CHRONIQUE

In memoriam Stephan Strasser

Sa dernière préoccupation sinon son souci dernier était d'assurer la publication de l'ouvrage dont il était parvenu à achever la rédaction. Lorsqu'en février 1991 son médecin lui annonça que sa maladie allait empirer plus rapidement que prévu, il mit tout en œuvre pour réaliser ce projet, convaincu qu'il était que ceux qui l'aideraient à cette tâche recevraient un jour la reconnaissance (Dankbarkeit) du monde des philosophes. En mars la direction de la collection «Phaenomeno- logica» lui fit part de l'accord officiel de son comité de rédaction et de l'éditeur.

Stephan Strasser est mort le 1er juillet 1991 à Nimègue. Welt im Widerspruch. Gedanken zu einer Phànomenologie als ethischer Funda- mentalphilosophie (vol. 124 des «Phaenomenologica») a été remis à sa veuve et ses enfants lors d'une cérémonie officielle à Nimègue le 20 décembre 1991 par le Prof. S. IJsseling, président de la collection.

Dans l'introduction (1954) à une de ses publications les plus réputées, à savoir Das Gemut, il écrit, après le sous-titre «Pensées fondamentales pour une philosophie phénoménologique et une théorie de la vie affective de l'homme»: «Ma méthode repose sur trois principes : la phénoménologie, la vision de la totalité et l'intentionalité analytique». Ainsi est donné le fil conducteur que Stephan Strasser s'est assigné et dont il ne s'écartera jamais. Partant de Husserl, — il est l'éditeur des Cartesianische Meditationen und Panser Vortràge, le premier volume des «Husserliana», — Strasser suit de très près toute la philosophie contemporaine : ses écrits sur Mercier, Buytendijk, Merleau-Ponty, Apel, Waldenfels et surtout son livre sur Levinas l'attestent.