Langage auto-implicatif, théologie et philosophie

A propos d'un ouvrage de M. D. Evans (*'

Cet ouvrage, dan» lequel l'auteur déploie une remarquable virtuosité analytique et renouvelle d'une manière extrêmement originale bien des problèmes d'ordre philosophique, théologique et exé- gétique, reprend et enrichit la théorie du langage performatif de J. L. Austin, sous la forme dune théorie du langage auto-implicatif, et applique cette théorie à l'analyse du langage biblique, et plus particulièrement à l'étude du concept de création dans l'Ancien et le Nouveau Testament.

Comme on le sait, on peut distinguer deux étapes dans la théorie de Austin. Dans une première étape, Austin oppose les énoncés performatifs aux énoncés de pure constatation et les caractérise comme des énoncés qui réalisent une action. (Ainsi en disant « Je vous promets de venir demain », je m'engage effectivement à venir). Dans une seconde étape, remarquant qu'il n'est pas possible de séparer au moyen de critères précis la classe des verbes performatifs de celle des verbes constatifs, Austin en arrive à considérer la performativité et la constativité comme des variétés d'une même force significative présente en tout énoncé, qu'il appelle force illocutionnaire. Il s'agit là d'une dimension de la signification, distincte du sens et de la référence : l'illocution, c'est ce que je fais en énonçant une phrase. Toute expression linguistique, aux termes de la dernière théorie de Austin, comporte trois aspects : un aspect locutionnaire (l'expression a un sens et une référence), un aspect

<♦» Donald D. Evans, The Logic of Self-lnoolvment. A Philosophical Study of Everyday Language with Special Reference to the Christian Use of Language about God as Creator (The Library of Philosophy and Theology). Un vol. 22x14 de 293 pp. London, S.C.M. Press, 1963. Prix: relié 35 s.