Emmanuel Legeard

En 600 av. J.-C., les Bituriges, « rois du monde », dominent la Celtique sous l’autorité d’Ambigat. Leur territoire est uni par le contrôle des bassins versants de la Loire et l’occupation d’une grande clairière céréalière, la Champagne, cernée par les forêts. Le chef-lieu est Avaricum, que Vercingétorix choisira pour venir à bout des légions de César. L’issue est tragique. Malgré Gergovie, la Gaule devient romaine. Commence alors l’histoire du Berry, qui sera pendant 1700 ans le théâtre d’événements majeurs. Parce que le Berry n’a jamais été une province, son destin se fond dans le roman national. Pourtant, c’est en Berry que s’effondre l’Empire romain. C’est en Berry qu’après la double trahison d’Aliénor se joue l’unité de la France. C’est en Berry que Charles VII assure la survie du royaume quand il est chassé de Paris. De Bourges, le duc Jean fait rayonner le gothique international. Puis la seconde renaissance du droit illumine l’Europe des humanistes. C’est sur le Berry que Sully compte pour exalter sa gloire, en Berry que Condé organise la Fronde. Le Berry s’étiole ensuite, et la Révolution l’effacera des cartes. Mais en 1913, le Grand Meaulnes le fait entrer dans la littérature mondiale comme ce paradis perdu, bordé de bois et d’étangs, qui s’est à jamais retiré du temps.

« Si quelqu’un a jamais eu un projet intellectuel, c’est bien Emmanuel Legeard. M. Legeard assurément refuse ce que Balzac appelle l’idémisme. Il ne fait pas comme les autres, et s’il multiplie et utilise pleinement les références critiques (Walter Benjamin, par exemple), il poursuit une démarche personnelle. Sa thèse est constamment originale, inventive. Là encore, si M. Legeard surprend parfois, c’est par des options qui ont le mérite de déranger nos habitudes. Certaines distinctions très pertinentes sont mieux que prometteuses. Tout est dominé par la question de la modernité, qui est peut-être, mieux encore, si l’on peut risquer ce néologisme, la question de la modernéité. La thèse de M. Legeard est marquante par sa force et son originalité. »
- P. Brunel, Commentaire

https://www.germigny.com/jean-wirth-debats-autour-dun-portail La publication de Germigny-l'Exempt ou les trois deniers de Gaspard a donné lieu à un échange serré et de qualité avec Jean Wirth depuis septembre 2022. J'ai cru utile à tous d'en partager ici la teneur à cause d'abord de la compétence exceptionnelle de Jean Wirth dont nul n'ignore qu'il est l'un des plus éminents spécialistes au monde de l'iconographie religieuse du Moyen Âge.

Analyse du siège de Germigny-l'Exempt par Louis VI le Gros, événement à l’origine de Notre-Dame de Germigny-l'Exempt comme édifice. Comment l'interprétation attentive des expressions de Lucain puisées par Suger dans La Pharsale et les descriptions qu'il donne dans la Vita Ludovici Grossi suggèrent les rapports réels entre les protagonistes du siège et leurs mobiles véritables.

Analysis of the siege of Germigny-l'Exempt by Louis VI le Gros, the event at the origin of Notre-Dame of Germigny-l'Exempt as a religious building. We show how the careful interpretation of the expressions drawn by Suger from Lucan’s Pharsalia and the descriptions the abbot of Saint-Denis gives in the Vita Ludovici Grossi contribute to unveil the real relationships between the protagonists of the siege and their true motives.

Analyse der Belagerung von Germigny-l'Exempt durch Louis VI le Gros, das Ereignis am Ursprung von Notre-Dame von Germigny-l'Exempt als religiöses Gebäude. Wir zeigen, wie die sorgfältige Interpretation der von Suger aus Lucans Pharsalia gezogenen Ausdrücke und die Beschreibungen des Abtes von Saint-Denis in der Vita Ludovici Grossi dazu beitragen, die wahren Beziehungen zwischen den Protagonisten der Belagerung und ihre wahren Motiven zu enthüllen.

According to Carl Schmitt’s concept of the political, the specific distinction to which political actions and motives can be reduced is that between friend and enemy. In the Middle Ages, Peter the Venerable (1092-1156), the abbot of Cluny, was the first to conceive the Church as a spatial entity surrounded and contrastively shaped by the nature of its assailants: Jewish, Muslim, and heterodox religious competitors. From then on, the Ecclesia perceived and established itself as a fortress constantly under siege, but interiorly illuminated by the Sapientia, the inner light of the Holy Spirit. At the same time, the « true social mutation of the year 1100 » (D. Barthélemy) that transformed the old religion based on the cult of relics into the sacramental «religion of new times» began to narrow the acceptation of the word Ecclesia to the clerical elite who had the power to invoke the Holy Spirit in the sacrament of the Eucharist. Through the Eucharist, the communicant was taken into Christ’s mystical body and took part of the supernatural society of the Church. The devil, therefore, was identifiable in all his disguises by his constant blasphemy against the Incarnation of Christ, which is the raison d’être of the Fortress Church, and the condition of possibility of the Eucharist, and therefore of Christian society. At Saint-Gilles du Gard (ca.1160-70), Notre-Dame de Laon (ca.1190-1205) and Notre-Dame de Germigny (ca.1215), I propose that the  Incarnation  tympana  with  their  claim  of  kinship  to  authoritative  Antiquity  («1200  style»)  emerged  and  resurfaced  as  a  key,  but  ephemeral, composition translating this ideology in the transition between Romanesque and Gothic.

