

13Il faut rétablir désormais :

[Δημ]οφῶν Κτησιφ[ῶντος],
[Δι]ογένης Δη̣μ̣[ητρίου],
[Ἀ]θ̣η̣νάδης [Ἡγέω].
  • 23 Voir les notes critiques ad IG XII 8, 302 et le tableau p. 92.
  • 24 IG XII 8, 355 (CITh III, 51), l. 25, et 317, l. 2. Le personnage est peut‑être également connu par (...)
  • 25 Grandjean 2012‑2013, no 3 et fig. 4. Voir supra note 13.

14Ce bloc est lui aussi perdu et le type d’écriture est inconnu, si bien qu’il est a priori difficile de replacer ce collège dans telle ou telle colonne de la Grande Liste et de lui assigner une date. Fredrich s’était fondé sur la seule prosopographie pour le situer approximativement dans la seconde partie du iie s. av. J.‑C.23. Le théore Dèmophôn f. de Ktèsiphôn doit en effet être le père de Ktèsiphôn f. de Dèmophôn, magistrat et théore dans la première moitié du ier s. av. J.‑C.24. L’intuition de Fredrich est aujourd’hui confirmée par le troisième nom, déchiffré grâce à la nouvelle inscription B (l. 6) : [Ἀ]θ̣η̣νάδης [Ἡγέω]. Il est évident que cet Athènadès f. d’Hègès est le fils du théore Hègès f. d’Athènadès (ici même en A, l. 3), que j’ai proposé de dater vers le milieu du iie s. Le fils se situe une génération après le père, soit vers la fin du iie s. Si l’on compare les deux collèges gravés sur l’inscription 1, on observe que l’écriture de B est plus soignée, mais plus affectée que celle de A (fig. 3) : lettres à apices, alpha à barre brisée, ômega à ailerons, sigma à barres parallèles, phi à barre très haute – ce qui s’explique par l’écart chronologique qui les sépare. Ajoutons que le cartouche du collège B a exactement la même forme que les cartouches où sont gravés les dédicaces Grandjean 2012‑2013, no 3, elles‑mêmes situées à la fin du iie ou dans le premier tiers du ier s. av. J.‑C.25.

15Le collège de Dèmophôn, Diogenès et Athènadès est donc à placer vers la fin du iie s. Cette datation permet, par ricochet, de proposer un emplacement pour le bloc de la Grande Liste où il figurait également (IG XII 8, 302). Sauf erreur, ce bloc, aujourd’hui perdu, devait se placer dans la colonne 14. Il portait quinze lignes gravées, ce qui convient plutôt aux assises médianes de la colonne, hautes de 38,5 cm (assises V à VIII).

Fig. 3 – Inscription 1 B, détail.

Fig. 3 – Inscription 1 B, détail.

Cl. Ph. Collet (EFA).

  • 26 IG XII 8, 337. Voir infra, p. 283.
  • 27 Recherches II, 221.

16Ce n’est sans doute pas un hasard si Athènadès choisit, avec ses deux collègues, de faire graver l’inscription B juste au‑dessous de l’inscription A, consacrée vingt ou trente ans plus tôt : le but était de placer son nom juste après celui de son père. Est‑il même possible qu’il ait fait disparaître une inscription précédemment gravée, pour s’installer à cet endroit ? On ne peut l’affirmer. En tout cas, la superposition immédiate des deux inscriptions commémoratives donnait à voir la continuité d’une famille de notables. La même intention pourrait expliquer, sur un bloc perdu du Passage, que le collège de [Παράμ]ονος Ἱλάρου soit immédiatement suivi du nom de son fils Παράμονος Παραμόνου τοῦ Ἱλάρου26. On trouve un cas analogue chez les archontes, avec le collège de Παράμονος Σωσίωνος et, immédiatement à gauche sur le même bloc, celui de son fils Παράμονος Παραμόνου τοῦ Σωσίωνος27.

  • 28 La découverte a été brièvement signalée par Fr. Blondé et al., BCH 109 (1985), p. 881.
2 – Musée de Thasos, inv. 3717.
Bloc d’assise de marbre à gros grains. Les quatre faces de joint sont conservées. Au lit d’attente, bandeau d’anathyrose de ca 5 cm à l’avant ; trou de levier à 28,5 cm de la face de joint gauche et à 9 cm de l’arête antérieure. Anathyrose de ca 3 cm sur la face de joint gauche et de ca 7 cm sur la face de joint droite. La face arrière est taillée en coin, comme plusieurs blocs du Mur A‑B du Passage. Sur la face antérieure, les deux angles inférieurs sont endommagés. L’épiderme est très usé dans les deux tiers supérieurs de la face gravée ; la surface a été retaillée pour graver les trois dernières lignes. Découvert le 6 juillet 1984, en remploi dans le même mur de clôture tardif [= MUR72] que l’inscription 128.
H. : 30,5 à g. et 29,8 à dr. ; l. : 44 ; prof. : 39. A‑B (gravées à ca 6 cm de l’arête g.) : h. l. : 2 ; int. : 1,2. (gravée à ca 3 cm de l’arête g.) : h. l. : 1 ; int. : 0,7. Phot. : fig. 4‑5. Un estampage à l’EFA (6568). Collation. Inédit ; repris dans CITh III, 85.
A [- - - - - - -]Σ[- - - - - - -],
[- - - - - - - - - -]ΣΙΟ̣Υ̣,
[- - - - - - - - - - - -]Λ̣E[- -].
B 4 Ἀ̅ ̣[ρ]ιστ[έα]ς Π̣αρμένον[τος], (ca 2e moitié du iie s. av. J.-C. ?)
[- - - - - -] Ἀν[τ]αγοράδου,
[Νύ]μ̣[φις ?] Θερσίωνος.
C Ἑ̅ ̣στιαῖος Μητροδώρου, (ca 2e moitié du iie s. av. J.-C. ?)
8 [Θ]εότιμος νΧαρμ̣ίδ̣ου,
[Πολύτιμ]ο̣ς̣ Ὀρθομένου.
L. 6 : grand M à jambages écartés, indistinct. L. 8 : M déséquilibré et comme penché vers la droite ; Δ très indistinct ; le nom Χαρμίλος est si rare qu’on peut écarter sans hésitation la lecture Χαρμίλου.

Fig. 4 – Inscription 2.

Fig. 4 – Inscription 2.

Cl. Ph. Collet (EFA).

17Le bloc, haut de 30,5 cm, pourrait lui aussi provenir de l’un des murs du Passage des théores, sans certitude. Trois collèges sont gravés dans une écriture de taille et de style à chaque fois différents, sur la surface originelle (et B) ou sommairement ravalée (C). La qualité de la gravure est globalement très médiocre.

18Les trois noms du collège A, gravés très peu profondément, sont presque complètement illisibles : on devine les deux derniers patronymes, peut‑être [Διονυ]σίου et [- - -]λ̣ε[ω].

  • 29 IG XII Suppl. 365 (L. Bricault, RICIS I, 201/0101 ; CITh III, 103), l. 41. Le décret est daté d’un (...)
  • 30 IG XII Suppl. 434 (CITh III, 64), l. 9.
  • 31 IG XII 8, 355 (CITh III, 51), l. 40. Le même nom réapparaît dans un bloc de la Grande Liste des th (...)
  • 32 GLTh. 18 ?/IX ?/(?) : IG XII 8, 309 B, l. 15. Nous reviendrons, dans la publication définitive, su (...)

19Dans le collège figure Aristeas f. de Parmenôn (l. 4), dont le nom apparaît au iie s. parmi les membres d’une association de Sarapiastes29 : il s’agit probablement du même personnage. Le nom Ἀριστέας est au demeurant peu courant dans l’onomastique thasienne, si bien qu’il est possible que le personnage en question soit un parent (père ou bisaïeul ?) d’Hèrakleidès f. d’Aristeas, mnèmôn au ier s. av. J.‑C.30. Le troisième théore du collège (l. 6) porte un patronyme plutôt rare lui aussi, et typiquement thasien : Θερσίων. On connaît au début du ier s. av. J.‑C. un magistrat nommé Thersiôn f. de Nymphis31. Son fils doit être le dénommé Nymphis f. de Thersiôn, théore plus tard au cours du même siècle32. Je propose de reconnaître ici le père du premier et grand‑père du second et de restituer par conséquent [Νύ]μ̣[φις] Θερσίωνος. L’écriture des l. 4‑6 est difficile à distinguer, mais on relève la forme de l’ômega à ailerons.

  • 33 GLTh. 14 ?/II à IV/(?) : IG XII 8, 300 B, l. 20‑22.

20Les trois membres du collège C sont déjà connus par la Grande Liste des théores. Ils apparaissent, exactement dans le même ordre, sur un bloc copié par Miller et perdu depuis lors, IG XII 8, 300 B33 :

Ἑστιαῖος Μητροδ[ώρου],
Θεότιμος Χαρμί[δου],
Πολύτιμος Ὀρθομ[ένου].
  • 34 On peut exclure l’assise I de 29,5 cm, où les noms sont toujours en nombre inférieur.
  • 35 GLTh. 18 ?/IX/(?) : IG XII 8, 309 B, l. 19. Voir supra, n. 32.
  • 36 IG XII 8, 303 B, l. 14. Le nom de Philinos f. de Theotimos réapparaît en IG XII 8, 306 B, l. 17 : (...)
  • 37 IG XII 8, 355 (CITh III, 51), l. 35, et GLTh. 15/IX/(?) : IG XII 8, 298 B, l. 22. Les mêmes noms s (...)

21Le bloc en question portait onze lignes gravées (en deux colonnes adjacentes), ce qui convient de préférence aux assises supérieures, hautes de 31 cm (assises II à IV)34. Miller précisait, à propos de l’écriture : « petites lettres très‑bien gravées, qui paraissent du temps d’Alexandre ». Il faut comprendre que l’inscription date de l’époque hellénistique en général. Dans la nouvelle inscription, la gravure des l. 7‑9 est très peu soignée (fig. 5), mais certaines formes de lettres rappellent l’inscription Grandjean 2012‑2013, no 2, l. 4‑9, qui doit dater de la seconde moitié du iie s. av. J.‑C. (my et sigma à barres divergentes, ômega suspendu à pattes latérales). Parmi les trois théores concernés, Hestiaios f. de Mètrodôros est le parent (grand‑oncle ?) de Mètrodôros f. d’Hestiaios et petit‑fils d’Archeas, qui fut théore à une date indéterminée du ier s. av. J.‑C.35. Theotimos f. de Charmidès (l. 8) n’est pas connu par ailleurs, mais le nom Θεότιμος est si rare à Thasos qu’il pourrait être le père de Philinos f. de Theotimos, théore au ier s. av. J.‑C.36. Polytimos f. d’Orthomenès a toutes chances d’être le père d’Orthomenès f. de Polytimos, qui fut magistrat et théore au ier s. av. J.‑C.37.

Fig. 5 – Inscription 2 C, détail.

Fig. 5 – Inscription 2 C, détail.

Cl. Ph. Collet (EFA).

  • 38 Sur la partie gauche du même bloc (IG XII 8, 300 A), qui est à placer dans la colonne 13, voir sup (...)

22Ce faisceau d’indices permet de situer le collège C dans la seconde moitié du iie s. En outre, on peut en tirer avec prudence la conclusion que le bloc perdu IG XII 8, 300 B se plaçait dans la partie supérieure de la colonne 14 de la Grande Liste (assises II à IV, de préférence assise II)38.

  • 39 La découverte a été signalée par A. Muller, D. Mulliez, BCH 106 (1982), p. 656.
– Musée de Thasos, inv. 3711.
Bloc d’assise de marbre blanc. Les quatre faces de joint, piquetées, sont intactes. Le lit d’attente, peu profond aux deux extrémités (comparer 1), comporte un bandeau d’anathyrose à l’avant (4 cm) et un trou de levier à 29 cm du bord gauche. Les faces de joint gauche et droite comportent un bandeau d’anathyrose de 3 cm à l’avant. Sur la face antérieure, finement dressée, une inscription sur trois lignes surmonte trois couronnes d’olivier alignées (diamètre : 12 cm). L’arrière est fruste. Découvert le 11 juin 1982, dans la couche de destruction de la rue de l’acropole située sur le terrain Valma [RUE2], contre le mur de terrasse G [= MUR86] (voir GTh 51 et fig. 37)39.
H. : 31 ; l. : 56 ; ép. : 20. H. l. : 2 ; int. : 0,7. Phot. : fig. 6‑7. Deux estampages à l’EFA (2814 et 4575). Collation. Inédit ; repris dans CITh III, 88.
Ἐπικράτης v Κτησιφῶντος, (2e moitié ou fin du iie s. av. J.‑C. ?)
Ἀριστοκράτης Νύμφιδος,
Ἀνταγοράδης Φιλίσκου.
couronne couronne couronne

23Le bloc est très comparable, par ses dimensions, au no 1. Nous avons sans aucun doute affaire, ici aussi, à des théores. Les trois magistrats ne firent pas seulement graver leurs noms, mais également trois couronnes. La mise en page est tout à fait similaire à celle de l’inscription Grandjean 2012‑2013, no 4, où trois noms surmontent de même trois couronnes.

Fig. 6 – Inscription 3.

Fig. 6 – Inscription 3.

Cl. Ph. Collet (EFA).

  • 40 Recherches II, 170 et 169 (CITh III, 110 et 111 ; sur la date, voir le commentaire ad loc.).

24Le collège n’est pas connu par ailleurs. Il figurait certainement dans une section perdue de la Grande Liste des théores. Pour le situer chronologiquement, on ne peut raisonner qu’à partir de l’écriture. Les lettres sont grandes, fines et gravées avec soin (fig. 7). On relèvera l’alpha à barre brisée, l’omicron de grand calibre, le pi à haste droite plus courte que la gauche, le sigma à branches parallèles, le phi à petite boucle placée au centre de la haste, l’hypsilon à bras courbes. Ces traits paraissent très proches de ceux qu’on observe dans l’inscription 1 B, datée de la seconde moitié ou même de la fin du iie s. av. J.‑C. Ils rappellent également le style de deux décrets gravés dans les années 120 environ40. Dans la Grande Liste, le collège devait se situer sur un bloc perdu de la colonne 14 ou du début de la colonne 15.

Fig. 7 – Inscription 3, détail.

Fig. 7 – Inscription 3, détail.

Cl. Ph. Collet (EFA).

  • 41 IG XII Suppl. 379 (CITh III, 69), l. 6.
  • 42 GLTh. 10/V/(18 ?) : IG XII 8, 288 B, l. 23 (± 244).
  • 43 IG XII, 8, 311, l. 1 (date incertaine : la pierre est perdue, si bien que l’on ne peut juger de la (...)

