Un vol. 22 x 15 de xvi-528 pp. Paris, Presses universitaires de France, 1994. De la présentation traditionnelle de la philosophie médiévale, philosophie élaborée en chrétienté occidentale durant le quasi-millénaire que délimitent la chute de Rome (476) et celle de Byzance (1453), et centrée sur les grandes synthèses scolastiques du XIIIe siècle censées la porter à son apogée, ce volume ne retient que le cadre chronologique. Et encore! S'il le fait, c'est pour le vider de sa prétention à fournir un réfé- rentiel temporel unique: en effet, si «ce n'est pas la même chose de dire que Maïmonide est né le 30 mars 1135 et le samedi 14 nisan de l'an 4896» (p. xv), il est tout aussi vrai que «deux contemporains n'habitent pas nécessairement le même temps» (p. xiv): «la Bagdad du IIIe siècle de l'Hégire et l'Aix <-la-Chapelle> du IXe siècle de l'ère chrétienne sont contemporaines, elles ne sont ni dans le même temps, ni dans le même monde ni dans la même histoire» {ibid.). Pourtant, dans cette même «Bagdad du IIIe siècle (de l'Hégire), des chrétiens du IXe siècle (de l'ère chrétienne) mettent le khalifat abbâsside à l'heure sans heure de la philosophie grecque» {ibid.). Or des rencontres de ce type ont été décisives pour le «mouvement de déplacement ou de transfert de la science — la translatio studiorum — qui va durer jusqu'à la fin du Moyen Age» (p. 5) et dont dépendent largement les composantes philosophiques de cette longue période. Puisque ces rencontres sont celles de durées, de cultures, d'histoires différentes: latine, grecque byzantine, arabo-musul- mane, juive, l'historien de la philosophie médiévale qui veut correcte-