La problématique morale de l'opinion dans le «Gorgias» de Platon
Le problème moral, écrivait jadis Kobin, est le « problème total de la philosophie » de Platon (1). L'examen de l'opposition épistémolo- gique entre la pisteutikè et la didaskalikè dans le Gorgias (2) semble bien, à l'intérieur des limites de ce dialogue, confirmer les vues du savant platonisant français. Le Socrate platonicien, d'abord attentif à définir devant Gorgias la nature de la rhétorique, révèle progressivement la dimension morale du problème dans les rapports nombreux qu'il s'applique à établir d'une part, entre la rhétorique, l'injustice, la vie malheureuse, le plaisir et l'opinion, d'autre part, entre la philosophie, la justice, la vie heureuse, le bien et la science. Le Gorgias nous apparaîtra dès lors constiuit sur une double structure : une structure épistémologique et une structure morale. Cette double structure donne lieu aux rapports analogiques suivants :
L'étude de ces rapports nous aidera à mieux saisir ce que nous appelons la problématique morale de l'opinion. Mais auparavant, il nous faut dire un mot sur l'unité du dialogue.
(!) L. Robin, Platon, 2e éd., Paris, 1968, p. 184. (2) Gorg., 454 e 13 - 455 a 2.