Couverture fascicule

Pierre Magnard, Le Dieu des philosophes

[compte-rendu]

Année 1993 91 pp. 509-510
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Pierre Magnard, Le Dieu des philosophes (Philosophie européenne). Un vol. 24 x 16 de 334 pp. S.I., Éditions Marne — Éditions universitaires, 1992.

Sous ce titre l'auteur expose, avec la plus grande largeur de vues, l'histoire de ce qu'il appelle «la fonction dieu». Le mot «dieu» joue un rôle eminent dans la plupart des systèmes. Même les penseurs qui disent exclure ce «dieu» ne peuvent pas éviter de se définir par rapport à lui. Ainsi, Heidegger: «Dépassée nous semble alors la querelle autour de l'ontothéolo- gie...»; en effet, l'énoncé même passe à côté des pensées réelles, puisque «ontothéologie», c'est la distinction radicale à' «esse» et d'«ens», et, ainsi, la négation de toute détermination intelligible (posée par la raison humaine). Magnard juge bien: «Heidegger posait mal le problème quand, dénonçant la promotion d'un être qui ne serait, selon lui, qu'un étant parmi les étants, il demandait si la philosophie chrétienne n'était pas du fer peint en faux bois, tout comme on le pose à dessein de façon non pertinente quand on cherche à penser 'dieu sans l'être'».

Alain plaçait Dieu comme pure idée, donc irréelle, couronnant l'édifice culturel. Plus ou moins ouvertement, il en va de même pour la plupart des penseurs étudiés ou évoqués dans ce livre, qui est alors une histoire générale de la pensée humaine, vue dans les diverses synthèses produites au cours des siècles. Non que l'exposé soit disparate: une idée directrice organise les analyses.

Cette idée, c'est 1 'eminence rationnelle atteinte, soit dans la mystique (Maître Eckhart), soit dans la spéculation, avec l'infinitif. Ce mode (xô àna- péu(paxov) «ne se rapporte ni à un sujet, ni à un prédicat; il ne donne lieu à aucune attribution, ni n'est facteur d'aucune désignation; non indicatif, il fait abstraction de la personne, du temps et du nombre: bref, il traduit une activité indéterminée, infinie et absolue...». L'obscurité envahit dès lors qu'on fait de cet infinitif une substance (dire «/'être», au lieu de dire «être»); c'était déjà le mur du Parménide: l'un qui est, est, parce qu'il participe à l'oôaia (à l'étance); participation de type platonicien, à une essence; être se volatilise («ici, Pierre Hadot nous a précédé non sans un certain bonheur»).

Notons que le texte de la Septante (qui date à peu près du IIIe siècle), utilisé par le Nouveau Testament — èyœ eïui ô <»v, — donne la révélation de Dieu: «Qui est» m'envoie vers vous... Et saint Thomas souligne que le nom est alors incommunicable: c'est le tétragramme sacré, imprononçable, le nom propre de Dieu (la, Q. 13, a. 9 et a. 11 ad lm). — II n'y a donc qu'un seul nom possible, et nous ne le possédons pas; cependant en lui s'identifie tout ce que nous attribuons, ajuste titre, selon notre raison; nous touchons là le mouvement vers ce pôle d'identification d'essence et d'être

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