Albert le Grand et la « Philosophia pauperum »

M. Birkenmajer estimait, en 1924, que la controverse relative à la Philosophia pauperum, œuvre attribuée depuis longtemps à Albert le Grand, s'était développée, pendant les vingt années précédentes, sous une mauvaise étoile *. Il est vrai que cette question d'histoire littéraire est passée par des phases laborieuses, mais il semble maintenant que l'on est proche de la solution finale. On ne peut plus douter de l'authenticité de l'ouvrage. Par contre, me semble-t-il, on ne peut accepter la dernière décade de la vie d'Albert (1270-1280) comme date de composition, ainsi qu'on l'a proposé.

En présentant deux nouveaux manuscrits de la Philosophia pauperum, M. Harrison Thomson fait précéder sa description d'un bref historique des positions prises successivement par une douzaine d'auteurs touchant la question de l'authenticité 2. Je n'ai pas à reprendre cet exposé. Je me contente de signaler les moments principaux par lesquels est passée la question.

Au début du XVIIIe siècle le P. Jacques Echard avait accepté l'authenticité de l'ouvrage sur la foi d'un manuscrit parisien qu'on possède encore 3.

En 1913, M. Dyroff a mis en avant le nom d'Albert de Saxe comme l'auteur d'une compilation des naturalia d'Albert le Grand4.

En 1918, Mgr Grabmann change l'orientation du problème en