25Aristokratès f. de Nymphis (l. 2) a un ascendant du même nom, qui fut apologos dans la première moitié du iiie s.41. Antagoradès f. de Philiskos (l. 3) a lui aussi un ascendant homonyme, son grand-père ou plutôt son trisaïeul, qui fut théore vers le milieu du iiie s.42. Epikratès f. de Ktèsiphôn (l. 1) est vraisemblablement le grand-père d’un personnage homonyme figurant dans la Grande Liste des théores, approximativement au ier s. av. J.‑C.43.

  • 44 La trouvaille a d’abord été signalée dans BCH 78 (1954), p. 203 (« décret honorifique »).
4 – Musée de Thasos, inv. 1146.
Bloc de marbre, brisé à droite. Au lit d’attente, trou de pince. Sur la face de joint gauche, bandeau d’anathyrose. Sur la face antérieure, au‑dessous des noms gravés, une couronne d’olivier intacte à gauche, puis l’extrémité gauche d’une deuxième couronne ; la troisième a disparu à droite. L’angle inférieur gauche a été emporté. Découvert le 13 juillet 1953, devant le portique Sud-Est de l’agora (GTh 17a)44. La pierre semble avoir été égarée, ce qui explique que certaines dimensions n’ont pu être vérifiées.
H. : 33,5 ; l. : 26 ; ép. : 23,5. H. l. : 2 ; int. : 2. Phot. : Recherches I, pl. I, 3 ; fig. 8. Aucun estampage connu. Collation uniquement sur photographie.

Fig. 8 – Inscription 4 (Dunant, Pouilloux, Recherches II, 168).

Fig. 8 – Inscription 4 (Dunant, Pouilloux, Recherches II, 168).

Cl. Archives EFA. Éd. Dunant, Pouilloux, Recherches II, 168 ; CITh III, 89.

26Cette dernière inscription n’est pas inédite. Elle a été publiée en 1958 par J. Pouilloux, avec Chr. Dunant, de la façon suivante :

Λεωσθέ[νης - - - -],
Ἡγήσαν[δρος - - - -],
Σοφοκλ[ῆς - - - -]
couronne
  • 45 Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 18.
  • 46 Voir Y. Grandjean, « Décrets pour des juges thasiens », dans Thasiaca, p. 385‑406. Tous les docume (...)

27Les éditeurs en ont proposé une interprétation surprenante : « [le fragment] ne comporte que trois noms incomplets au‑dessus d’une couronne, mais ce groupe même de trois noms fait penser à une inscription honorifique pour deux juges et leur secrétaire ». Ils voulaient ainsi rattacher ce document au riche dossier relatif aux juges thasiens, mais notaient toutefois que le style d’écriture, apparemment assez tardif, « pourrait faire remettre en question son interprétation »45. Il est vrai qu’à Thasos comme ailleurs, on ne connaît aucune inscription honorifique pour des juges, mais uniquement des décrets de cités étrangères46.

28L’inscription en question est gravée sur un bloc d’assise, de hauteur légèrement différente de celle des blocs publiés ci‑dessus (33,5 cm). La pierre a été découverte dans les environs du Passage des théores, mais il n’est pas certain qu’elle en provienne. En revanche, l’inscription s’apparente très nettement, par sa mise en page, aux documents Grandjean 2012‑2013, no 4 et supra 3 (que Dunant et Pouilloux ne pouvaient pas connaître en 1958). Il faut certainement y reconnaître un collège de théores sortant de charge. On doit restituer trois noms au nominatif, avec leurs patronymes au génitif, au‑dessus d’une rangée de trois couronnes.

  • 47 Voir, de façon provisoire, Grandjean 2012‑2013, p. 238‑239, qui signale d’après M. Brunet et N. Br (...)
  • 48 GLTh. 14/X/(37 ?) : IG XII 8, 306 A, l. 3‑5. Le bloc est aujourd’hui conservé au Louvre (inv. 897a (...)

29Cette interprétation est confirmée par une coïncidence inaperçue avec une section de la Grande Liste des théores. Sur un bloc d’assise haut de 46,5 cm, aujourd’hui situé de façon solide au pied de la colonne 14 (assise X)47, Fredrich avait lu les noms suivants, très effacés à gauche (fig. 9)48 :

ΛΕΩ̣ΣΘΕΝΗΣΔΗΜΗΤΡΙΟΥ
.. ΥΣΑΛΕΞΑΝΔΡΙΔΟΥ
Ι Ι ΛΟΚΛΗΣΑΝΤΙΦΩΝΤΟΣ.

30D’où sa transcription dans les IG XII 8 :

Λεωσθένης Δημητρίου,

[Μ]ῦς Ἀλεξανδρίδου,

Φ̣ιλοκλῆς Ἀντιφῶντος.

Fig. 9 – IG XII 8 306 A, l. 3‑5 (Louvre Ma 897)

Fig. 9 – IG XII 8 306 A, l. 3‑5 (Louvre Ma 897)

Estampage, Archives EFA (cl. de l’auteur).

  • 49 A.‑M. Bon, A. Bon, Les timbres amphoriques de Thasos, ÉtThas IV (1957), p. 96, no 156 (trois exemp (...)
  • 50 Les deux exemples les plus anciens datent du ive s. av. J.‑C. : Recherches I, 96 ; IG II2 33, l. 2 (...)
  • 51 IG XII 8, 312 B, l. 14.
  • 52 IG XII 8, 312 B, l. 17.

31Or le nom Ἀλεξανδρίδης, lu par Miller et Fredrich, n’est attesté qu’une seule fois à Thasos, chez un éponyme amphorique de date indéterminée, au iiie s. av. J.‑C.49. On connaît en revanche plusieurs occurrences du nom Ἀναξανδρίδης50 et même, dans une autre section de la Grande Liste, apparemment plus tardive, un théore nommé Ἡγῆς Ἀναξανδρίδου51. Le nom Φιλοκλῆς est quant à lui inconnu à Thasos, mais on trouve dans la même section tardive de la liste un Σοφοκλῆς Ἀντιφῶντος52.

32Il ne fait à mon avis aucun doute que les trois mêmes théores apparaissent à la fois dans l’inscription 4 et dans la liste IG XII 8, 306 A, l. 3‑5. On lira donc désormais ce dernier passage de la façon suivante :

Λεωσθένης Δημητρίου,
[Ἡγ]ῆ̣ς Ἀν̣α̣ξανδρίδου,
[Σο]φ̣ο̣κλῆς Ἀντιφῶντος.

33Et l’on doit rééditer en conséquence le texte 4 de la façon suivante :

Λεωσθέν[ης Δημητρίου], (ca 100 ou 1re moitié du ier s. av. J.‑C. ?)
Ἡγῆς Ἀνα̣[ξανδρίδου
], Σοφοκλ[ῆς Ἀντιφῶντος].
L. 1 : Λεωσθέ[νης], Dunant, Pouilloux (D.‑Plx) ; le N est visible. L. 2 : Ἡγήσαν[δρος - - -], D.‑Plx ; au bord de la cassure à dr., pied g. d’un A.
  • 53 Grandjean 2012‑2013, p. 235.

34Le collège doit se placer à la fin de l’époque hellénistique. La chronologie des théores est cependant fort difficile à établir dans ce secteur de la Grande Liste, car on y observe des perturbations. Y. Grandjean a montré que deux collèges situés dans les colonnes adjacentes 14 et 15, à la même assise IX, ne sont pas séparés d’une trentaine d’années, comme on s’y attendrait, mais sont grosso modo contemporains53. La progression n’est donc plus strictement verticale, allant du haut en bas d’une colonne, puis de même à la colonne suivante. On progresse désormais çà et là horizontalement, de la gauche vers la droite. Il devient dès lors très délicat d’assigner une date, même approximative, à un collège situé dans cette zone. Or c’est précisément le cas du collège de Leôsthenès, Hègès et Sophoklès, qui se place à la colonne 14, presque tout en bas, à l’assise X. Si une logique strictement verticale était encore respectée, il faudrait le dater de la charnière entre le iie et le ier s. av. J.‑C. Mais puisqu’une logique horizontale vient s’insinuer dans ce secteur, il convient d’être très prudent à propos de la date.

  • 54 IG XII Suppl. 385 (ier s. av. J.‑C. avancé ?). A.‑J. Reinach, CRAI 1912, p. 229, a restitué Χρυ[ση (...)
  • 55 IG XII Suppl. 383. Il n’y a pas d’élément solide qui permette de dater de façon indépendante le sc (...)
  • 56 Voir P. Hamon, « Études d’épigraphie thasienne, II », BCH 133 (2009), p. 283‑284, sur la base des (...)

35On manque par ailleurs de points d’appui prosopographiques. Hègès f. d’Anaxandridès (l. 2) et Sophoklès f. d’Antiphôn (l. 3) eurent apparemment tous deux des petits‑fils homonymes, Hègès f. d’Anaxandridès le Jeune et Sophoklès f. d’Antiphôn le Jeune. Ces derniers apparaissent dans le bloc IG XII 8, 312 B, qui est perdu, mais semble correspondre à la seconde moitié du ier s. av. J.‑C. En effet, Hègès le Jeune pourrait être le frère de Chrysè fille d’Anaxandridès, laquelle se vit consacrer une statue dans l’Artémision par son mari Philophrôn54. Sophoklès le Jeune est vraisemblablement le fils d’Antiphôn f. d’Euryménidès, qui dédia à Artémis une statue de sa mère Arè55 ; il doit être le frère d’Euryménidès f. d’Antiphôn, théore à la même époque que lui ; il eut enfin deux fils, Antiphôn et Eurymenidès, qui moururent dans la fleur de l’âge, peut‑être à l’époque augustéenne56.

  • 57 On trouve ce type d’ômega cursif précisément dans la même section de la liste des théores : GLTh.  (...)

36Je formulerai, avec réserve, l’hypothèse que le collège de Leôsthenès, Hègès et Sophoklès se situe approximativement au début du ier s. av. J.‑C. L’inscription commémorative no 4, gravée au même moment, surprend par l’aspect négligé de son écriture : epsilon et ômega lunaires, empruntés à la cursive57 ; sigma à barres horizontales ; grandes lettres rondes ; phi à toute petite boucle. Il me semble qu’elle peut convenir à la date proposée.

37Les trois inscriptions publiées par Y. Grandjean et les quatre inscriptions éditées ou rééditées ci‑dessus constituent une série. Elles révèlent une pratique qu’on n’avait pas soupçonnée jusqu’ici. À partir de la seconde moitié du iie s. et peut‑être jusqu’à la fin du ier s. av. J.‑C., certains collèges de théores ne se contentèrent pas de voir leurs noms gravés sur le mur A‑B du Passage, dans la Grande Liste des théores. Ils redoublèrent leur présence épigraphique dans l’espace public en faisant graver par ailleurs une inscription commémorative, créant un effet de miroir ou d’écho. Comme Y. Grandjean l’a indiqué, il n’est pas possible pour l’instant de déterminer à quel endroit ces inscriptions-doublets se situaient, mais il pourrait s’agir d’un lieu situé dans les environs de la Grande Liste elle‑même, sur l’extrémité droite du mur A‑B ou sur le mur qui lui faisait face (C‑D), voire sur un ou plusieurs édifices voisins.

38Une fois ce phénomène identifié, on doit prendre garde que d’autres inscriptions du même type peuvent avoir été méconnues. Parmi les blocs exhumés en 1864 et perdus, connus par les seules copies de Miller, rien n’exclut que se cachent des triades qui se rattachent, non pas à la Grande Liste comme on l’a toujours cru, mais à la série parallèle des inscriptions commémoratives. C’est une difficulté supplémentaire à prendre en compte dans l’étude de la Liste et les tentatives de la reconstituer.

  • 58 Republiée dans CITh III, 50, avec un commentaire plus détaillé. J’ai longuement discuté de ce docu (...)
  • 59 Sur la nature de ce document, identifiée par Fr. Salviat, voir Grandjean 2012‑2013, p. 248‑249, n. (...)

39Nonobstant ces obstacles, les inscriptions inédites 13, combinées aux conclusions d’Y. Grandjean, permettent de progresser dans l’étude des colonnes 13 et 14 de la Grande Liste des théores. Les nouveautés les plus importantes concernent la colonne 14 (tabl. 2). J’ai formulé plus haut des hypothèses qui ne sont ni assurées, ni définitives, loin s’en faut, mais qui me paraissent confortées par une inscription thasienne d’un autre type : IG XII 8, 35458. Il s’agit d’une liste de quelque quarante noms, qui comprend vraisemblablement l’ensemble des magistrats thasiens d’une seule et même année, toutes fonctions confondues59. L’année en question doit se situer quelque part dans le troisième quart du iie s. av. J.‑C. La plupart des magistrats enregistrés dans ladite liste, les uns encore jeunes, les autres plus avancés en âge, devinrent par la suite théores, puisqu’on les retrouve sur les assises de la colonne 14, les uns après les autres, à mesure que l’on descend dans la colonne. Ces Thasiens forment un groupe d’individus plus ou moins contemporains, mais d’âges différents, dont les carrières s’enchaînèrent entre les années 130 et la toute fin du iie s., voire l’orée du ier s. av. J.‑C. La liste IG XII 8, 354 permet ainsi, comme un fil rouge prosopographique, de vérifier la cohérence de la colonne 14, telle que l’on peut actuellement la reconstituer.

  • 60 Les blocs perdus sont signalés entre crochets droits. L’astérisque (*) indique qu’un collège est c (...)

Tableau 2 – Structure hypothétique des colonnes 13 et 14 de la Grande Liste des théores60.

Colonne 13 (ca 170‑135) Colonne 14 (ca 135‑100)
I (h. 29,5) ? [IG XII 8, 303 A] ?
II (h. 31) [IG XII 8, 300 A*] ? [IG XII 8, 300 B*] ?
III (h. 31) ? Recherches I, 38*
IV (h. 31) ? [IG XII 8, 334*]
V (h. 38,5) ? ?
VI (h. 38,5) IG XII 8, 299 B ? [IG XII 8 302*] ?
VII (h. 38,5) ? ?
VIII (h. 38,5) ? ?
IX (h. 46,5) Relief des Nymphes IG XII 8, 298 A*
X (h. 46,5) IG XII 8, 306 A *

Archontes et philokaisares kai philopatrides au début de l’époque impériale

  • 61 J’ai essayé de faire le point sur ce dossier, en cours d’étude, dans BCH 139‑140 (2015‑2016), p. 7 (...)

