IX

LE MORALISTE

Au dire de Cajetan, la morale chez saint Thomas serait plus admirable encore que la métaphysique ou la psychologie. Plus que toute autre, cette partie de sa doctrine eût donc dû, semble-t-il, attirer l'attention de celui qui se donnait pour tâche de faire connaître et apprécier l'œuvre du Docteur Angélique.

La morale pourtant n'a pas été au premier plan des préoccupations du Cardinal Mercier. C'est que, le désarroi des idées philosophiques qui appelait la restauration du thomisme voulue par Léon XIII, avait compromis surtout les doctrines psychologiques et métaphysiques. La morale avait subi sans doute de rudes assauts au cours des derniers siècles, mais ils venaient de la part de casiiistes qui séparaient abusivement la solution des problèmes pratiques de l'étude des principes, ou de ceux qui, comme les jansénistes, se laissaient entraîner par des erreurs théologiques. Malgré cela, du moins chez les auteurs catholiques, l'ensemble des thèses fondamentales de la philosophie morale était demeuré conforme à la tradition. Pour, le philosophe chrétien c'est ailleurs que la réforme s'imposait urgente. Par devoir d'état, par goût personnel aussi, le jeune professeur était orienté dans ce sens. A Malines, il avait enseigné la psychologie et la -logique. A Louvain, lorsque la création de T Institut supérieur de. Philosophie lui permit de grouper autour de lui un certain nombre de professeurs et