Couverture fascicule

Maurice Blanchot, Après coup. Précédé par: Le Ressassement éternel

[compte-rendu]

Année 1986 63 pp. 420-421
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420 Comptes rendus

Un vol. 19 x 14 de 100 pp. Paris, Editions de Minuit, 1983. Prix: 38 FF.

«J'abomine les préfaces issues même de l'auteur ...»: cette citation de Mallarmé ouvre le court texte de Blanchot intitulé Après coup qui sert d'exergue à la réédition des deux récits anciens constituant Le Ressassement éternel. Ce n'est pas sans quelque réserve ni quelque répugnance que Blanchot, on s'en doute, se livre à cet exercice périlleux qui consiste pour un «auteur» (cf. sur ce terme lui-même p. 86) à présenter ou (re)lire ses propres textes : «Jamais tu ne sauras ce que tu as écrit, même si tu n'as écrit que pour le savoir» (p. 85). «L'écrit, toujours impersonnel, altère, congédie, abolit l'écrivain en tant que tel ...», souligne Blanchot avant de passer outre au Noli me légère, cette «défense qui s'est toujours déjà laissé transgresser» (p. 89). Mallarmé même, Kafka, ou Bataille ont à leur manière succombé, tel Orphée se retournant vers Eurydice, à cette tentation de «s'assurer qu'il y a bien quelqu'un de beau qui le suit, plutôt qu'un simulacre futile ou un néant enveloppé de mots vains» (p. 89).

«L'idylle» et «Le dernier mot», «textes innocents où retentissaient les présages meurtriers des temps futurs» (p. 92), sont âgés d'une cinquantaine d'années. La lumière que jettent sur eux les quelques pages que Blanchot leur consacre est celle, ambiguë, de l'énigme.

Du texte intitulé «Le dernier mot», dans lequel c'est le cauchemar d'apocalypse, l'effondrement total, qui atteint de plein fouet le lecteur, Blanchot rappelle qu'il fut composé pendant l'élaboration de Thomas l'Obscur et fut en quelque manière «une tentative pour court-circuiter l'autre livre en cours» (p. 93). C'est un merveilleux «aide-mémoire» que Blanchot nous procure en une quinzaine de lignes à peine en récapitulant avec beaucoup d'art et de force suggestive les thèmes de ce texte concis et dense qui «a pour trait principal de raconter, comme ayant eu lieu, le naufrage total, dont le récit lui-même ne saurait en conséquence être préservé ...», à moins qu'il ne se veuille «prophétique», «disant ce qu'il y a toujours quand il n'y a rien : soit l'il y a qui porte le rien et empêche l'annihilation pour que celle-ci n'échappe pas à son processus interminable dont le terme est ressassement et éternité» (p. 94).

«L'idylle», texte qui évoque irrésistiblement le monde de Kafka, peut lui aussi paraître «prophétique», mais la connaissance d'événements ultérieurs dont sa lecture ne peut que rappeler le souvenir «n'éclaire pas, mais retire la compréhension au récit ...» (p. 94). Impossible en effet au lecteur d'aujourd'hui de ne pas évoquer Camus quand ces mots «l'étranger» se répètent inlassablement, dans leur violence, tout au long de «L'idylle». Impossible surtout de ne pas songer à la barbarie de

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