40Les listes thasiennes présentent un autre cas de duplication. Il concerne cette fois‑ci les trois archontes annuels, principaux magistrats de Thasos, à fonction d’éponymes. La Grande Liste des archontes sur marbre gris, qui se dressait non loin du Passage des théores, dans le secteur de l’Édifice à paraskènia (GTh 12), est beaucoup moins bien conservée que celle des théores61. Au moment de son inauguration à la fin du ive s. av. J.‑C., elle comprenait neuf colonnes. Elle fut complétée par la suite, de façon plus ou moins régulière. Une dizaine de colonnes additionnelles couvraient l’époque hellénistique, dont nous ne possédons plus que quelques fragments épars, difficiles à replacer. Les sections d’époque impériale sont un peu mieux connues, grâce à des blocs inscrits découverts en remploi dans la Basilique de l’agora (GTh 13) et en particulier grâce à un grand fragment de plaque qui doit se rattacher au même ensemble (fig. 10).

Fig. 10 – Plaque inv. 789 (vignette) et fragment a.

Fig. 10 – Plaque inv. 789 (vignette) et fragment a.

Les lettres restituées sont en trait fin et gris clair. Éch. 1/5 (vignette : éch. 1/20).

Relevé M. Wurch‑Koželj (EFA).

  • 62 Les paragraphoi séparant les triades ne sont visibles que dans la partie inférieure, très effacée, (...)
  • 63 Cette hypothèse repose essentiellement sur l’analogie avec les parties antérieures de la Grande Li (...)

41La plaque en question (Recherches II, 205) porte une liste de collèges, composés de trois membres62. Ils ne peuvent être des théores, car le lieu et, surtout, le support ne conviennent pas. Il faut par conséquent reconnaître en eux des archontes. La plaque, reconstituée à partir de trois fragments jointifs, est mutilée à gauche et complète en hauteur. Elle comptait au moins deux colonnes, et plus vraisemblablement trois (A, B et C)63, de 75 lignes chacune, soit 25 collèges d’archontes – autrement dit, 25 années par colonne. La colonne de gauche (A), si elle a bien existé, est entièrement perdue. De la colonne centrale (B) ne subsistent que quelques fins de patronymes. La colonne de droite (C) est intacte, mais très effacée dans ses deux tiers inférieurs. L’édition procurée par J. Pouilloux (avec Chr. Dunant) en 1958 peut être améliorée. Le document sera republié et commenté dans son intégralité dans le Corpus des inscriptions de Thasos, avec le reste des fragments de la Grande Liste des archontes. À titre préliminaire, je donne ci‑après le texte, revu sur la pierre et amendé, de la partie supérieure de la colonne C (fragment a, l. 1‑20). Toute la partie inférieure est pour ainsi dire indéchiffrable.

5 – Musée de Thasos, inv. 789 a. 
H. : 80,5 (h. totale de la plaque : 225) ; l. (cons.) : 45,5 ; ép. : 10,5/12. H. l. : 2,2 ; int. : 1,2. Phot. : Recherches II, pl. XIX, 1 ; fig. 10‑11. Un estampage à la Maison de l’Orient méditerranéen (Lyon). Collation.
[. . .]ογένης Ὀνησίμου · (1)
[. . .]ος · Ἀρτώριος · Τέρτιος ·
[. . .]Λ̣ιος · Εὐφρίλλου ·
4 [̅Φιλό]φ̣ρων · Λεωδάμαντος (2)
[Ἀντ]ίοχος · Ἐπικούρου ·
[. . . .]τος · Ἀβλουπορεως ·
̅[Ἀφρ]οδείσιος · Ἀ̣φ̣[ρ]οδεισί[ου] (3)
8 [. . . .]ιμος · Ἡρ̣[α]κ̣λείδο̣[υ] ·
[Ἀντ]ίπατρος · [Σ]εύθ̣ο̣υ̣ ·
̅[. . . .]κράτης · Δ[ιο]ν̣[υ]σίου ·
̅[. . . .]κράτης · Δ[ιο]ν̣[υ]σίου · (4)
[Παρά]μ̣ονος · Π[αραμό]ν̣ου̣ ·
12 [Πυθ]ί̣ων · Ἱκε[σ]ί̣[ου] ·
̅[Ἀπολλ]ώνιος Π[ερ]σ[α]ίου · (5)
[Ἄλκι ?]μος Αἴσχ[ρωνο]ς ·
[Ἀντί]γονος Ἀντι[γόνο]υ · (6)
16 ̅[Σάμ]ος · Σάμου ·
[Αὖλο]ς̣ Σήϊος · Ἀντ[ίγονος] ·
[. . . . . .]ρ̣ας · Κτησ̣̣ι̣[φῶντο]ς ·
[̅Γάϊος Ἰ]ο̣ύλιος Ε̣[- - - - -] · (7)
20 [. . . . . . .]. ΟΣ̣. [- - - - - -] ·
κτλ.
L. 1 : [Θε]ογένης vel [Δι]ογένης, Pouilloux (Plx) ; le nom est plus long : [Πυθ]ογένης, [Μην]ογένης vel [Ἑρμ]ογένης. L. 2 : vraisemblablement [Γάϊ]ος ; [Αὖλ]ος est également possible. L. 3 : [...]λιος, Plx ; plutôt que Λ, la 1re lettre conservée pourrait être A, bien qu’on ne distingue pas la barre médiane : e.g. [Τίμ]α̣ιος vel [Ἑκατ]α̣ῖος. L. 4 : [Φιλό]φρων, Plx d’après Recherches II, 230. L. 8 : peut-être [Ὀνήσ]ιμος. L. 13 : Πραξίου, Plx. L. 14 : Αἰσχ[ύ]λ[ου], Plx ; le Σ final est visible : Αἰσχ[ρίωνο]ς vel Αἴσχ[ρωνο]ς ; [Ἄλκι ?]μος Αἴσχ[ρωνο]ς, suppleui d’après Recherches I, 34 B, (+ P. Bernard, Fr. Salviat, BCH 86 [1962], p. 580, no 1), l. 48. L. 16 : [...]ος. Σάμου τοῦ - - - -, Plx ; je ne distingue aucune trace de τοῦ. L. 17 : [Αὖλ]ο̣ς̣ Σήϊος Ἀν[τίγονος], Plx d’après IG XII 8, 326, l. 1-2. L. 18 : Κτησ̣ίλ̣ ̣[λου], Plx ; le Σ final est visible. L. 19 : [- - - Ἰ]ούλιος Ν̣[- - - -], Plx ; je distingue la haste verticale et peut‑être deux barres horizontales qui s’en détachent : d’où Ἑ̣ [καταῖος ?] d’après Recherches II, 225, l. 11‑13. L. 20 : [- - - - Πολ]υ̣κλ̣ῆτος ?, Plx : extrêmement indistinct ; avant l’O, extrémité dr. de la barre supérieure horizontale : Γ, E, Σ ou T.
  • 64 Voir p. ex. : la dédicace de la prêtresse de Livie BCH 130 (2006), p. 501, fig. 1 (entre 14 et 29 (...)

42Cet extrait de liste enregistre sept collèges successifs, gravés d’une seule main, donc de façon rétrospective. Le style des lettres (fig. 11) est comparable à celui d’inscriptions situées dans la première moitié du ier s. apr. J.‑C. environ64. J. Pouilloux a en outre relevé quelques rencontres prosopographiques (l. 4 et l. 12), qu’il est possible de préciser et de compléter.

Fig. 11 – Inscription 5.

Fig. 11 – Inscription 5.

Cl. Ph. Collet (EFA).

  • 65 Recherches II, 230, sans illustration (h. : 42 ; l. : 62 ; ép. : 21 ; h. l. : 2 à 2,5). Un estampa (...)
  • 66 Comparer la gravure très voisine, sinon identique, de l’inscription honorifique Recherches II, 180 (...)
  • 67 IG XII Suppl. 444 et 388.

43L’auteur des Recherches a suggéré avec réserve que Philophrôn f. de Leôdamas (l. 4) était identique au personnage du même nom qui apparaît seul, qualifié du titre de φιλόκαισαρ καὶ φιλόπατρις, sur un carreau de marbre65. La pierre en question, remployée au début du xxe s. dans une maison moderne, est aujourd’hui perdue, mais les archives de l’EFA en conservent un estampage, dont la fig. 12 donne une photographie inédite. Le style de gravure confirme que l’inscription est sans doute assez proche chronologiquement de la grande plaque qui nous intéresse66. Par ailleurs, il est possible que Philophrôn soit un parent – peut‑être le frère – de Kômis fille de Léôdamas, connue par l’exèdre dite « de Limendas » (milieu du ier s. apr. J.‑C. ; GTh 44), ou de Hèrô fille de Leôdamas (ier s. apr. J.‑C.), voire des deux67.

Fig. 12 – Recherches II, 230.

Fig. 12 – Recherches II, 230.

Estampage, Archives EFA.

  • 68 H. Seyrig, « Quatre cultes de Thasos », BCH 51 (1927), p. 178‑233, part. 218 (suivi par Pouilloux, (...)
  • 69 Y. Grandjean et al., « Antiquités thasiennes de la Collection Papageorgiou », BCH 97 (1973), p. 15 (...)
  • 70 Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 51‑52.

44Dans le même collège que Philophrôn figure un archonte dont le père porte un nom remarquable, Ἀβλουπορις (l. 6). Les noms thraces, très sporadiques dans l’épigraphie thasienne classique et hellénistique, se multiplient dans les épitaphes à l’époque impériale, mais semblent appartenir à des individus de rang plutôt modeste68. Ils ne sont pas courants, en revanche, parmi les membres de l’élite figurant dans les listes. On ne connaît qu’un seul autre Ablouporis à Thasos, père de deux défunts connus par une épitaphe assez médiocre, de la seconde moitié du ier s. apr. J.‑C. environ69. Par ailleurs, Ἀβλουπορις (vel Ἀβρουπορις) est le nom de plusieurs princes sapéens mal connus du iie et du ier s. av. J.‑C.70. Le personnage de la l. 6 n’était pas le premier venu à Thasos, puisqu’il devint archonte. Sous toutes réserves, on pourrait se demander s’il n’était pas apparenté à ces dynastes.

  • 71 Recherches II, 176, l. 2. Le même personnage est l’auteur d’une dédicace édilitaire, par testament (...)
  • 72 G. Daux, « Une épitaphe thasienne », BCH (1958), p. 314‑318, avec les remarques complémentaires de (...)

45Comme Pouilloux l’a bien vu, Pythiôn f. d’Hikesios (l. 12) doit être le fils d’un personnage important de la fin du ier s. av. J.‑C., Hikesios f. de Pythiôn, qui fut ambassadeur des Thasiens auprès du proquesteur de Macédoine L. Sestius Quirinalis en 44‑4271. Pythiôn fut archonte une première fois, comme l’indique la liste, puis une seconde fois, avant de mourir à soixante‑huit ans, comme le précise l’épigramme funéraire gravée sur l’imposant sarcophage qu’il se fit construire à l’Ouest de la ville72.

  • 73 J. Fournier, St. Dadaki, « Hèrôdès fils de Samos et sa famille », BCH 136‑137 (2012‑2013), p. 269‑ (...)
  • 74 IG XII 8, 379, avec le commentaire de J. Fournier (n. 73), p. 280‑281.

46L’archonte Samos f. de Samos (l. 16) a de fortes chances d’être membre d’une famille de notables récemment étudiée par J. Fournier73. On suit les membres de ce clan thasien sur cinq générations. Le premier attesté, peut‑être à l’époque d’Auguste ou des premiers Julio‑Claudiens, est un certain Samos (I) f. d’Hèrôdès, qui consacra avec son fils Hèrôdès un édifice public de nature indéterminée : Σάμος Ἡ[ρῴδου καὶ Ἡρῴδης] Σάμου τὸ [- - - -] ἐκ τῶν ἰδίων74. Sur le même bloc architectural figure une seconde dédicace, de style voisin, mais non identique. Elle doit compléter la première et il me semble qu’elle émane, non du même Samos et de son fils Hèrôdès, mais de ses deux fils Hèrôdès et Samos : Ἡρώδης καὶ Σ[άμος Σάμου ? τὰ ἐργα ?]στήρια καὶ τὸ Γ[- - -]. Si l’hypothèse est exacte, notre archonte Samos f. de Samos serait le frère cadet d’Hérôdès. On peut situer la carrière des deux frères dans la première moitié du ier s. apr. J.‑C. environ.

  • 75 Le document est brièvement évoqué par Y. Grandjean, Le rempart de Thasos, ÉtThas 22 (2011), p. 365 (...)
  • 76 Recherches II, 204 B, l. 8, avec les remarques de J. Fournier (n. 73), p. 282‑283 sur la chronolog (...)
  • 77 Un certain Alkimos f. d’Aischrôn fut archonte en ± 292 av. J.‑C. : GLArch. 11/(3 ?) : Recherches I (...)

47Apollônios f. de Persaios (l. 13) est peut‑être le frère d’un archonte mentionné dans une dédicace édilitaire inédite du tout début de l’époque impériale75. Il doit par ailleurs être le père d’un certain Persaios f. d’Apollônios, qui fut à son cours archonte dans la seconde moitié ou vers la fin du ier s. apr. J.‑C.76. Dans son collège, Apollônios a pour collègue un archonte dont le nom est mutilé : [....]μος Αἴσχ[ρωνο]ς. Il est fort tentant de restituer [Ἄλκι]μος, car la combinaison des anthroponymes Ἄλκιμος et Αἴσχρων est attestée dans une famille d’archontes et de théores au iiie s. av. J.‑C.77. Si l’hypothèse est correcte, on a ici un bel exemple de continuité familiale de la haute époque hellénistique jusqu’au début de l’époque impériale.

  • 78 Sur l’origine du gentilice, très répandu en Italie et dans différentes provinces, voir W. Schulze, (...)
  • 79 Antigonos : IG XII 8, 326, l. 1‑2 (avec l’illustration dans Recherches I, pl. XXVII, 2). Thraseas  (...)
  • 80 Les deux autres C. Julii de Thasos, connus par leurs épitaphes, sont nettement plus tardifs, à en (...)
  • 81 Recherches II, 225, l. 11‑13.
  • 82 Le nom Παγκρατίδης n’est pas si courant qu’il y paraît dans l’onomastique thasienne. On ne peut do (...)
  • 83 P. Hamon (n. 56), p. 285‑286.

