La théorie de l'Etat 499
XXV LA THÉORIE DE L'ÉTAT
Nous avons présenté aux lecteurs de la Revue néoscolastiqùe (février 1930, pp. 83-9 1 ) le premier volume du Traité général de l'Etat : essai d'une théorie réaliste de droit politique, publié en 1929 par M. Marcel DE LA BlGNE DE VILLENEUVE. Nous avons essayé de dire tout le bien que nous en pensions. L'auteur poursuit son œuvre dans un tome II qui vient de paraître (Paris, Librairie du recueil Sirey, 1931) ; il la parachèvera dans un tome troisième.
Après une longue étude des faits et des théories magistralement menée au cours du premier volume, M. Marcel de la Bigne de Villeneuve était arrivé à cette conclusion : « que l'Etat est un centre d'attributions et d'opérations politique et juridique, une personne morale si l'on tient à ce terme, titulaire d'une puissance qui, dans son domaine propre, doit être dite définitive et suprême : souve^ raine ». Se posent maintenant : d'abord la question de savoir quelle est « la nature du gouvernement », c'est-à-dire de l'institution dans laquelle s'incarne ce pouvoir souverain, puis le problème « des formes du gouvernement et des modes de dévolution de l'autorité
publique ».
* * «
La première question appelle l'examen de quatre conceptions :
1. Le gouvernement-seigneurie et la représentation à base corporative, système qui a fonctionné longtemps, qui se recommande de son réalisme, de sa logique, de son efficacité, fondé qu'il est sur un mandat limité et impératif, sur une représentation à base de compétence, mais une représentation purement consultative, le souverain ayant seul le pouvoir de décision parce qu'incarnant l'intérêt général.
2. Les systèmes démocratiques, formés d'éléments empruntés à l'ancienne constitution anglaise — où d'ailleurs ils étaient heureusement corrigés — en même temps que d'éléments fournis par la philosophie française du XVIIIe siècle. Ces systèmes, à base d'individualisme et d'égalitarisme, triomphent avec la Révolution française, s'imposent au XIXe siècle avec des caractères radicalement
