Lettres d'Henri Bergson à Gaston Milhaud
Danielle Milhaud-Cappe, Anastasios Brenner (*)
Présentation
Par Danielle Milhaud-Cappe
II est fréquent que ce qui nous est intime nous soit aussi le plus mal connu. Ainsi en est-il de la vie et de la pensée de Gaston Milhaud (1858- 1918), ce grand-père disparu vingt-cinq ans avant ma naissance. Il fut cependant présent pour moi, à la maison, sous une forme bien concrète : celle du grand bureau noir dont avait hérité mon père (Gérard Milhaud, 1908-1990), lui-même mathématicien et philosophe. Je vis ce dernier durant toute mon enfance, traduire la correspondance de Descartes sur l'établi paternel (1). Il se trouve que les recherches d'Anastasios Brenner l'ont conduit jusqu'à la petite-fille de Gaston Milhaud lui offrant ainsi l'occasion d'un retour aux sources ; je tiens à lui en exprimer ma profonde reconnaissance (2).
Cinq lettres manuscrites de la main d'Henri Bergson se trouvaient en ma possession. Elles ont emprunté le chemin d'une vocation philosophique familiale inaugurée par Gaston, avec le relais de mon oncle Jean, non philosophe de formation (3), en vérité, mais que son admiration pour son père et son intérêt pour l'histoire des sciences prédestinaient à veiller
(*) Danielle Milhaud-Cappe, Université de Paris I - Panthéon-Sorbonne, UFRlO, 17, rue de la Sorbonně, 75005 Paris. Anastasios Brenner, Université Paul-Valéry, Département de philosophie, route de 34199 Montpellier Cedex 5.
Mende,
(1) Descartes : Correspondance, par Charles Adam et Gérard Milhaud, t. I à VIII (Paris : Félix Alcan, 1936-1963). (2) Je remercie également le Pr Denis Kambouchner qui se trouve à l'origine de cette rencontre. (3) Jean Milhaud (1898-1991) eut une carrière originale dont il trace le parcours dans des livres autobiographiques. Polytechnicien, il fonda la Cégos (contraction de la CGOST ou Commission générale d'organisation scientifique du travail, version française du scientific management).
Rev. Hist. Sci., 2004, 57/2, 475-493