48Pour finir, relevons que l’on compte, parmi ces dix‑neuf archontes, trois citoyens romains – un nombre encore modeste. Le premier, un certain [C. ?] Artorius Tertius (l. 2), descend peut‑être d’une famille d’hommes d’affaires italiens78. Le second, A. Seius Antigonos (l. 17), fut non seulement archonte, mais aussi théore ; d’après son cognomen grec, il pourrait être un affranchi, comme son contemporain A. Popilius Thraseas, prêtre de Zeus Sebastos79. Le troisième, C. Julius […] (l. 19), est selon toute vraisemblance un Thasien devenu citoyen romain par la volonté d’Octavien/Auguste. La documentation thasienne ne fait connaître par ailleurs qu’un seul C. Julius au ier s. apr. J.‑C.80. Il figure dans une liste de magistrats, qui sont certainement des archontes : Γάϊος Ἰο[ύ]λιος Πα[γ]κρατί[δου υἱὸς] Ἑκαταῖος, τὸ δεύτερον, φιλόκαισαρ καὶ φιλόπατρις81. Né Hekataios f. de Pankratidès82 et devenu C. Julius Hekataios, il se démarqua pour avoir exercé l’archontat à deux reprises et reçu le titre de « philokaisar kai philopatris ». J’ai émis naguère l’hypothèse, évidemment fragile, que ce Thasien distingué par Auguste pourrait être le poète Hekataios de Thasos, qui rédigea l’épigramme funéraire d’une jeune Thasienne décédée vers le début du ier s. apr. J.‑C.83. Le C. Julius qui apparaît dans notre liste d’archontes 5, à la l. 19, en tête d’un collège, portait un cognomen qui a presque entièrement disparu : Pouilloux avait cru lire un N initial ; je ne vois que la haste gauche, dont se détachent peut‑être, en haut et en bas, deux barres horizontales très évanides : Ἑ̣ [καταῖος] ? La restitution doit impérativement rester conjecturale. Il n’est cependant pas impossible qu’il s’agisse ici du premier des deux archontats de C. Julius Hekataios, un personnage d’une certaine ampleur dans la Thasos des premiers Julio‑Claudiens, qu’il soit identique ou non au poète.

  • 84 P. Bernard, Fr. Salviat, « Inscriptions de Thasos », BCH 86 (1962), p. 584‑586, no 7 et fig. 8.

49D’après ce faisceau d’indices, on peut estimer que les dix‑neuf archontes en question, couvrant l’espace de sept années, furent en fonction dans le premier tiers du ier s. apr. J.‑C. environ. Ils sont en fait connus par ailleurs. Dans un article de 1962, P. Bernard et Fr. Salviat ont brillamment établi un raccord entre deux fragments d’un carreau inscrit, appartenant vraisemblablement à l’Édifice à paraskènia (fig. 13). Il portait une liste de magistrats distingués du titre de φιλόκαισαρ καὶ φιλόπατρις. Le texte ainsi reconstitué est le suivant84 :

Fig. 13 – Inscription 6.

Fig. 13 – Inscription 6.

Cl. Archives EFA.

[- - - - - - - - - - - - Δι]ο̣ν̣[υ]σ̣ίου
[φιλοκαίσαρες καὶ] φιλοπάτριδες
- - - - - - - - - - - - - -μου
4 - - - - - - - - - - - - - -ος
[φιλοκαίσαρες καὶ φι]λοπάτριδες
- - - - - - - - - - - - - -λου
[φιλόκαισαρ καὶ φιλό]πατρις
8 - - - - - - - - - - - - - -μαντος
- - - - - - - - - - - - - -ύρου
- - - - - - - - - - - - - -ορεως
[φιλοκαίσαρες καὶ φι]λοπ[ά]τριδες
  • 85 P. Bernard, Fr. Salviat, ibid., p. 584.

50Les éditeurs ont justement relevé : « l’écriture est celle du ier s. apr. J.‑C. Ce fragment de liste a été gravé en trois fois »85. Un élément est cependant resté inaperçu. Les terminaisons des six patronymes, aux l. 3‑4, 6 et 8‑10, y compris un nom thrace en ‑ορις, sont exactement identiques à celles des six premiers archontes de la liste 5. Il s’agit sans aucun doute possible des deux mêmes collèges. On rééditera donc le fragment de la façon suivante :

6 – Musée de Thasos, inv. 1546 (a) + 530 (b).
H. (cons.) : 48,5 ; l. (cons.) : 73 ; ép. (cons.) : 10,7. A : h. l. : 3,2 ; int. : 1,7. B : h. l. : 2,8 ; int. : 1,1. C : h. l. : 2,8 ; int. : 0,8. Phot. : fig. 13. Aucun estampage connu. Collation.
A ̅[- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -] (0)
[- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -]
[- - - - - - - - - - - | Δι]ο̣ν̣[υ]σίου,
[φιλοκαίσαρες καὶ]| φιλοπάτριδε[ς].
B ̅[. . . ογένης Ὀνησ|ί]μου, (1) Relief
4 [. . . ος Ἀρτώριος Τέρτ|ι]ος,
[φιλοκαίσαρες καὶ φι]|λοπάτριδες,
[. . . λιος Εὐφρίλ]|λου,
[φιλόκαισαρ καὶ φιλό]|πατρις.
C 8 [̅Φιλόφρων Λεωδά]|μαντος, (2)
[Ἀντίοχος Ἐπικο]|ύρου,
[. . . . τος Ἀβλουπ]|ορεως,
[φιλοκαίσαρες καὶ φι]|λοπ[ά]τριδες.
L. 3 : [Πυθογένης], [Μηνογένης] vel [Ἑρμογένης]. L. 4 : vraisemblablement [Γάϊος].
  • 86 Voir L. Robert, Hellenica XI‑XII (1960), p. 569‑576 ; N. Giannakopoulos, « Remarks on the honorary (...)
  • 87 Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 97‑98 et p. 126. Sur le titre κοσμόπολις, voir J. Fournier (n (...)
  • 88 Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 121. Sur les titres φιλόκαισαρ et φιλοσέβαστος, voir K. Buras (...)
  • 89 Sur le culte impérial à Thasos, voir les pages synthétiques de J. Fournier, REG 124 (2011), p. 219 (...)

51Comme on le sait, l’octroi de titres honorifiques est une pratique caractéristique de l’époque impériale, bien attestée dans un grand nombre de cités de l’Orient grec. Les titres étaient attribués par l’Assemblée en récompense de bienfaits et constituaient un enjeu important dans la compétition pour le prestige que se livraient les membres de l’élite civique86. À Thasos, la gamme des titres existants est variée et sans doute hiérarchisée : πατὴρ δήμου, πατὴρ πόλεως, πρῶτος τῆς πόλεως, υἱὸς τῆς βουλῆς, κοσμόπολις, μέγας εὐποσιάρχης87. Le titre le plus précoce et le plus courant est celui de φιλόκαισαρ καὶ φιλόπατρις. Il apparaît à partir de l’époque d’Auguste. J. Pouilloux a suggéré qu’il entretenait un rapport avec le culte impérial – une hypothèse intéressante, mais difficile à prouver88. J. Fournier a bien montré comment, sous les règnes d’Auguste et de Tibère, les Thasiens mirent en place le culte du Prince et l’étendirent progressivement aux divers membres de la Domus Augusta89. Outre la construction ou l’aménagement des lieux, le culte occasionnait certainement des cérémonies et des dépenses multiples lors des fêtes et autres jours anniversaires. Si le titre qui nous intéresse a bien un rapport avec le culte impérial, était‑il octroyé par la cité de façon officielle, en reconnaissance de mérites ou de bienfaits ? Ou bien signalait‑il l’appartenance à une association de citoyens activement engagés dans la promotion et l’organisation de ce nouveau culte ? La documentation thasienne ne permet pas de répondre fermement à ces questions. Je croirais cependant que la junctura φιλόκαισαρ καὶ φιλόπατρις indique qu’il s’agit plutôt d’une distinction civique et officielle.

  • 90 L. Robert, cité par Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 119‑120, no 229.
  • 91 L. Robert, Les gladiateurs dans l’Orient grec (1940), p. 108. Sur les archiereis civiques, voir M. (...)

52Sur le bloc fragmentaire 6, la scène en relief gravée en regard de l’un des collèges (le premier ?) livre peut‑être un indice sur l’activité des Thasiens « dévoués à César et à leur patrie » (fig. 13). Elle a été identifiée par L. Robert comme une venatio entre un bestiaire et un animal à sabots, peut‑être un taureau. Robert ajoutait qu’il convenait de « mettre la représentation sculptée en rapport avec un personnage du catalogue : rappel d’un munus offert par lui »90. Or on sait que les combats de gladiateurs faisaient couramment partie du programme des festivités du culte impérial et que le coût des spectacles était souvent assumé par les grands-prêtres civiques. On possède à Thasos un riche dossier de documents sur les familiae de gladiateurs entretenues par des notables du ier s. apr. J.‑C., qui étaient vraisemblablement des grands-prêtres91. Rien n’interdit de penser que les frais du culte, divers et variés, incombaient à ces grands-prêtres, mais peut‑être également à plusieurs autres acteurs de la vie civique, par le biais de magistratures à caractère liturgique ou par des actes volontaires de participation financière.

  • 92 Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 117‑121.

53Les six archontes du bloc à relief qui nous intéresse portent tous le même titre de φιλόκαισαρ καὶ φιλόπατρις. La plupart des autres documents thasiens qualifiés de « listes de philokaisares kai philopatrides » ont été découvertes sur l’agora, dans la même région de l’Édifice à paraskènia. Il est vraisemblable, comme l’avait pressenti J. Pouilloux, que toutes ces inscriptions sont en fait des fragments de listes d’archontes92. Il faut peut‑être en tirer la conclusion qu’il existait à Thasos un lien entre la charge d’archonte et le titre de φιλόκαισαρ καὶ φιλόπατρις. Les candidats élus à l’archontat se voyaient‑ils imposer les dépenses (ou certaines dépenses) du culte impérial, de façon officielle ou par une forme de pression sociale, et le titre leur était‑il octroyé à la sortie de charge ? Ou bien les archontes étaient‑ils recrutés parmi les citoyens les plus éminents, et en particulier parmi ceux à qui leur engagement en faveur du régime impérial ou du culte impérial avait déjà valu l’obtention de ce titre honorifique ? La présence quasi systématique du titre dans les fragments de listes d’archontes en question me ferait pencher vers la première hypothèse, sans certitude.

  • 93 IG XII 8, 383 ; Recherches II, 225 ; ibid., 227 ; BCH 86 (1962), p. 584‑586, no 7. On ne peut se p (...)
  • 94 Comparer IG XII 8, 384, où le titre appartient à deux personnes (ou trois si le texte est mutilé e (...)
  • 95 Rappelons, à titre de point de repère chronologique, que C. Julius Hekataios, dont il a été questi (...)

54Il reste à expliquer une singularité. Dans la plupart des exemples thasiens connus, le titre φιλόκαισαρ καὶ φιλόπατρις est individuel93. Dans le collège de Philophrôn f. de Leôdamas, au contraire, il est attribué aux trois membres collectivement (6, l. 8‑11). Dans le collège précédent (6, l. 3‑5), on fait la différence entre les deux premiers, qui partagent le titre, et le troisième, […] f. d’Ablouporis, qui le porte pour lui‑même94. Ce distinguo a certainement un sens. Si l’on retient l’hypothèse que l’archontat et le titre sont liés, il pourraît s’expliquer par la nature ou la hauteur des bienfaits consentis. Autrement dit, il existait peut‑être un seuil à atteindre pour obtenir ladite distinction. Les frais auraient ainsi été couverts par un seul individu ou répartis le cas échéant entre deux ou trois personnes. Quoi qu’il en soit, la pratique ne dura qu’un temps, comme Pouilloux l’a relevé, car les neuf fragments de listes et autres documents thasiens où figure le titre φιλόκαισαρ καὶ φιλόπατρις sont tous datés, par la paléographie ou la prosopographie, de la 1re moitié du ier s. apr. J.‑C. environ95.

  • 96 P. M. Nigdelis, Ἐπιγραφικὰ Θεσσαλονίκεια (2006), p. 41‑45, no 2 (AE 2006, 1268 ; SEG LVI 741 ; IG (...)

55Il faut leur adjoindre un dixième document, apparu récemment comme par miracle. P. Nigdelis a publié en 2006 une curieuse inscription trouvée à Thessalonique, dans un terrain de la rue Mitropoleôs (fig. 14)96. Sur un très grand bloc d’assise de marbre à gros grains, brisé à gauche, est gravée une série de noms.

Fig. 14 – Inscription 7 (Musée de Thessalonique.

Fig. 14 – Inscription 7 (Musée de Thessalonique.

Cl. Archives P. M. Nigdelis.

  • 97 Les volumes parus du LGPN recensent onze occurrences du nom Λύητος, dont dix à Thasos et une à Cam (...)
  • 98 Le bloc est gravé jusqu’à l’arête inférieure, ce qui signifie qu’il se plaçait au‑dessus d’une aut (...)
  • 99 B. Kallipolitis, D. Lazaridis, Ἀρχαῖαι ἐπιγραφαὶ Θεσσαλονίκης (1946), no 3 (Recherches II, 393 ; P (...)

56Manifestement, les noms commençaient plus haut et se poursuivaient plus bas. Les individus enregistrés sont tous Grecs, sauf un, qui est citoyen romain. Plusieurs de ces individus portent le titre de φιλόκαισαρ καὶ φιλόπατρις, seuls ou par groupes. Le titre n’était pas connu jusqu’ici dans l’épigraphie de Thessalonique, mais l’éditeur a attribué l’inscription à cette cité, en y voyant un précieux témoignage sur l’engagement de l’élite locale en faveur du nouveau régime impérial. La conclusion était parfaitement logique, mais, à y regarder de plus près, elle inspire le doute. On constate en effet que l’inscription, par sa mise en page en triades centrées, rappelle de près les carreaux du bâtiment thasien sur lequel sont gravés des collèges d’archontes (avec ou sans le titre honorifique en question). Plus encore, les quatre noms grecs conservés sont tous connus à Thasos et l’un d’entre eux, Λύητος (l. 10), est très nettement épichorique, alors qu’il est inconnu à Thessalonique97. Le style de gravure, enfin, est très comparable à celui des inscriptions étudiées plus haut. Je suis convaincu qu’il s’agit d’une pierre errante venue de Thasos et peut‑être plus précisément de l’Édifice à paraskènia98. Aussi surprenant que cela puisse paraître à première vue, elle n’est pas la seule à avoir fait le long voyage par mer de Liménas à Thessalonique, comme le prouvent d’autres exemples99. D’après la photographie, je propose de rééditer le texte comme suit :

7 – Musée archéologique de Thessalonique, inv. 11331.
H. : 68 ; l. (cons.) : 216 ; ép. : 27,5. H. l. : 2,5/4 ; int. : 1,5. La surface a été légèrement recreusée pour graver les noms du collège B. Collation uniquement sur photographie.
A [- - - - - - - - - - - - -]O[- - - - -]
[φιλόκ]α̣ι̣σ̣α̣ρ̣ καὶ φιλό̣πατρις,
[Θεογ]έ̣νης Διονυσ[ίο]υ̣
4 [φιλόκαισ]αρ καὶ φιλόπατρις.
[ (vac.) ]
B [ὁ δεῖνα] Ἡρακλείδου,
[ὁ δεῖνα Ἡρ]ακλείδου,
[(praenomen) - -]. ος Μάξιμος,
8 [φιλοκαίσαρες κα]ὶ̣ φιλοπά-
[τριδες].
[ (vac.) ]
C [ἡ δεῖνα - - - - - - -ο]υ̣ ?, γυνὴ δὲ Λυήτου,
12 [- - - - - - - - - - - - - - - -],
[Παράμονος Παραμόνου ?] τ̣οῦ Ἱλάρου,
[φιλοκαίσαρες καὶ φιλοπάτριδες ?].
L. 3 : [- - - -]έ̣̣νης, Nigdelis ; [Θεογ]έ̣̣νης, suppleui. L. 10 : l’Y paraît incertain : la barre oblique dr. est invisible. L. 12 : [Παράμονος Παραμόνου ?], suppleui.
  • 100 IG XII 8, 325 A, l. 9. Le bloc est aujourd’hui perdu, mais on peut déterminer son emplacement. Dan (...)
  • 101 IG XII 8, 315, l. 2‑3 (Εὔτυχος Εὐτύχου τοῦ Θεοδα[- - - ?]) ; 335, l. 6‑7 (Ἀπολλοφάνης Ἀπολλοφάνου (...)
  • 102 IG XII 8, 337, l. 4‑5 : Παράμονος Παραμόνου τοῦ Ἱλάρου. Cf. supra, p. 256.
  • 103 On notera qu’un Paramonos f. de Paramonos figure parmi les archontes de la liste Recherches II, 20 (...)

