COLLECTION FROEHNER : BALLES DE FRONDE GRECQUES*
Parmi les multiples legs et donations qui ont enrichi le Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale, la Collection Froehner, déposée en 1925, n'a certes pas la prétention d'être la plus spectaculaire. Son charme et son intérêt viennent d'un caractère hétéroclite où le goût pour les choses inscrites représente le fil conducteur : c'est cet aspect de précieux bric-à-brac qui a privé jusqu'à présent la collection du bénéfice d'une publication d'ensemble, et seules quelques catégories d'objets ont été offertes à la sagacité des spécialistes, dans la dispersion1.
Au centre de Vinstrumentum qui dort encore dans des boîtes en carton bleu, les balles de fronde inscrites ne sont pas les moins intéressantes. Est-ce leur fragilité, ou le fait qu'elles se prêtent mal, par leur petit nombre, à des études statistiques (contrairement aux anses d'amphores), toujours est-il que ces petits objets ne semblent guère bénéficier des faveurs de la mode archéologique actuelle, surtout en France2. S'ils ne donnent pas non plus de frissons esthétiques — encore que la belle
* Mme H. Nicolet a bien voulu nous autoriser à publier cette collection et nous a fait part de ses remarques. M. A. Pasquier nous a donné accès aux réserves du Musée du Louvre, et M. L. Robert nous a fait bénéficier de son aide. Que tous soient ici sincèrement remerciés. (1) Nous ne donnerons pas ici la liste des publications de documents étrusco-italiques et byzantins, apparemment mieux servis, jusqu'à présent, que ceux relevant de la Grèce classique. En fait, si l'on excepte l'ouvrage de L. Robert : Collection Froehner I : inscriptions grecques (1936), la citation ou publication d'objets grecs de la Coll. Froehner ne s'est vue que dans quelques rares articles, souvent étrangers : à titre d'exemple, nous citerons J. D. Beazley, « A Froehner fragment », ArchEph (1937), p. 14-16, ou D. Kent Hill, « Ivory ornaments of Hellenistic Couches », Hesperia 32 (1963), pi. 79 a. (2) Les publications de base sont les suivantes : Th. Reinach, REG 2 (1889), p. 384-392 (bonne et claire mise au point, avec références littéraires et historiques), et surtout W. Vischer, Kleine Schriften II : Antike Schleudergeschosse (1878), p. 246-277 (la Collection Vischer, constituée à Athènes, a été donnée au Musée de Bâle). Γ1 serait trop long de citer tous les rapports de fouilles qui font état de trouvailles isolées, on retiendra seulement : M. Segre et G. Pugliese Carratelli, « Tituli Camirenses », AnnScAtene 27-29 (1951), p. 139-318, n° 192 sq. ; D. M. Robinson, Olynthus X (1941), et C. Foss, « Greek Sling bullets in Oxford », JHS 95 (1975), p. 40-44. Pour une vue d'ensemble — puisque ces publications sont rares et dispersées — , on consultera l'article de G. Fougères DA, s.v. « glans », et surtout le chapitre « ghiande missili » de M. Guarducci, Epigrafia greca II, p. 516-524. On sait que les balles de fronde étaient coulées dans des moules, certains ont été retrouvés : cf. J.-Y. Empereur, «Collection Canellopoulos, XVII », BCH 105 (1981), p. 555.
