Une ontologie personnaliste : Maurice Nédoncelle

«... dum dicas nove, non dicas nova ». Vincent de Lérins, Commonitorium.

J'avais ici même, à l'occasion des Explorations personnalistes de 1970, refait avec Maurice Nédoncelle le chemin qui, le temps d'une jeunesse, l'avait conduit d'un idéalisme ébloui par la fascination du moi par le moi, jusqu'à ce personnalisme ardent et pourtant difficile où l'intersubjectivité commande la démarche philosophique dans son ensemble (x). Or, dès ce temps, chez un philosophe dont l'aversion était connue à l'égard des substantialismes sommaires alors de mode, je remarquais une ouverture explicite vers l'ontologie. Non que la préoccupation ontologique eût jamais été absente chez ce métaphysicien. Mais dès lors, elle se laissait voir, sûre, peut-être, qu'on ne la confondrait plus avec le parler théologique convenu, certaine qu'on ne la réduirait plus, à présent, de bonne ou de moins bonne foi, à quelque déjà-dit passant, il y a vingt ou trente ans, pour éternel. À peine croyable ce que peut le temps — si peu de temps ! — sur le définitif. Cette éternité d'hier est entrée sans bruit dans la petite histoire, et donne lieu, aujourd'hui, à des thèses éclairantes, voire savoureuses (2). L'ontologie nédoncellienne, qui à aucun moment n'a été autrement que chrétienne — natur aliter Christiana, scilicet aliter... — , peut maintenant s'exposer dès lors qu'elle peut être entendue des chrétiens. Entendue, et peut-être comprise. Les Explorations, donc, si elles réaffirmaient la suspicion du personnaliste à l'égard du discours général, laissaient pourtant apparaître la forme explicitement ontologique du souci touchant la philosophie première. Se trouvaient même énoncées les