57Il s’agit de trois collèges, gravés chacun d’une main différente, mais à la même époque environ, c’est‑à‑dire dans la 1re moitié du ier s. apr. J.‑C., d’après le style de l’écriture. Ils ne se succèdent pas nécessairement du haut vers le bas, car rien n’empêche de penser qu’on a procédé dans l’ordre inverse, en occupant peu à peu l’espace disponible sur le mur. Dans le collège Α, à la l. 3, je crois qu’il est permis de reconnaître le père (ou un ascendant plus éloigné) de Dionysios f. de Theogenès, qui fut théore à une date indéterminée, peut‑être au ier s. apr. J.‑C.100. Dans le collège C, le deuxième ou troisième membre porte un papponyme : [- - -] τοῦ Ἱλάρου (l. 12). L’usage du papponyme est très rare dans les listes thasiennes. Il ne sert pas à étirer avec orgueil une généalogie, mais à distinguer des homonymes entre eux ou bien à caractériser des individus portant le même nom que leur père101. On ne connaît que deux attestations de l’anthroponyme Ἵλαρος à Thasos, dont l’une est précisément en position de papponyme : elle concerne un certain Paramonos fils de Paramonos et petit‑fils d’Hilaros, qui fut théore à une date difficile à situer102. Il est fort tentant de reconnaître le même individu dans l’archonte de la l. 12103.

  • 104 Sur la participation limitée des femmes à la vie publique, cf. Dunant, Pouilloux, Recherches II, p (...)
  • 105 Les trois théores exerçaient, semble‑t‑il, une sorte de tutelle sur l’ensemble des cultes civiques (...)
  • 106 IG XII 8, 526, l. 6, et BCH (1981), p. 191‑192, no 15 (SEG XXXI 791). Ces documents datent au plus (...)
  • 107 J. Pouilloux (n. 72), p. 294‑295 ; R. van Bremen (n. 104), p. 114‑115.
  • 108 J. Pouilloux, ibid., p. 295.
  • 109 L’accession des femmes aux hautes charges, et spécialement à la magistrature éponyme, est une nouve (...)

58L’information la plus intéressante est la présence, parmi ces magistrats thasiens, d’une femme (C, l. 10). Elle semble figurer en tête d’une triade et porte peut‑être de surcroît, elle aussi, le titre de φιλόκαισαρ καὶ φιλόπατρις (on ne peut le vérifier). La participation des Thasiennes aux prêtrises et autres fonctions religieuses est bien documentée, mais elle est nouvelle en ce qui concerne les magistratures, en tout cas à une époque aussi précoce104. Aucune autre femme ne figure dans les fragments conservés de listes d’archontes. Aucune n’apparaît non plus parmi les théores, dont la liste est mieux connue105. J. Pouilloux avait remarqué autrefois cette absence, mais n’excluait pas qu’une évolution ait pu se produire et que des Thasiennes aient pu quelquefois, à partir du début de l’époque impériale, assumer de hautes charges. Son intuition se fondait sur des mentions sporadiques et tardives de la fonction d’ἀρχεῖτις106 et surtout sur l’épigramme funéraire du couple formé, au ier s. apr. J.‑C., par Pythiôn f. d’Hikesios (voir 5, l. 12) et sa femme Epikydilla. En termes poétiques – donc ambigus –, l’épigramme célèbre les époux pour avoir « à deux reprises exercé l’archontat pour le bien de leurs concitoyens» (δὶς ἄρξαντές τε πολείταις)107. Supposant qu’Epikydilla avait peut‑être elle‑même été archonte, Pouilloux commentait : « une double charge d’archonte, exercée doublement, (…) méritait en vérité d’être citée parmi les actions méritoires d’une longue vie commune»108. La possibilité d’un archontat féminin est aujourd’hui confirmée par la nouvelle inscription thasienne découverte à Thessalonique109.

  • 110 J. Fournier, BCH 130 (2006), p. 499‑507 (SEG LVI 1020) ; IG XII 8, 380 ; Fr. Salviat, BCH 83 (1959 (...)
  • 111 Voir supra n. 56. La famille de Lyètos et celle de Sophoklès sont alliées, puisqu’elles partagent (...)

59La Thasienne anonyme qui figure ici à la l. 10 était certainement une personnalité en vue. Ses contemporaines, plus ou moins proches, sont Kômis fille de Stilbôn et épouse d’Hikesios, Hekataia épouse d’Euphrillos, et bien entendu Èpiè fille de Dionysios – parangon des grandes « dames » de Thasos110. Elle‑même, dont le nom et le patronyme ont disparu, est l’épouse d’un certain Lyètos. Ce nom est typiquement thasien, on l’a dit. Il apparaît à plusieurs reprises dans les listes de magistrats et autres documents publics. Un Dionysodôros f. de Lyètos fut hieromnèmôn à l’époque julio-claudienne et l’on connaît son épitaphe111. Sous toute réserve, il se pourrait que notre archeitis soit l’épouse de ce Lyètos et la mère de Dionysodôros.

Conclusion

60Revenons, pour finir, au problème d’où nous sommes partis, à savoir les phénomènes de duplication. À partir de la basse époque hellénistique, la Grande Liste des théores est gravée dans un style éclectique, quelquefois fort négligé, ponctuellement soigné : on la complétait au fur et à mesure, sans doute année après année, en respectant les colonnes, puis peu à peu de façon plus désordonnée, en occupant les parties basses du mur A‑B du Passage des théores, à droite et ensuite à gauche. En outre, certains collèges de théores apparaissent une seconde fois, dans des inscriptions commémoratives, gravées dans un lieu de leur choix et éventuellement accompagnées de couronnes en relief. Comme on l’a vu plus haut, nous connaissons treize exemples de ces doublets.

  • 112 On ne peut juger de la gravure qu’à partir de la colonne de droite (C), la seule qui subsiste. Sup (...)

61Parallèlement aux théores, les collèges d’archontes étaient gravés au fur et à mesure sur l’Édifice à paraskènia. Au début de l’époque impériale, sinon un peu plus tôt, cette gravure ne se fait plus de façon ordonnée, en colonnes, mais apparemment dans le même désordre que chez les théores : le style est changeant ; la disposition paraît aléatoire, progressant tantôt verticalement, tantôt horizontalement ; les triades occupent les endroits les plus visibles, puis les espaces laissés vacants ; on ajoute çà et là des titres honorifiques ou des fonctions secondaires, voire des scènes en relief. À l’instar des théores, il peut arriver que les mêmes collèges d’archontes soient gravés deux fois, comme le prouve le recoupement entre la plaque 5 et le bloc 6, concernant deux collèges successifs. Cet exemple de duplication est le seul connu à ce jour pour les archontes, mais cela doit être dû au hasard des trouvailles. L’analogie avec les théores est cependant trompeuse, car nous n’avons pas ici une liste principale d’un côté et quelques inscriptions commémoratives de l’autre, pour certains collèges seulement. Chez les archontes, il semble que nous ayons plutôt deux listes : l’une qui prolifère, de façon plus ou moins anarchique, sur les carreaux de l’Édifice à paraskénia, et qui perd peu à peu sa nature de catalogue ; l’autre qui se déploie chronologiquement sur la plaque Recherches II, 205 (dont 5 est extrait), rigoureusement structurée en colonnes et gravée en une seule fois par le même graveur112. Pourquoi cette répétition ? Il est possible que, vers la fin de l’époque hellénistique, on ait laissé la liste des archontes se développer un certain temps de manière « sauvage », puis que les autorités thasiennes aient décidé d’intervenir, en faisant ériger une grande plaque à caractère récapitulatif. Sans doute élaborée à partir des archives publiques, celle‑ci présente les collèges des derniers cinquante ou soixante‑quinze ans écoulés, dans une mise en page soignée où l’emprise de chaque colonne est délimitée par une ligne de points verticaux à gauche et à droite. L’identité de chaque archonte est réduite à son idionyme et son patronyme ; les éléments adventices, comme les titres honorifiques, disparaissent.

  • 113 Voir le commentaire de J. Fournier (n. 73), p. 282‑283 sur les deux blocs Recherches II, 204.
  • 114 Fr. Salviat, BCH 83 (1959), p. 363‑364 (SEG XVIII 343), l. 21‑22 : τῆς ἀπὸ τῶν προγόνων εὐγενείας (...)
  • 115 Sur les rapports de Thasos et d’Auguste, voir J. Fournier, BCH 130 (2006), p. 499‑518, et id., « E (...)

62La plaque Recherches II, 205 prenait ainsi le relais de la Grande Liste des archontes d’époque hellénistique, peut‑être après une interruption de plusieurs décennies. Fut‑elle suivie d’une autre plaque, structurée de la même façon et complétée régulièrement ? Rien n’est moins sûr, car on observe que, dès la fin du ier s. apr. J.‑C., la gravure des collèges isolés reprend de plus belle sur les carreaux de l’Édifice à paraskènia, dans le plus grand désordre semble‑t‑il113. Au moment où elle fut inaugurée, dans la première moitié du ier s. apr. J.‑C., la plaque Recherches II, 205 était un monument visant à exposer deux ou trois générations d’archontes et à renouer avec la tradition thasienne des grandes listes bien ordonnées. On sait que les membres de l’élite locale avaient une conscience aiguë de leur εὐγένεια et des mérites de leurs πρόγονοι. Cet orgueil est particulièrement sensible dans les documents du début de l’époque impériale, comme les décrets pour Èpiè114. À sa manière, la grande plaque aux trois colonnes reflète peut‑être, chez les notables thasiens, un esprit de restauration caractéristique de la période d’Auguste et des premiers Julio‑Claudiens115.

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Bibliographie

CITh III = P. Hamon, Documents publics du ive siècle et de l’époque hellénistique, Corpus des inscriptions de Thasos III, à paraître.

Dunant, Pouilloux, Recherches II = Chr. Dunant, J. Pouilloux, Recherches sur l’histoire et les cultes de Thasos, II : de 196 avant J.‑C. jusqu’à la fin de l’Antiquité, ÉtThas V (1958). Les inscriptions publiées dans cet ouvrage sont désignées par la simple référence : e.g. « Recherches II, 205 ».

Grandjean 2012‑2013 = Y. Grandjean, « Inscriptions de Thasos », BCH 136‑137 (2012‑2013), p. 225‑268.

GTh = Y. Grandjean, Fr. Salviat, Guide de Thasos, 2e éd. (2000) ; trad. grecque mise à jour, 2012.

Pouilloux, Recherches I = J. Pouilloux, Recherches sur l’histoire et les cultes de Thasos, I : de la fondation de la cité à 196 avant J.‑C., ÉtThas III (1954). Les inscriptions publiées dans cet ouvrage sont désignées par la simple référence : e.g. « Recherches I, 38 ».

Thasiaca = Thasiaca, BCH Suppl. V (1979).

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Notes

1 C. Fredrich, IG XII 8 (1909), p. 89‑125, nos 272‑348 ; Pouilloux, Recherches I, p. 238‑262 ; Fr. Salviat, « Les archontes de Thasos », dans Actes du VIIIe Congrès international d’épigraphie grecque et latine. Athènes, 3‑9 octobre 1982 (1984), p. 235‑258 ; id., « Les colonnes initiales du catalogue des théores et les institutions thasiennes archaïques », dans Thasiaca, p. 107‑127.

2 J. Fournier, P. Hamon, N. Trippé, « Cent ans d’épigraphie à Thasos (1911‑2011) », REG 124 (2011), p. 205‑226, et J. Fournier, P. Hamon, M.‑G. Parissaki, « Recent epigraphic research in Thasos, Aegean Thrace & Samothrace (2005‑2015) », Archaeological Reports 61 (2014‑2015), p. 75‑93, part. p. 75‑83.

3 P. Hamon, « Études d’épigraphie thasienne, IV. Les magistrats thasiens du ive s. av. J.‑C. et le royaume de Macédoine », BCH 139‑140 (2015‑2016), p. 67‑125. En attendant une publication définitive, j’ai proposé, ibid., p. 90, de désigner les collèges d’archontes et de théores par le système de référence suivant : nom abrégé de la liste/colonne/assise/numéro de collège dans la colonne/référence bibliographique actuelle, soit par exemple GLTh. 7/VII/(29) : IG XII 8, 278 E, l. 67‑69 (331 av. J.‑C.).

4 Sur cette série de publications, voir Fr. Blondé et al., BCH 112 (1988), p. 247. La sous‑série I comprend les trouvailles épigraphiques : pour I.1, voir Y. Grandjean, Fr. Salviat, ibid., p. 249‑276.

5 Respectivement IG XII 8, 288 A‑B, 313, 301, 337, 342. Tous ces blocs sont perdus, mais on peut juger du degré de précision du qualificatif « ancien » quand Miller l’applique à des blocs qui, eux, sont conservés : p. ex. IG XII 8, 292 A (colonne 10, ca 240 av. J.‑C.) et 306 A (colonne 14, ier s. av. J.‑C.).

6 IG XII 8 (1909), en particulier le tableau p. 92.

7 Projet ANR « E‑pigramme » (2013‑2015), dirigé par M. Brunet (univ. Lumière Lyon 2), avec la collaboration de N. Bresch, architecte (IRAA, CNRS).