Quand on connaît un sujet très à fond, on est généralement le plus mal placé pour en parler simplement. Et cependant, il arrive aussi qu'on soit le seul à pouvoir le faire, et qu'il faille donc se plier à cet exercice ingrat-car il est difficile et insatisfaisant-dès lors que des valeurs et des principes supérieurs sont en jeu, comme la défense et l'illustration du patrimoine. De fait, aussi effarant que cela puisse paraître, il est exact-ainsi que je vais immédiatement le prouver-que personne jusque-là n'avait jamais réellement travaillé sur Germigny, ce qui rend ce patrimoine éminemment vulnérable. Plus préoccupant encore : tout le monde semble s'autoriser à en glisser périodiquement un mot, alors que depuis cent ans, aucun historien ou historien de l'art-exception faite de Gilberte Vezin 1 (vers 1945) et de Willbald Sauerländer 2 (en 1965)-n'est jamais venu voir l'église en personne. "Sur Germigny, on n'a vraiment écrit que des sottises abyssales" (W. Sauerländer)

Jean-Pierre Egger, directeur de la Haute Ecole des Sports de Macolin, présente le 3/7, méthode inventée par Emmanuel Legeard pour l'entraînement de la lanceuse Valérie Adams, qui remportera par la suite deux médailles d'or aux Jeux OLympiques, comme la "meilleure méthode disponible de renforcement musculaire"

Appliquons-nous à examiner dans le détail, preuves à l'appui, quelle fut l'attitude d'Auvity sous l'Occupation. Le 16 janvier 1942, puis le 4 décembre, Auvity publie dans la Semaine catholique de Mende deux adresses aux fidèles de son diocèse. L'une est intitulée « Nos devoirs vis-à-vis du pouvoir civil », l'autre « Le devoir des catholiques ». Les deux textes martèlent qu'un bon catholique doit montrer une « fidélité loyale et dévouée au chef de l'État » : « les sujets ont le devoir de se soumettre à toute autorité légitime, puisque l'autorité légitime vient de Dieu... Les Français ont le devoir strict de lui (Pétain) obéir et de lui marquer fidélité »[1] Seulement voilà, entre ces deux dates du 16 janvier 1942 et du 4 décembre 1942, un événement capital s'est produit qui a bouleversé la situation. Le 11 novembre 1942, les Allemands ont envahi la zone libre. Le 27 novembre 1942, la flotte française s'est sabordée à Toulon. L'armée de Vichy été dissoute sur l'ordre de Hitler. L'École des cadres d'Uriage est supprimée. La situation est telle qu'il est désormais interdit de se payer d'illusions quant au « Maréchal, bouclier de la France » : Pétain n'est plus, de fait, qu'un fantoche, une « marionnette des nazis » (Jocelyn Bézecourt), à tout le moins leur otage. C'est le IIIe Reich qui commande, et Pétain le reconnaît lui-même : il n'a plus son mot à dire. Quand donc Auvity, dans ces circonstances dramatiques, enjoint aux fidèles de faire preuve d'une loyauté sans faille à l'égard du gouvernement, tout bas de plafond qu'il puisse être, il ne l'est tout de même pas assez pour ignorer qu'il ordonne en fait de se mettre directement au service de la Gestapo.

https://www.germigny.com Presentation by the newspapers : "In 2015, Emmanuel Legeard was the first to focus on the military siege of the town of Germigny l'Exempt by King Louis VI le Gros of France. No one had ever studied this siege in a thousand years, which is likely to come as a surprise given the incredible number of studies produced on the Middle Ages and the feudal era. It seems that priorities lay elsewhere. In any case, Emmanuel Legeard has now published the results of his seven years' research in peer-reviewed scientific journals, and with Parisian publishers. He presents his conclusions in this conference."

https://cercle-k2.fr/etudes/le-patrimoine-au-peril-des-regions Quand le général Jean-Pierre Meyer m'a aimablement proposé de donner au K2 une tribune, j'étais précisément en train de mûrir pour moi-même une réflexion inspirée par la conférence du 16 septembre 2022 à Paris où l'on m'avait convié à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine parce que mon livre sur Germigny venait à peine de sortir. A la fin de cette conférence, le dialogue avec le public étendu aux questions générales m'a permis de constater une chose préoccupante: on ne sait plus ce qu'est un monument historique. Quelle est la signification d'un monument historique, quel est son statut, en quoi monument historique et patrimoine recouvrent-ils des idées différentes, voici tout ce qu'il fallait éclairer, et bizarrement même face à deux fonctionnaires, fort sympathiques d'ailleurs, du ministère de la Culture. La grande question qui suscite l'inquiétude et qui devrait occuper tous les esprits, c'est comment attendre du public qu'il comprenne et défende son propre patrimoine si le concept même lui est devenu inintelligible ? Surtout: le patrimoine est-il condamné quand il est écarté des métropoles qui focalisent toute l'attention ? Ce grave problème, qui donne du souci à quelques-uns d'entre nous, méritait justement d'être abordé. Nous nous limiterons ici au cas des églises classées.