XIV

Sur la correspondance du logique et du réel

On se propose, dans cette étude, d'examiner, d'un point de vue purement épistémologique; quelle correspondance il est possible ou nécessaire d'admettre entre le logique et le réel, celui-ci étant supposé donné et connaissable, en quelque mesure du moins. La question, en effet, n'aurait aucun sens dans une philosophie qui ne mériterait pas, à quelque point de vue, si restreint fût-il, l'épithète de réaliste. Il serait simplement absurde, — la chose est par trop claire, — de se demander si la représentation que nous nous faisons du réel répond en quelque façon aux conditions de celui-ci, au cas où nous jugerions que la réalité n'est qu'un vain mot ou que, de toute nécessité, elle doit demeurer totalement en dehors des prises de notre connaissance.

D'autre part, il serait superflu d'essayer, en ces pages, de déterminer la manière précise dont cette connaissance est susceptible d'atteindre en fait le réel. Faisant abstraction des différences de doctrine très profondes, qui séparent à ce sujet les écoles philosophiques, on ne retiendra que cette donnée commune à toutes celles qui ne professent point un agnosticisme ou un idéalisme radical : il y a un certain réel ; l'homme en a une certaine connaissance et il peut savoir que cette connaissance atteint ce réel. Encore faut-il entendre ici le mot connaissance dans le sens le plus général