8 Grandjean 2012‑2013, nos 2‑3.

9 Grandjean 2012‑2013, p. 235.

10 Grandjean 2012‑2013, no 4. Voir également infra, nos 3 et 4.

11 Fr. Croissant, Fr. Salviat, « Aphrodite gardienne des magistrats », BCH 90 (1966), p. 461‑463, no 2 (CITh III, 75).

12 Le bloc Grandjean 2012‑2013, no 2, pourrait présenter une exception. Les collèges A et C figurent dans le même ordre que dans la Grande Liste (GLTh. 14/III‑IV ? : Recherches I, 38 + IG XII 8, 334). Ceux du collège B sont peut‑être dans un ordre différent, si l’on suit la copie de Miller : voir le commentaire d’Y. Grandjean, ad loc.

13 Si l’initiative de la gravure était toujours liée à l’octroi de couronnes, elle devait se situer juste après l’exercice de la charge. Or, comme Y. Grandjean me le fait remarquer, le document Grandjean 2012‑2013, no 3 pose à cet égard un problème, car il présente deux collèges différents (par conséquent datés de deux années différentes) qui semblent gravés d’un seul et même style (donc au même moment ?). Il ne faut peut‑être pas chercher une seule et unique explication au phénomène étudié.

14 Le premier cas est GLTh. 14/III ?/(10 ?) : Recherches I, 38, l. 6‑8, dont la copie est Grandjean 2012‑2013, no 2, l. 1‑3. Le second cas est GLTh. 14/IX/(31 ?) : IG XII 8, 298 A, l. 1‑3, et GLTh. 15/IX/(34 ?) : IG XII 8, 298 B, l. 23‑25, dont la copie est Grandjean 2012‑2013, no 3 A et B.

15 Voir la démonstration détaillée de Grandjean 2012‑2013, p. 232‑235. L’auteur est resté prudent sur l’identification du numéro de la colonne.

16 On trouvera une mise au point récente sur les résultats de la fouille chez A. Muller et al., « Mutations et permanence architecturale au cœur de Thasos », CRAI 2012, p. 1855‑1889. Deux autres blocs ont été découverts dans la fouille, qui appartiennent à la Grande Liste des théores proprement dite (colonne 1 et colonne indéterminée). J’en prépare la publication.

17 Fr. Blondé et al., BCH 108 (1984), p. 878. Voir le plan procuré par Fr. Blondé et al., BCH 132 (2008), p. 733‑735 et fig. 10.

18 GLTh. 12/VII ?/(26 ?) : IG XII 8, 292 C, l. 25. L’emplacement exact de ce bloc est encore sujet à discussion. La date proposée est donc approximative.

19 Le bloc IG XII 8, 299 B, qui est vraisemblablement un des rares fragments connus de la colonne 13, permet d’observer la gravure, avec difficulté. Les quelques lettres conservées me paraissent avoir un air de parenté avec celle de la présente inscription (l. 1‑3) : omicron plus petit que les autres lettres, sigma à branches ouvertes, hypsilon à bras assez écartés.

20 Le bloc contenait onze lignes gravées, ce qui convient de préférence à une assise de 31 cm (assise II, III ou IV), située dans la partie haute de la colonne. Il ne peut s’agir de l’assise I, car le premier collège, dans la colonne de droite (IG XII 8, 300 B, l. 1‑2), est amputé de son premier membre, qui était gravé sur l’assise supérieure : cf. infra.

21 Un Aristagoras f. d’Aristodèmos est théore trois ans après Thrasippos f. d’Olympiodôros, soit vers ± 172 : GLTh. 12/VIII/(29) : IG XII 8, 293 C, l. 35 (même incertitude pour l’emplacement et pour la date que dans la note 18). Le lien de parenté avec Dioskouridès f. d’Aristagoras n’est qu’une possibilité, tout à fait incertaine.

22 GLTh. 14 ?/V à VIII/(?) à (?) : IG XII 8, 302, l. 13‑15.

23 Voir les notes critiques ad IG XII 8, 302 et le tableau p. 92.

24 IG XII 8, 355 (CITh III, 51), l. 25, et 317, l. 2. Le personnage est peut‑être également connu par une stèle à relief, épitaphe ou plutôt dédicace : IG XII 8, 453, l. 1. On relèvera par ailleurs que l’aïeul du théore de la l. 4 est connu comme éponyme amphorique sur des timbres de type récent classés par M. Debidour, « Étudier le commerce des amphores thasiennes: quelques remarques à propos des trouvailles autour du Pont‑Euxin (iveiie s. av. J.‑C.) », dans Ch. Tzochev, T. Stoyanov, A. Bozkova (éds), Production and trade of amphorae in the Black Sea (PATABS II) (2011), p. 35‑53, dans le groupe XVII (ca 202‑193) : Κτησιφῶν Δη(μοφῶντος).

25 Grandjean 2012‑2013, no 3 et fig. 4. Voir supra note 13.

26 IG XII 8, 337. Voir infra, p. 283.

27 Recherches II, 221.

28 La découverte a été brièvement signalée par Fr. Blondé et al., BCH 109 (1985), p. 881.

29 IG XII Suppl. 365 (L. Bricault, RICIS I, 201/0101 ; CITh III, 103), l. 41. Le décret est daté d’un archonte, Léônidès (l. 23), qui a de bonnes chances d’être Leonidès f. d’Arist[- - -], théore dans la seconde moitié du iie s. : GLTh. 14 ?/II ou IV/(5) ou (11 ?) : IG XII 8, 300 B, l. 15, où je propose de corriger la lecture de Miller ΑΞΩΝΙΔΗΣ en Λεωνίδης.

30 IG XII Suppl. 434 (CITh III, 64), l. 9.

31 IG XII 8, 355 (CITh III, 51), l. 40. Le même nom réapparaît dans un bloc de la Grande Liste des théores : GLTh. 14 ?/VII ?/(24 ?) : IG XII 8, 301, l. 4. Miller y avait copié ΘΕΟΣΙΩΝΝΥΜΦΙΔΟΣ et transcrit Θεοσίων Νύμφιδος; Fredrich a indûment corrigé en Θεό⟨φρ⟩ων : il s’agit certainement de Θερ̣σίων. La place du bloc doit encore être déterminée, si bien que l’identification avec le magistrat du même nom n’est pas assurée. Le nom reparaît encore une fois, semble‑t‑il, sur un bloc lui aussi difficile à replacer : IG XII 8, 305 B, l. 18 ([Θερσί]ων Νύμ[φιδος]).

32 GLTh. 18 ?/IX ?/(?) : IG XII 8, 309 B, l. 15. Nous reviendrons, dans la publication définitive, sur le problème complexe des colonnes hypothétiquement situées à l’extrême droite du mur (colonnes 17 et 18).

33 GLTh. 14 ?/II à IV/(?) : IG XII 8, 300 B, l. 20‑22.

34 On peut exclure l’assise I de 29,5 cm, où les noms sont toujours en nombre inférieur.

35 GLTh. 18 ?/IX/(?) : IG XII 8, 309 B, l. 19. Voir supra, n. 32.

36 IG XII 8, 303 B, l. 14. Le nom de Philinos f. de Theotimos réapparaît en IG XII 8, 306 B, l. 17 : il s’agit en principe du fils du précédent et donc éventuellement de l’arrière-petit-fils de Théotimos f. de Charmidès.

37 IG XII 8, 355 (CITh III, 51), l. 35, et GLTh. 15/IX/(?) : IG XII 8, 298 B, l. 22. Les mêmes noms se sont transmis dans la famille pendant une très longue période, puisqu’un certain Polytimos f. d’Orthmenès, fut apologos à une date nettement antérieure, vers le milieu du iiie s. av. J.‑C. : IG XII Suppl. 405 (CITh III 72), l. 4.

38 Sur la partie gauche du même bloc (IG XII 8, 300 A), qui est à placer dans la colonne 13, voir supra, p. 254. Une fois admise l’hypothèse d’un emplacement d’IG XII 8, 300 B dans la colonne 14, il faut essayer de l’articuler à la séquence des blocs Recherches I, 38 et IG XII 8, 334, reconstituée par Grandjean 2012‑2013, p. 233. Si le bloc était situé à l’assise II, il était suivi de Recherches I, 38 (assise III) et d’IG XII 8, 334 (assise IV). L’autre possibilité est que Recherches I, 38 et IG XII 8, 334 aient occupé les assises II et III, suivis d’IG XII 8 300 B à l’assise IV. Je préfère la première hypothèse. Le bloc IG XII 8, 303 A, qui a des chances d’occuper l’assise I de cette colonne, a en effet un dernier collège qui est incomplet ([- - -]κος Διονυσίου / […], […]). Il pourrait aisément se combiner avec IG XII 300 B, dont le premier collège est incomplet lui aussi ([…], / Πόλυς Πολυστράτου, Μίδας Ἀνταγο[ράδου]). En revanche, le dernier collège d’IG XII 8, 334 est complet, d’après la copie de Miller et se combine mal, par conséquent, avec un bloc commençant par les deux derniers noms d’une triade.

39 La découverte a été signalée par A. Muller, D. Mulliez, BCH 106 (1982), p. 656.

40 Recherches II, 170 et 169 (CITh III, 110 et 111 ; sur la date, voir le commentaire ad loc.).

41 IG XII Suppl. 379 (CITh III, 69), l. 6.

42 GLTh. 10/V/(18 ?) : IG XII 8, 288 B, l. 23 (± 244).

43 IG XII, 8, 311, l. 1 (date incertaine : la pierre est perdue, si bien que l’on ne peut juger de la gravure). Les noms associés ne sont pas les mêmes qu’ici, ce qui prouve qu’il s’agit d’un collège différent et, selon toute vraisemblance, de deux personnes distinctes.

44 La trouvaille a d’abord été signalée dans BCH 78 (1954), p. 203 (« décret honorifique »).

45 Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 18.

46 Voir Y. Grandjean, « Décrets pour des juges thasiens », dans Thasiaca, p. 385‑406. Tous les documents de la même catégorie sont republiés, avec quatre inédits, dans CITh III, 112‑125. J’ai signalé mes doutes sur l’interprétation de Dunant et Pouilloux dans BCH 123 (1999), p. 175, n. 1. La présente réinterprétation a été annoncée par Grandjean 2012‑2013, p. 240, n. 38.

47 Voir, de façon provisoire, Grandjean 2012‑2013, p. 238‑239, qui signale d’après M. Brunet et N. Bresch qu’à droite du relief d’Apollon, la gravure descend plus bas que dans la partie gauche et occupe les deux premières assises de 46,5 cm (IX et X), sous la dernière assise de 38,5 cm (VIII).

48 GLTh. 14/X/(37 ?) : IG XII 8, 306 A, l. 3‑5. Le bloc est aujourd’hui conservé au Louvre (inv. 897a). Je remercie M. Brunet de m’avoir procuré la photographie du bloc, faite autrefois par M. Chuzéville. Les lectures d’E. Miller, RA 1866, p. 277‑278, no 23, sont moins étendues que celles de Fredrich, mais il avait déjà lu et transcrit Ἀλεξανδρίδου.

49 A.‑M. Bon, A. Bon, Les timbres amphoriques de Thasos, ÉtThas IV (1957), p. 96, no 156 (trois exemplaires) ; M. Debidour, Les timbres amphoriques thasiens de type récent : méthodologie, chronologie et interprétation, mémoire d’HDR inédit (1999), p. 986, nos 2986‑2987 (un et cinq exemplaires respectivement). Le très faible nombre de types et d’exemplaires doit s’expliquer par le fait qu’Alexandridès ne fut en fonction que pendant une courte période. M. Debidour le rattache au dernier groupe (XVIII : ca 192‑181 ?). Les différents volumes parus du LGPN ne recensent aucun autre exemple du nom Ἀλεξανδρίδης en dehors de Thasos.

50 Les deux exemples les plus anciens datent du ive s. av. J.‑C. : Recherches I, 96 ; IG II2 33, l. 21 (avec la lecture d’A. P. Matthaiou, « Παρατηρήσεις εἰς ἐκδεδομένα Ἀττικὰ ψηφίσματα », Γραμματεῖον 2 [2013], p. 9). Voir également A.‑M. Bon, A. Bon (n. 49), p. 108, no 216, et M. Debidour (n. 49), p. 987, nos 2988‑2990.

51 IG XII 8, 312 B, l. 14.

52 IG XII 8, 312 B, l. 17.

53 Grandjean 2012‑2013, p. 235.

54 IG XII Suppl. 385 (ier s. av. J.‑C. avancé ?). A.‑J. Reinach, CRAI 1912, p. 229, a restitué Χρυ[σηΐδα Κλ]εανδρίδου; Th. Macridy, JdI 27 (1912), p. 8 (suivi par Hiller dans les IG XII Suppl.), a restitué quant à lui Χρύσ̣[ην Ἀλ]ε̣ξανδρίδου. L’estampage conservé à l’EFA (1536) montre que la première lettre conservée après la lacune était triangulaire (barre oblique descendante). C’est pourquoi Fr. Salviat, BCH 83 (1959), p. 379, n. 1, a réaffirmé que le patronyme était [Κ]λ̣ε̣ανδρίδου. Mais G. Biard montrera, dans une étude à paraître sur le Portique aux statues de la terrasse supérieure de l’Artémision, que la restitution Χρύσ̣[ην Ἀν]α̣ξανδρίδου est préférable, car la lacune contient exactement 4 lettres entre Σ et Λ.

55 IG XII Suppl. 383. Il n’y a pas d’élément solide qui permette de dater de façon indépendante le sculpteur, Philiskos f. de Polycharmos de Rhodes. Une date vers le début du ier s. av. J.‑C. est plausible, mais nullement assurée : voir Fr. Salviat, BCH 83 (1959), p. 379, n. 3 ; N. Badoud, Le temps de Rhodes : une chronologie des inscriptions de la cité fondée sur l’étude de ses institutions (2015), p. 283, no 155.

