Jean Greisch, L'Arbre de vie et l'Arbre du savoir. Le chemin phénoménologique de l'herméneutique heide g géhenne (1919-1923) (Passages). Un vol. 23,5 x 14,5 de 335 pp. Paris, Éditions du Cerf, 2000. Prix: 195 FF.

La publication en Allemagne des cours de Fribourg-en-Brisgau (1919-1923), publication en cours depuis une dizaine d'années, permet de jeter une lumière nouvelle sur l'horizon de pensée du jeune Heidegger et de retracer, pour calquer le titre de Kisiel, la genèse d'Être et Temps. Bien qu'aucune étude comparable à celle de Kisiel n'ait encore été écrite en langue française, le lecteur francophone a maintenant à sa disposition deux recueils consacrés au jeune Heidegger. Le premier, paru chez Vrin en 1996, rassemblait le texte des conférences tenues à Paris en 1994 sur le thème Heidegger 1919-1929. De l'herméneutique de la facticité à la métaphysique du Dasein. Le second, publié récemment, est l'œuvre de Jean Greisch, auteur bien connu pour ses nombreuses publications portant sur l'herméneutique et sur Heidegger. Bien que son titre énigmatique ne le révèle pas d'emblée, L'Arbre de vie et l'Arbre du savoir est en effet un recueil de textes, inédits ou publiés entre 1994 et 1997, portant sur Les racines phénoménologiques de l'herméneutique heide ggérienne (1919-1923), comme le précise le sous- titre du livre. L'A. a remanié ses textes de manière à offrir une présentation plus unifiée, et l'ordre de présentation des articles suit la chronologie des cours de Heidegger. Ce livre n'a pas été expressément conçu pour présenter systématiquement le contenu de chacun des cours du jeune Heidegger; chaque chapitre aborde un thème précis et ne prétend pas offrir une explicitation intégrale des cours. Mais à ce jour, il s'agit néanmoins de l'ouvrage le plus complet à être paru en français sur la période de jeunesse de Heidegger, période qui reste encore largement inexplorée.

Comme le souligne l'A., le fil directeur de ces cours du jeune Heidegger est un questionnement portant sur l'idée même de la philosophie. Il faut bien apercevoir qu'il s'agissait moins, pour Heidegger, de répondre à la question «qu'est-ce que la philosophie?», qu'à la question socratique: «qu'est-ce que vivre philosophiquement?» (p. 294). En effet, selon le jeune Heidegger, cette question ne vise pas l'obtention d'une définition portant sur le contenu de la philosophie, mais la détermination de ce que constitue le philosopher comme tel, et donc, d'une