88 P. Le Guichaoua

VI.

A PROPOS DES RAPPORTS

ENTRE LA MÉTAPHYSIQUE THOMISTE

ET LA THÉORIE DE LA CONNAISSANCE.

Depuis Descartes, toute philosophie veut partir du moi et prétend que, pour sortir du subjectivisme, il faut encore partir du subjec- tivisme. V. Cousin, par exemple, au xixe siècle, a voulu établir par la méthode psychologique les principales affirmations de la métaphysique. Taine a exécuté du système une critique qui, pour le sort de la métaphysique elle-même, n'a que trop bien réussi 1).

M. Lachelier a renouvelé la tentative sur une base nouvelle : il s'établit dans l'idéalisme et analyse les conditions du jugement pour trouver le ressort du monde ; il découvre ainsi que tous les phénomènes se ramènent à la volonté, et que la pensée rationnelle est la pensée de l'être qui se construit elle-même 2).

M. Rousselot, disciple fervent de saint Thomas, voudrait relier à cet état d'esprit la grande synthèse scolastique. Lui aussi veut trouver, dans les conditions de la pensée, les principales réalités métaphysiques, l'âme et Dieu. 11 y a consacré un brillant article dans la Revue Néo-Scolastique 3).

Nous voudrions examiner si la position qu'il a choisie est suffisamment nette et précise ; nous rechercherions ensuite si elle est bien conforme à la psychologie thomiste, et s'il est vrai qu'elle promette une heureuse rénovation aux preuves de l'existence de Dieu.

I.

Voyons tout d'abord où en arrive M. Rousselot.

Il ne veut point supprimer les arguments classiques de l'existence de Dieu, mais éclairer leur fondement commun. « Abandonnez-vous, s'objecte-t-il à lui-même, les anciennes preuves qui