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Les textes et leur évolution
Instituée en 1846, V École française d'Athènes est un établissement sans professeurs ni élèves1. C'est que l'appellation remonte à la fondation même de l'institution, d'abord conçue comme une « École de perfectionnement »2 ; puis, « pendant cinquante ans, la pupille de l'Académie, se dégageant de l'idée d'École, avait marché vers l'idée d'institut »3 : mais ce fut une marche hésitante, que contrarièrent les aléas de la politique, mais aussi les projets, les conceptions, voire les ambitions contraires des uns et des autres.
Le cap enfin fixé au tournant du siècle, elle ne sut pour autant renoncer tout à fait à la mission de formation inhérente à son statut d'établissement d'enseignement supérieur : elle s'efforça simplement de lui donner une autre dimension.
I. De « l'Ecole de perfectionnement » à l'institut de recherche et de formation : un établissement en quête de sa mission
Une naissance difficile
N. de Salvandy, alors ministre de l'Instruction Publique, pouvait évoquer les « obligations de toutes les nations civilisées, et particulièrement de la France, envers l'Antiquité grecque »4, J.-D. Guigniaut, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, pouvait, non sans raison, voir dans la fondation de l'École « la conséquence éloignée, mais légitime, de l'intervention de la France dans la lutte glorieuse de l'indépendance grecque »5, Th. Homolle y discerner l'effet « de deux révolutions, l'une politique, l'autre littéraire : la révolution grecque et la révolution romantique », de façon très pragmatique et plus immédiate, on fit aussi de l'institution l'un des éléments d'une politique animée par le bouillant Th. Piscatory, qui dirigeait alors la Légation française à Athènes, et destinée à s'attirer la faveur des classes cultivées au détriment de l'influence anglaise6.
DOMINIQUE MULUEZ — LES TEXTES ET LEUR ÉVOLUTION