IV.

ROGER BACON

ET

LA COMPOSITION DES TROIS « OPUS ».

En tête du catalogue des écrits de Roger Bacon, qu'il a essayé de dresser, A. G. Little rappelle, avec raison, le mot de l'ancien bibliographe anglais Leland : « On rassemblerait plus aisément les oracles de la Sybille que les titres des ouvrages de Roger Bacon » l). Les critiques et les historiens qui se sont occupés de Bacon, n'ont pas cherché à expliquer les causes de l'état chaotique dans lequel se présente à nous son héritage littéraire. Le problème a pourtant son importance et, mieux compris sinon résolu, il garderait les erudits de fâcheuses méprises. Cherchant à projeter quelque lumière, dans les pages qui suivent, sur la question encore obscure de la composition des trois Opus, il ne nous paraît pas superflu de signaler ici les causes qui rendent si difficile une classification des écrits de Roger Bacon,

Une première cause, la principale, c'est l'état du savoir de notre philosophe. Bacon n'est pas arrivé à se faire une idée nette de la classification des sciences et de leur vrai rapport de dépendance les unes des autres 2). Pareillement il ne saisit pas suffisamment l'objet propre, c'est-à-dire