56 Voir P. Hamon, « Études d’épigraphie thasienne, II », BCH 133 (2009), p. 283‑284, sur la base des épigrammes IG XII 8, 441 A et B‑C. Antiphon f. de Sophoklès doit être identique au personnage du même nom qui fut envoyé comme délégué religieux à Samothrace : IG XII 8, 172 (N. M. Dimitrova, Theoroi and Initiates in Samothrace: the Epigraphical Evidence, Hesperia Suppl. 37 [2008], 24 ; la datation vers 100 av. J.‑C. est arbitraire). Outre l’épigramme funéraire IG XII 8, 441 A, on connaît la tombe d’Antiphôn f. de Sophoklès par le fragment IG XII 8, 430. Après son nom, gravé en haut, figurent ceux de parents ensevelis ultérieurement dans le même monument. L’un d’entre eux, Dionysodôros f. de Lyètos (l. 4), pourrait être l’hiéromnèmon sous lequel la bienfaitrice Èpiè fit graver des dédicaces à Artémis et Aphrodite : BCH 83 (1959), p. 363‑364 (SEG XVIII 343), l. 41‑42 (où je restituerais : ἐπὶ ἱερομνήμονος Διονυσοδώρου τοῦ Λ̣[υήτου]). Or le décret pour Èpiè doit dater du début du Principat, selon O. Picard, « Thasos et sa monnaie au IIe siècle : catastrophe ou mutation ? », dans R. Frei Stolba, K. Gex (éds), Recherches récentes sur le monde hellénistique (2001), p. 289, n. 12. Dionysodôros, marié à Hèraïs, fille de Pheidippos (IG XII 8, 430, l. 5), doit être le père de Pheidippos f. de Dionysodôros (ibid., l. 3‑5), qui fut ambassadeur des Thasiens auprès de Claude en 42 apr. J.‑C. (Recherches II, 179 [SEG XXXIX 910], l. 13). Il eut, semble‑t‑il, un autre fils, mentionné dans une inscription honorifique inédite.

57 On trouve ce type d’ômega cursif précisément dans la même section de la liste des théores : GLTh. 15/X/(?) : IG XII 8, 306 B, l. 8.

58 Republiée dans CITh III, 50, avec un commentaire plus détaillé. J’ai longuement discuté de ce document avec Fr. Salviat.

59 Sur la nature de ce document, identifiée par Fr. Salviat, voir Grandjean 2012‑2013, p. 248‑249, n. 55.

60 Les blocs perdus sont signalés entre crochets droits. L’astérisque (*) indique qu’un collège est connu par ailleurs par une inscription commémorative, qu’elle soit publiée par Grandjean 2012‑2013 ou ici‑même.

61 J’ai essayé de faire le point sur ce dossier, en cours d’étude, dans BCH 139‑140 (2015‑2016), p. 73‑77.

62 Les paragraphoi séparant les triades ne sont visibles que dans la partie inférieure, très effacée, de la plaque : le même dispositif devait exister dans la partie haute.

63 Cette hypothèse repose essentiellement sur l’analogie avec les parties antérieures de la Grande Liste des archontes, en particulier Recherches I, 34, qui porte trois colonnes (10, 11 et 12).

64 Voir p. ex. : la dédicace de la prêtresse de Livie BCH 130 (2006), p. 501, fig. 1 (entre 14 et 29 apr. J.‑C.) ; la dédicace IG XII Suppl. 387 d’un prêtre de Zeus Sebastos, d’époque augustéenne (Recherches II, pl. VII, 3) ; l’inscription honorifique pour une anthophore BCH 91 (1967), p. 590‑591, no 39 et fig. 15 (cette inscription sera republiée, complétée d’un nouveau fragment, par J. Fournier ; il n’est pas tout à fait exclu que le père ou le grand‑père de la jeune femme, Antigonos, soit l’archonte figurant ici même à la l. 15).

65 Recherches II, 230, sans illustration (h. : 42 ; l. : 62 ; ép. : 21 ; h. l. : 2 à 2,5). Un estampage est conservé à l’EFA (1161). Le carnet d’A.‑J. Reinach (Archives de l’EFA : C Tha 5, p. 17 ; voir aussi C Tha 3, p. 15) précise que la pierre était remployée dans la maison de Ch. Marônitis et la décrit comme une « belle pièce de marbre avec rebord lissé en creux ; le reste laissé rustique ». Cette maison, située en face de celle de l’ingénieur Charreyron (actuel hôtel Acropolis), à l’angle des rues Megalou Alexandrou et Gallikis archaiologikis Scholis, a été détruite en 1955 (cf. Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 11), sans que l’inscription parvienne au musée.

66 Comparer la gravure très voisine, sinon identique, de l’inscription honorifique Recherches II, 180 (pl. IX, 1). Tout à fait similaire est l’inscription IG XII Suppl. 378 (illustrée dans BCH 133 [2009], p. 282, fig. 3), relative aux gladiateurs d’Archeleôs f. d’Hèrakleidès, un notable en vue de la 1re moitié du ier s. apr. J.‑C.

67 IG XII Suppl. 444 et 388.

68 H. Seyrig, « Quatre cultes de Thasos », BCH 51 (1927), p. 178‑233, part. 218 (suivi par Pouilloux, Recherches I, p. 310‑313), s’exagère la présence de l’« élément thrace » dans les listes de magistrats du ve et du ive s., en y incluant des noms qui sont en fait grecs. Sur les noms thraces à l’époque impériale, voir Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 143‑148. Voir également D. Dana, Onomasticon Thracicum (2015), p. 14‑16, s.v. « Aulupor ».

69 Y. Grandjean et al., « Antiquités thasiennes de la Collection Papageorgiou », BCH 97 (1973), p. 154‑157, no 9 et fig. 9 : Δημητρία Ἀβλουπορεος προσφιλὴς χαῖρε. Πάνκαρπος Ἀβλουπορεος προσφιλὴς χαῖρε. L’inscription provient peut‑être du Sud de l’île.

70 Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 51‑52.

71 Recherches II, 176, l. 2. Le même personnage est l’auteur d’une dédicace édilitaire, par testament, dans l’Hérakleion : Recherches II, 189.

72 G. Daux, « Une épitaphe thasienne », BCH (1958), p. 314‑318, avec les remarques complémentaires de J. Pouilloux, « Inscriptions, topographie et monuments de Thasos », REA 61 (1959), p. 290‑299. Il faut retenir la date au ier s. apr. J.‑C. (vers le milieu du siècle ?) proposée par Pouilloux. Pythiôn a un homonyme tardif, sans doute son petit‑fils, qui fut archonte : Recherches II, 220, l. 3 (iie s. apr. J.‑C.). Voir J. Fournier, « Entre Macédoine et Thrace : Thasos à l’époque de l’hégémonie romaine », dans M.‑G. Parissaki (éd.), Thrakika Zetemata 2. Aspects of the Roman province of Thrace, MEΛETHMATA 69 (2013), p. 11‑63, part. p. 43, n. 126.

73 J. Fournier, St. Dadaki, « Hèrôdès fils de Samos et sa famille », BCH 136‑137 (2012‑2013), p. 269‑298, avec le stemma p. 293. La présente inscription est évoquée dans la n. 63.

74 IG XII 8, 379, avec le commentaire de J. Fournier (n. 73), p. 280‑281.

75 Le document est brièvement évoqué par Y. Grandjean, Le rempart de Thasos, ÉtThas 22 (2011), p. 365, no 13, et p. 582, no 4.

76 Recherches II, 204 B, l. 8, avec les remarques de J. Fournier (n. 73), p. 282‑283 sur la chronologie. Le même rapport entre pères dans Recherches II, 205 (1re moitié du ier s. apr. J.‑C.) et fils dans Recherches II, 204 (fin du ier s. apr. J.‑C.) s’observe dans trois autres cas, qui renforcent la datation. Dans le même collège que Persaios (Recherches II, 204 B, l. 7‑9) figurent deux archontes connus. Le premier, Philippos f. d’Hèrôdès, est le fils d’Hèrôdès f. de Samos, et peut‑être le neveu de notre archonte Samos f. de Samos (voir supra, n. 73). Le second, Philippos f. de Nikanôr, est le fils de Nikanôr f. de Philippos, qui figure lui aussi dans Recherches II, 205, mais dans la partie basse, très effacée, non reproduite ici (l. 54, 21e collège : seize ans après Apollônios). Dans le collège suivant (Recherches II, 204 B, l. 10‑12), un certain Paramonos f. de Paramonos pourrait être le fils de l’archonte du même nom qui apparaît ici, l. 11.

77 Un certain Alkimos f. d’Aischrôn fut archonte en ± 292 av. J.‑C. : GLArch. 11/(3 ?) : Recherches I, 34 B (+ P. Bernard, Fr. Salviat, BCH 86 [1962], p. 580, no 1), l. 48. Il fut théore en ± 290 av. J.‑C. : GLTh. 9/II/(5) : Recherches I, 35 B, l. 5 (la lecture erronée Ἀλκαῖος a été corrigée par Fr. Salviat dans Y. Grandjean, T. Koželj, Fr. Salviat, « La porte de Zeus à Thasos », BCH 128‑129 [2004‑2005], p. 255). Son fils, Aischrôn f. d’Alkimos, fut théore en ± 244 : GLTh. 10/V/(18) : IG XII 8, 288 B, l. 20. Je pense que son nom apparaît également dans un secteur de la Grande Liste des archontes réduit à l’état de fragments : GLArch. 11/(?) : Recherches I, 61, l. 3 + Recherches I, 64, l. 1 ([Αἴ]σχρω[ν Ἀλ]κ̣ί̣[μου] : vers 270‑265 ?).

78 Sur l’origine du gentilice, très répandu en Italie et dans différentes provinces, voir W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen (1904), p. 72 et p. 338, et M. Silvestrini, « Le gentes di Ordona romana », dans A. Russi (éd.), Herdoniae. A trent’anni dell’inizio degli scavi archeologici del Centre belge de recherches archéologiques en Italie centrale et méridionale (1994), p. 63‑121, part. p. 74‑76. Voir également H. S. Öztürk, « Halûk Perk Müzesi’nden Lucius Artorius Marcianus’un Zeus Keraunios’a Adağı », Adalya 16 (2013), p. 107‑118, part. p. 111.

79 Antigonos : IG XII 8, 326, l. 1‑2 (avec l’illustration dans Recherches I, pl. XXVII, 2). Thraseas : IG XII Suppl. 387. Comparer P. Tadius Zôsimos dans IG XII 8, 383, l. 10‑11 (même date environ). La famille des Seii est connue à Délos à la basse époque hellénistique : J.‑L. Ferrary et al., dans Cl. Hasenohr, Chr. Müller (éds), Les Italiens dans le monde grec, BCH Suppl. 41 (2002), p. 213‑214, et E. Deniaux, ibid., p. 29‑39. L’un des membres de la gens, P. Seius Rufus, qui était peut‑être un commerçant ou un homme d’affaires, fut en contact avec les Thasiens : ceux‑ci l’honorèrent d’un décret vers la fin du ier s. av. J.‑C. ou le début du ier s. apr. J.‑C. (Recherches II, 224 a ; CITh III, 36).

80 Les deux autres C. Julii de Thasos, connus par leurs épitaphes, sont nettement plus tardifs, à en juger par la gravure : IG XII Suppl. 466 (Γ. Ἰούλιος Θερσίλοχος, iie s. [epsilon en forme de sigma inversé]) ; M. Sève, dans Thasiaca, p. 384, no 15 et fig. 12 (Γάϊος Ἰούλιος Οὐάλης, iie ou iiie s. [lettres lunaires]).

81 Recherches II, 225, l. 11‑13.

82 Le nom Παγκρατίδης n’est pas si courant qu’il y paraît dans l’onomastique thasienne. On ne peut donc exclure qu’Hekataios ait un rapport de parenté avec Apollônios f. de Pankratidès, honoré d’une statue à la charnière entre le ier s. av. et le ier s. apr. J.‑C. : BCH 91 (1967), p. 590‑592, no 40, avec la remarque de J. Fournier (n. 73), p. 279, n. 18. Les deux hommes pourraient être frères.

83 P. Hamon (n. 56), p. 285‑286.

84 P. Bernard, Fr. Salviat, « Inscriptions de Thasos », BCH 86 (1962), p. 584‑586, no 7 et fig. 8.

85 P. Bernard, Fr. Salviat, ibid., p. 584.

86 Voir L. Robert, Hellenica XI‑XII (1960), p. 569‑576 ; N. Giannakopoulos, « Remarks on the honorary titles υἱὸς βουλῆς, υἱὸς δήμου and υἱὸς πόλεως in Roman Asia Minor », dans A. D. Rizakis, Fr. Camia (éds), Pathways to Power. Civic Elites in the Eastern Part of the Roman Empire (2008), p. 251‑268 ; A. Heller, « La cité grecque d’époque impériale : vers une société d’ordres ? », Annales HSC 64 (2009), p. 341‑373, part. p. 361‑371.

87 Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 97‑98 et p. 126. Sur le titre κοσμόπολις, voir J. Fournier (n. 73), p. 286.

88 Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 121. Sur les titres φιλόκαισαρ et φιλοσέβαστος, voir K. Buraselis, Kos between Hellenism and Rome (2000), p. 100‑110 ; Chr. Veligianni, « Philos und philos‑Komposita in den griechischen Inschriften der Kaiserzeit », dans M. Peachin (éd.), Aspects of Friendship in the Graeco-Roman World, JRA Suppl. 43 (2001), p. 63‑80 (l’auteur réaffirme l’existence d’un lien étroit, direct ou indirect, entre ces titres et l’engagement des individus concernés en faveur du culte impérial).

89 Sur le culte impérial à Thasos, voir les pages synthétiques de J. Fournier, REG 124 (2011), p. 219‑225, avec les références. On comparera le riche dossier d’Aizanoi en Phrygie : M. Wörrle, « Neue Inschriftenfunde aus Aizanoi VII: Aizanoi und Rom III. Der julisch-claudische Kaiserkult in Aizanoi ». Chiron 44 (2014), p. 439‑511.

90 L. Robert, cité par Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 119‑120, no 229.

91 L. Robert, Les gladiateurs dans l’Orient grec (1940), p. 108. Sur les archiereis civiques, voir M. Kantirea, Les dieux et les dieux augustes : le culte impérial en Grèce sous les Julio-Claudiens et les Flaviens (2007), et G. Frija, Les Prêtres des empereurs : le culte impérial civique dans la Province romaine d’Asie (2012).

92 Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 117‑121.

93 IG XII 8, 383 ; Recherches II, 225 ; ibid., 227 ; BCH 86 (1962), p. 584‑586, no 7. On ne peut se prononcer dans le cas de Recherches II, 228, trop mutilé. Il faut y adjoindre des dédicaces faites par des individus portant le titre : IG XII 8, 370 (cf. Recherches II, 225, l. 7‑8) ; ibid., 380 (l. 6 : liste mutilée ou dédicace ?) ; IG XII Suppl. 418 ; Recherches II, 230 (liste ou dédicace ?).

