BIBLIOGRAPHIE
LES EMPEREURS ROMAINS ET LEUR POLITIttUE RELIGIEUSE
Monsieur Jean Beaujeu, professeur à l'université de Lille, a conçu le projet ambitieux d'écrire une nouvelle histoire de la religion romaine à l'époque impériale. Voilà certes une initiative à laquelle on ne saurait qu'applaudir. Il y a plus de soixante ans que parurent les ouvrages classiques de G. Boissier et de J. Réville. Mais il existe un besoin urgent de reprendre ce vaste sujet, surtout à l'intention du public d'expression française. M. J. Beaujeu nous offre aujourd'hui le premier volume de cette grande synthèse. Il est consacré à la politique religieuse des An- tonins (*). L'examen des courants religieux dans le monde romain du iie siècle est réservé pour un deuxième tome.
L'objet de l'ouvrage ici examiné est, pour reprendre les termes de l'auteur, « d'analyser tour à tour l'action de chacun des empereurs dans le domaine religieux, de chercher à en déceler les tendances et les intentions, enfin de dégager les traits communs et les divergences individuelles de la politique impériale pendant la période considérée, pour tenter d'en apprécier la valeur et la portée historique » (p. 17). Cette histoire religieuse s'intègre donc dans l'histoire générale de l'époque impériale. Étudier la politique religieuse d'un empereur, c'est contribuer à une vue plus profonde des caractéristiques fondamentales de son règne.
Les empereurs romains ont-ils eu une politique en matière religieuse? La question eût mérité d'être soulevée. Tout récemment encore des savants universellement réputés ont cru pouvoir en douter (2). Je dirai d'emblée que je partage le point de vue de M. Beaujeu, d'après lequel le mode de gouvernement des empereurs, leur attitude mentale devant le problème du principat est reflétée dans leurs mesures en matière de religion (8).
(1) Jean Beaujeu, La Religion Romaine, I, La politique religieuse des Antonins (96-192). Paris, « Les Belles Lettres », 1955, 452 p. et 5 planches hors texte.
(2) A. D. Nock dans The Harvard Theological Review, 1952, p. 223 : « The short and misguided attempt of Elagabalus to establish the primacy of his own Elagabal was unique. Otherwise it is hard to see a deliberate positive religious policy between Augustus and Aurelian ». Dans le même sens W. Seston, dans Revue Historique, 1954, p. 421.
(3) Je me permets de renvoyer ici à quelques publications où j'ai essayé de montrer le bien fondé de ce point de vue : La politique « apollinienne » d'Auguste et le
