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Vulfran, clerc palatin, moine de Fontenelle, évêque métropolitain de Sens

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Fait partie d'un numéro thématique : Histoire – Geschiedenis
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Vulfran, clerc palatin, moine de Fontenelle, évêque métropolitain de Sens

À Alain Dierkens, en souvenir de nos studieuses et amicales pérégrinations à Fontevraud, Echternach, Mayence et autres lieux

Stéphane Lebecq

Professeur émérite d’histoire médiévale, université de Lille

Vulfran est un saint originaire de Neustrie qui vécut dans la deuxième moitié du viie siècle, et qui est surtout connu pour avoir tenté de convertir le roi frison Radbod. Sa Vita, attribuée au moine Jonas de Fontenelle et éditée en 1910 par Wilhelm Levison à partir de manuscrits dont les plus anciens remontent au xie siècle (1), a été très décriée, entre autres à cause des incohérences de sa chronologie. En réalité, celles-ci proviennent du fait qu’il s’agit d’une compilation – sans doute composée au début du ixe siècle – de matériaux d’origine et de dates diverses maladroitement reconditionnés, à savoir : 1 une vita deperdita écrite vers 704 à l’occasion de la translation des restes de Vulfran d’une église à l’autre du monastère de Fontenelle (c’est sans doute elle qui a été écrite par le moine Jonas, dont la dédicace à l’abbé Bainus, promoteur de la dite translation, figure toujours en tête de l’oeuvre dans son état final) ; 2 un long témoignage sur l’expérience missionnaire de Vulfran en Frise recueilli auprès d’un certain Ovo, néophyte frison devenu moine de Fontenelle, où il mourut vers le milieu du viiie siècle ; et 3 le récit de deux miracles liés à Wandon, compagnon de mission de Vulfran, qui devint à deux reprises abbé de Fontenelle au cours du viiie siècle, d’abord dans les années 710, ensuite dans les années 740 (2).

Après m’être longuement penché sur ce que la Vita dit de la mission de Frise (3), et qui mérite à mon sens d’être reconsidéré – une fois prises les

(1) Vita Vulframni episcopi Senonici [ bhl 8738], Wilhelm Levison, éd., dans mgh ss rer. Merov., 5, Hanovre-Leipzig, Hahn, 1910, p. 657-673. Cette édition repose sur une douzaine de manuscrits des xie-xiiie siècles, dont le plus ancien est celui du Havre, contenu dans le Maius Chronicon Fontanellense du xie siècle, dont il occupe les folios 62 à 71 (ms. 332 [ A 34]). (2) Voir Stéphane Lebecq, «Vulfran, Willibrord et la mission de Frise : pour une relecture de la Vita Vulframni » , dans Michel Polfer, éd., L’évangélisation des régions entre Meuse et Moselle et la fondation de l’abbaye d’Echternach (ve-ixe siècle). Actes des 10es Journées lotharingiennes, 28-30 octobre 1998, Luxembourg, Linden, 2000 (Publications de la Section historique de l’Institut grand-ducal de Luxembourg, cxvii ; Publications du Cludem, 16), p. 429-452. (3) À l’article cité supra, on ajoutera Stéphane LEBECQ, «Le baptême manqué du roi Radbod » , dans Odile Redon & Bernard Rosenberger, éds, Les Assises du pouvoir. Temps médiévaux, territoires africains. Mélanges Jean Devisse, Vincennes-Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 1995, p. 141-150 ; ID., «Mission de Frise et tradition orale : retour à la Vie de Vulfran » , dans Sylvain Gouguenheim & Monique Goullet, éds, Retour

Revue belge de Philologie et d’Histoire / Belgisch Tijdschrift voor Filologie en Geschiedenis, 95, 2018, p. 555-568

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