94 Comparer IG XII 8, 384, où le titre appartient à deux personnes (ou trois si le texte est mutilé en haut). Il faut restituer, à l. 2, le nom [Γό]ρ̣[γ]ος Μελησιδήμο[υ] : cf. C. Brélaz, A. Zannis, CRAI 2014, p. 1496. Sur la base de cet exemple, Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 118, ont cru que le titre était partagé quand les individus concernés étaient frères, mais cette hypothèse est démentie par les exemples de triades, comme l’ont relevé P. Bernard, Fr. Salviat, BCH 86 (1962), p. 586. Il est remarquable que, dans le collège Recherches II, 225, l. 14‑18, deux des trois archontes portent le titre, tandis que le troisième en est dépourvu : ce dernier n’est autre que le dieu Asclépios, dont la caisse dut pourvoir aux dépenses, mais qu’il eût été maladroit ou même absurde de décorer d’un titre civique.

95 Rappelons, à titre de point de repère chronologique, que C. Julius Hekataios, dont il a été question plus haut et qui est assez bien situé sous Auguste ou/et Tibère, figure avec ce titre dans le fragment Recherches II, 225, l. 11‑13. Hikesios f. d’Aristoklès, qui figure avec le même titre sur le même bloc, l. 9‑10, est le second mari de Kômis, fille de Stilbôn, prêtresse de Livie entre 14 et 29 apr. J.‑C. : cf. J. Fournier, BCH 130 (2006), p. 501‑502. Gorgos f. de Melèsidèmos, lui aussi philokaisar kai philopatris (voir note précédente), pourrait être l’un des ambassadeurs thasiens dépêchés auprès de Claude en 42 apr. J.‑C. : Recherches II, 179 (SEG XXXIX 910), l. 13‑14.

96 P. M. Nigdelis, Ἐπιγραφικὰ Θεσσαλονίκεια (2006), p. 41‑45, no 2 (AE 2006, 1268 ; SEG LVI 741 ; IG X 2, 1s, 1062). P. Nigdelis m’a très aimablement communiqué une série de clichés, dont celui que je reproduis ici avec son autorisation (fig. 14).

97 Les volumes parus du LGPN recensent onze occurrences du nom Λύητος, dont dix à Thasos et une à Camiros.

98 Le bloc est gravé jusqu’à l’arête inférieure, ce qui signifie qu’il se plaçait au‑dessus d’une autre assise, au moins. P. M. Nigdelis (n. 96) relève que la face de joint droite n’est pas travaillée. On observe en outre, sur la photographie d’ensemble (ibid., p. 564, fig. 3), qu’elle est taillée en biseau. Il est possible qu’elle ait été en contact avec un autre bloc, lui aussi taillé en biseau et disposé perpendiculairement, les deux murs formant un angle rentrant, à l’intérieur d’un édifice. Y. Grandjean me signale l’existence d’une autre bloc taillé en biseau à Thasos : Y. Grandjean, Le rempart de Thasos, ÉtThas 22 (2011), p. 460 et p. 591, fig. 443. Ces considérations architecturales demeurent fragiles, tant qu’une autopsie et un relevé précis du bloc n’auront pas été réalisés. Si l’inscription était effectivement gravée à l’intérieur d’un bâtiment thasien, l’Édifice à paraskènia serait un candidat idéal, mais on ne peut exclure un autre bâtiment, inconnu par ailleurs. Plusieurs fragments mentionnant des philokaisares proviennent en effet de la région de l’Hérakleion et de l’Arc de Caracalla (GTh 76‑81), où pourraient s’être trouvés les « temples des Augustes » : cf. J. Fournier, REG 124 (2011), p. 224.

99 B. Kallipolitis, D. Lazaridis, Ἀρχαῖαι ἐπιγραφαὶ Θεσσαλονίκης (1946), no 3 (Recherches II, 393 ; P. Pilhofer, Philippi II, 723) ; Ph. M. Petsas, AEph 1950‑1951, p. 65‑66, no 8 (l’inscription, vue par Cyriaque d’Ancône en 1444, provient de Thasos : cf. IG XII 8, p. 80). Ces pierres, transportées par mer depuis Liménas, avaient été remployées dans le cimetière juif de Thessalonique, peut‑être dès le xvie s. Elles furent découvertes en 1943, quand le cimetière fut détruit sur ordre de l’occupant allemand : cf. Bull. 1948, 102. Outre ces inscriptions thasiennes, un certain nombre de pierres provenant de Philippes furent découvertes au même endroit : cf. C. Brélaz, Corpus des inscriptions grecques et latines de Philippes II, 1, ÉtÉp 6 (2014), p. 375‑378. – J’ajoute une information sur l’exploitation des pierres antiques de Thasos à l’époque moderne. En juin 1791, l’officier De Chanaleilles, qui explorait la Macédoine pour Choiseul-Gouffier, séjourna quelques jours dans l’île. Dans un rapport inédit, recueilli par Barbié du Bocage, il écrit ceci : « On voit sur le port des restes de la muraille que les Thasiens bâtirent pour la deffense contre les Milésiens (sic). Il y a encore des restes de l’ancienne ville. Beaucoup de tombeaux ont été portés sur le bord de la mer, pour être embarqués ; d’autres encore dans la plaine » (suit, un peu plus loin, une copie de l’inscription IG XII 8, 526). Je dois à A. Zambon la connaissance de ce document, conservé à la Bibliothèque Gennadios (Athènes) : Ms 140, f. 74 (verso). Mmes I. Solomonidi et A. Asvesta, que je remercie, m’ont aimablement permis de le consulter.

100 IG XII 8, 325 A, l. 9. Le bloc est aujourd’hui perdu, mais on peut déterminer son emplacement. Dans sa publication originale, REG 6 (1872), p. 184, no 27, E. Miller écrivait que la partie gauche [sc. Colonne A] était « illisible », hormis le nom Διονύσιος Θε[- - -]γένου. En consultant les papiers de Miller conservés à la Bibliothèque nationale, j’ai découvert une copie plus complète de cette colonne (BNF, Suppl. grec 1343, fol. 70), que je publierai dans la réédition générale des listes thasiennes. Elle comporte sept noms plus ou moins complets, dont le dernier est bien Διονύσιος Θεογένου, en toutes lettres. La copie porte en outre une indication précieuse : « 1ère [sc. pierre] du 1er rang ». Celle‑ci se comprend à la lecture de récit d’E. Miller, Le Mont Athos, Vatopédi, l’île de Thasos (1889), p. 94. Quand il découvrit le mur des théores en 1863, la pierre en question faisait partie de la première assise du mur A‑B du Passage conservée en place, autrement dit l’assise IX ou X (h. 46,5) ; elle était en première position à gauche, contre le pilier A (et donc à l’origine sous les colonnes 1 et 2 de la liste ancienne). Cette partie inférieure gauche du mur ne dut commencer à être gravée que lorsque toute la partie supérieure droite fut entièrement occupée. La date est difficile, voire impossible, à fixer, mais elle doit être postérieure à la seconde moitié, sinon à la fin, du ier s. apr. J.‑C.

101 IG XII 8, 315, l. 2‑3 (Εὔτυχος Εὐτύχου τοῦ Θεοδα[- - - ?]) ; 335, l. 6‑7 (Ἀπολλοφάνης Ἀπολλοφάνου τοῦ Μυΐσκου) ; Recherches II, 221, l. 1 (Κτησιφῶν (Κτησιφῶντος) τοῦ Κτησιφῶντος) et 3 (Παράμονος (Παραμόνου) τοῦ Σωσίωνος). J. Pouilloux avait déchiffré [Σάμ]ος Σάμου τοῦ [- - -] dans Recherches II, 205, l. 16, mais je ne distingue pas l’article sur la pierre. Cas potentiels d’homonymes : IG XII 8, 309 B, l. 19, et IG XII Suppl. 376, l. 9‑10. Le papponyme est rarissime dans les autres catégories d’inscriptions : l’épitaphe IG XII 8, 615 (ive s.) est un cas d’autant plus remarquable qu’il est isolé.

102 IG XII 8, 337, l. 4‑5 : Παράμονος Παραμόνου τοῦ Ἱλάρου. Cf. supra, p. 256.

103 On notera qu’un Paramonos f. de Paramonos figure parmi les archontes de la liste Recherches II, 205, l. 11 (cf. supra). Il s’agit vraisemblablement d’un homonyme plutôt que du même personnage (qui aurait été deux fois archonte, puisque ses collègues sont différents dans les deux cas).

104 Sur la participation limitée des femmes à la vie publique, cf. Dunant, Pouilloux, Recherches II, p. 123‑126. Plus généralement, voir R. van Bremen, The Limits of Participation (1996), part. p. 31‑34 et p. 59‑76 ; E. Stavrianopoulou, „Gruppenbild mit Dame“. Untersuchungen zur rechtlichen und sozialen Stellung der Frau auf den Kykladen im Hellenismus und in der römischen Kaiserzeit (2006), p. 199‑225.

105 Les trois théores exerçaient, semble‑t‑il, une sorte de tutelle sur l’ensemble des cultes civiques. La charge était donc assez différente, par sa nature, de l’archontat. Cette différence pourrait expliquer que l’on considérait que la fonction de théore ne convenait pas aux femmes.

106 IG XII 8, 526, l. 6, et BCH (1981), p. 191‑192, no 15 (SEG XXXI 791). Ces documents datent au plus tôt du iie s. apr. J.‑C.

107 J. Pouilloux (n. 72), p. 294‑295 ; R. van Bremen (n. 104), p. 114‑115.

108 J. Pouilloux, ibid., p. 295.

109 L’accession des femmes aux hautes charges, et spécialement à la magistrature éponyme, est une nouveauté absolue, caractéristique du début de l’époque impériale. Elle peut du reste être soulignée comme un événement à part entière, par exemple dans une dédicace édilitaire de Priène, datée du ier s. av. ou du ier s. apr. J.‑C. : [ἡ δεῖνα] (…) [στ]εφανηφορήσα[σα πρ]ώτη γυναικῶν (I. Priene2 305).

110 J. Fournier, BCH 130 (2006), p. 499‑507 (SEG LVI 1020) ; IG XII 8, 380 ; Fr. Salviat, BCH 83 (1959), p. 362‑397 (SEG XVIII 343). Voir également J. Fournier, Cl. Prêtre, BCH 130 (2006), p. 487‑497.

111 Voir supra n. 56. La famille de Lyètos et celle de Sophoklès sont alliées, puisqu’elles partagent un même monument funéraire. On pourrait supposer que Lyètos épousa l’une des deux filles de Sophoklès (IG XII 8, l. 15‑16). Dans cette hypothèse, le nom de la femme qui nous intéresse serait : ἡ δεῖνα Σοφοκλέους, γυνὴ δὲ Λυήτου. P. Nigdelis a néanmoins transcrit la dernière lettre du patronyme comme un Y, et non un Σ. La photographie ne permet pas de vérifier.

112 On ne peut juger de la gravure qu’à partir de la colonne de droite (C), la seule qui subsiste. Supposer qu’elle était uniforme d’un bout à l’autre de la plaque est une simple conjecture.

113 Voir le commentaire de J. Fournier (n. 73), p. 282‑283 sur les deux blocs Recherches II, 204.

114 Fr. Salviat, BCH 83 (1959), p. 363‑364 (SEG XVIII 343), l. 21‑22 : τῆς ἀπὸ τῶν προγόνων εὐγενείας τε καὶ τιμῆς ἀξίως βιοῦσα. Voir aussi, par exemple, IG XII 8, 442.

115 Sur les rapports de Thasos et d’Auguste, voir J. Fournier, BCH 130 (2006), p. 499‑518, et id., « Entre Macédoine et Thrace : Thasos à l’époque de l’hégémonie romaine», dans M.‑G. Parissaki (éd.), Thrakika Zetemata II (2013), p. 42‑44. Sur les travaux de restauration, en particulier à l’Artémision, voir Fr. Salviat, BCH 83 (1959), p. 372, et une étude à paraître de G. Biard, qui propose de situer à l’époque augustéenne le réaménagement de la terrasse supérieure du sanctuaire.

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Table des illustrations

Titre Tableau 1 – Structure d’ensemble et chronologie approximative des colonnes 8 à 14 de la Grande Liste des théores.
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Titre Fig. 1 – Inscription 1.
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Titre Fig. 2 – Inscription 1 A, détail.
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Fichier image/jpeg, 465k
Titre Fig. 3 – Inscription 1 B, détail.
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Titre Fig. 4 – Inscription 2.
Crédits Cl. Ph. Collet (EFA).
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Fichier image/jpeg, 794k
Titre Fig. 5 – Inscription 2 C, détail.
Crédits Cl. Ph. Collet (EFA).
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Fichier image/jpeg, 332k
Titre Fig. 6 – Inscription 3.
Crédits Cl. Ph. Collet (EFA).
URL http://journals.openedition.org/bch/docannexe/image/545/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 712k
Titre Fig. 7 – Inscription 3, détail.
Crédits Cl. Ph. Collet (EFA).
URL http://journals.openedition.org/bch/docannexe/image/545/img-8.jpg
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Titre Fig. 8 – Inscription 4 (Dunant, Pouilloux, Recherches II, 168).
Crédits Cl. Archives EFA. Éd. Dunant, Pouilloux, Recherches II, 168 ; CITh III, 89.
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Titre Fig. 9 – IG XII 8 306 A, l. 3‑5 (Louvre Ma 897)
Crédits Estampage, Archives EFA (cl. de l’auteur).
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Fichier image/jpeg, 652k
Titre Fig. 10 – Plaque inv. 789 (vignette) et fragment a.
Légende Les lettres restituées sont en trait fin et gris clair. Éch. 1/5 (vignette : éch. 1/20).
Crédits Relevé M. Wurch‑Koželj (EFA).
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Fichier image/jpeg, 2,2M
Titre Fig. 11 – Inscription 5.
Crédits Cl. Ph. Collet (EFA).
URL http://journals.openedition.org/bch/docannexe/image/545/img-12.jpg
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Titre Fig. 12 – Recherches II, 230.
Crédits Estampage, Archives EFA.
URL http://journals.openedition.org/bch/docannexe/image/545/img-13.jpg
Fichier image/jpeg, 758k
Titre Fig. 13 – Inscription 6.
Crédits Cl. Archives EFA.
URL http://journals.openedition.org/bch/docannexe/image/545/img-14.jpg
Fichier image/jpeg, 319k
Titre Fig. 14 – Inscription 7 (Musée de Thessalonique.
Crédits Cl. Archives P. M. Nigdelis.
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Fichier image/jpeg, 649k
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Pour citer cet article

Référence papier

Patrice Hamon, « Études d’épigraphie thasienne, V »Bulletin de correspondance hellénique, 141.1 | 2017, 265-286.

Référence électronique

Patrice Hamon, « Études d’épigraphie thasienne, V »Bulletin de correspondance hellénique [En ligne], 141.1 | 2017, mis en ligne le 01 juin 2019, consulté le 16 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/bch/545 ; DOI : https://doi.org/10.4000/bch.545

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Auteur

Patrice Hamon

Université de Rouen.

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