ARGOURA : UN TOPONYME EUBÉEN DANS LA MIDIENNE DE DÉMOSTHÈNE"
A la mémoire de Jules Girard, explorateur de VEubée (1850).
Les affaires eubéennes tiennent, on le sait, une large place dans la Midienne. C'est qu'à l'époque même où éclata le violent conflit qui mit Démosthène aux prises avec Midias d'Anagyronte, soit au début de l'année 348, Athènes menait en Eubée une guerre difficile, à laquelle les deux adversaires se trouvaient mêlés de très près. En effet, quand le tyran Ploutarchos d'Érétrie, quelques mois auparavant, avait sollicité l'aide athénienne pour venir à bout d'une grave insurrection, Midias s'était fait, en compagnie d'Eubule, l'avocat de l'homme d'État érétrien tandis que Démosthène
* Je dois, au seuil de cet article, m'acquitter de plusieurs dettes de reconnaissance. 11 y a d'abord celles que j'ai contractées, dès l'époque de mon séjour à Paris (1968-1970), envers deux de mes maîtres les plus chers, M. François Chamoux d'une part et M. Louis Robert de l'autre. Le premier, en effet, m'avait fourni l'occasion d'exposer mon identification d'Argoura dans son séminaire de la Sorbonne, et quand, dix ans après, j'ai remis l'ouvrage sur le métier, j'ai tenu compte des remarques faites alors par les participants et surtout par lui-même ; c'est aussi à son invitation que, le 3 mars 1980, j'ai eu l'honneur de donner sur ce sujet une communication à l'Association pour l'encouragement des études grecques (cf. RE G 1980, p. xvii-xix). Au second je ne suis pas redevable seulement d'une série de critiques et d'observations très précieuses, mais de la méthode même que j'ai essayé d'appliquer puisque mon travail voudrait illustrer par un nouvel exemple la nécessité de confronter géographie et philologie ou ce que ce savant a si joliment appelé « la Terre et le Papier » (cf. Actes du VIIIe Congrès de V Association Guillaume Budé, avril 1968 [Paris 1970], p. 67-86 = Op. Min. Sel., IV, p. 383- 403) ; on verra d'ailleurs le parti que j'ai cru pouvoir tirer de son étude sur « Le lieu de la mort d'Alcibiade » [ibid., p. 79-80 = 396-397), publiée maintenant dans A travers VAsie Mineure (Paris 1980), ch. X, p. 257-307 (à ma demande, Mme Jeanne Robert a eu la grande obligeance de m'envoyer les épreuves des pages qui m'intéressaient directement : je lui renouvelle ici l'expression de mon affectueuse reconnaissance). Mes remerciements s'adressent également à M. Olivier Reverdin, qui, malgré de lourdes responsabilités, a su prendre le temps de me lire et m'a suggéré de nombreuses corrections formelles. Enfin, je n'ai garde d'oublier que c'est, une fois de plus, à M. Pierre Amandry que je dois de pouvoir publier dans les meilleures conditions le résultat de mes recherches eubéennes ou béotiennes ; qu'il veuille bien trouver dans cette contribution à la topographie d'une région qui ne lui est pas indifférente un témoignage de ma profonde gratitude pour la bienveillance qu'il n'a cessé de me manifester pendant ses douze ans passés à la direction de l'École française d'Athènes.
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